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Quand LA TUNISIE se relèvera-t-elle ?

Après deux attentats visant des étrangers, le nombre de touristes devrait baisser d'environ 30 % en 2015. La sécurité reste un préalable pour voir revenir les Européens, un retour qui prendra du temps.

Le 26 juin dernier, un étudiant de 23 ans, Seifeddine Rezgui, ouvrait le feu sur une plage de Port El Kantoui, près de Sousse, en Tunisie. Bilan : 38 morts et 39 blessés. Un coup d'arrêt pour la saison, déjà fragilisée par l'attentat au musée du Bardo de Tunis, le 18 mars. Mais au-delà de cela, c'est l'avenir du secteur touristique qui est remis en question, car les problèmes de sécurité, d'image et d'offre ne se régleront pas en quelques mois. En 2010, la Tunisie affichait 6,9 millions de touristes, un record. Mais en 2011, les révolutions arabes ont entraîné une baisse des entrées de 30 %, avant un rebond progressif jusqu'à 6 millions de touristes en 2014. Les attentats de 2015 ont fait retomber cet élan. Plusieurs pays européens, comme le Royaume-Uni ou la Belgique, ont appelé leurs ressortissants à quitter la Tunisie, et jusqu'à présent leur conseillent d'éviter tout voyage « non essentiel ». La plupart des grands voyagistes ont suspendu leurs ventes jusqu'à début 2016, notamment Costa Croisières, Thomas Cook ou des filiales de TUI, comme Jetair, Thomson, First Choice et Marmara. Club Med vient quant à lui d'annoncer la fermeture de son village de Djerba cet hiver.

Peu de visibilité sur l'arrière-saison

Résultat, en juillet 2015, la Banque Centrale tunisienne annonce une chute du nombre de nuitées de 76,6 % ! De janvier à fin août, la baisse des arrivées atteint 24 % par rapport à 2014. Wahida Jaiet, directrice de l'Office national du tourisme tunisien à Paris, explique avoir « très peu de visibilité sur l'arrière-saison ». Mais la saison estivale concentrant 75 % des arrivées, le bilan de 2015 devrait être à l'image de celui de 2011, avec une chute d'environ 30 % des entrées. S'il a fallu trois années au tourisme tunisien pour se remettre d'une partie des conséquences de la révolution, combien en faudra-t-il aujourd'hui ? Personne, pour l'instant, ne se risque à répondre. Mais la sécurité, réelle ou ressentie, est citée comme un élément essentiel.

Une clientèle sensible et volatile

Pour l'instant, les mesures prises par le gouvernement tunisien – armer la police touristique, ajouter 1 000 agents sur les sites sensibles, licencier des éléments suspects – n'ont pas convaincu. Le dernier rapport de l'International Crisis Group, résume : « La Tunisie réagit au jour le jour à des violences jihadistes qui se multiplient et dont l'ampleur s'aggrave, mais son appareil de sécurité intérieure est globalement dysfonctionnel. Les attentats de Tunis et de Sousse, en mars et juin 2015, et les attaques fréquentes contre la police, la garde nationale et l'armée depuis plus de deux ans, particulièrement dans les zones frontalières, démontrent la percée significative des groupes islamistes radicaux ». La Tunisie, comme la France, n'est pas à l'abri de nouvelles attaques terroristes. Indépendamment de cette réalité, c'est aussi le ressenti des touristes qui influera sur la reprise. Or, pour Wahida Jaiet, « la clientèle qui vient en Tunisie, une destination loisirs, balnéaire et familiale, est très sensible à ces questions. Il y a les médias. L'entourage pèse aussi beaucoup. Or sur ce ressenti, on ne peut rien faire ». Reste le rôle des professionnels du tourisme. En 2010, le pourcentage de Français ayant visité la Tunisie par le biais d'un voyagiste approchait les deux-tiers, contre moins d'un tiers pour le Maroc ou 10 % pour l'Espagne. Or, c'est justement cette clientèle qui est la plus sensible et volatile. Entre 2010 et 2011, le nombre de touristes français passé par des voyagistes avait chuté de près de 50 %, contre 25 % pour ceux venus en direct et des chiffres similaires sont attendus pour 2015. Au vu de ce constat, sortir d'un modèle tout balnéaire qui crée peu de valeur ajoutée, de la dépendance aux voyagistes internationaux et miser sur les clientèles moins « sensibles », notamment du Maghreb, est une bonne stratégie. Mais les moyens, pour l'instant, iront à l'urgence, le retour des voyagistes étant indispensable à court terme. 14% de la population active dépend du tourisme et comme le résumait dernièrement la ministre du Tourisme, « si le tourisme s'écroule, l'économie s'écroule ».

* Source ministère du Tourisme Tunisien.

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