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Loïc Chovelon (CRT PACA) : « La septaine en France est une catastrophe »

Pour Loïc Chovelon, patron du CRT, l’année 2021 s’annonce compliquée. Mais la région PACA s’active pour démarrer dès que possible un plan de relance coordonné avec les départements et les offices de tourisme.

L’Echo touristique : Pour commencer, quel a été le bilan de la saison 2020 pour la région PACA ?

Loïc Chovelon : On a été les premiers à lancer une importante campagne de relance dès la fin du mois de mai. C’était dès les premiers jours du déconfinement, au moment où tous les Français voulaient réserver. Le 18 mars, on a fait une réunion avec tous les ADT, les départements, les grands offices du tourisme, et on s’est dit : « On va créer un plan ensemble ». Plutôt que chacun fasse sa petite campagne dans son coin, on a rassemblé nos budgets, avec une stratégie commune et la campagne « On a tous besoin du Sud », déclinée par les 6 départements et la région. Deux millions et demi d’euros ont été investis dans l’achat d’espaces, ce qui nous a permis dès la fin mai d’avoir des spots en prime time sur TF1, France 2, France 3, le digital… Sur la période estivale, on a fait +18,3% de clientèle française par rapport à la même période l’année précédente, là où les autres régions ont fait +1,5% ou +2,3%. Après, malheureusement, elle n’a pas compensé la perte des visiteurs internationaux, notamment la clientèle lointaine qui dépense bien plus que les Français, ce qui a créé en particulier une souffrance sur l’hôtellerie de luxe. De manière globale, c’était un très bel été grâce à la clientèle française. Puis nous avons connu un grand coup de mou fin août. L’Allemagne a déterminé que toute la région Provence-Alpes-Cote d’Azur était risquée et tout s’est écroulé. Septembre, c’est le plus gros mois des Allemands, normalement, or nous les avons tous perdus.

Loïc Chovelon

Vous qui tablez beaucoup sur cette clientèle étrangère, que vous inspirent les nouvelles dispositions y compris la septaine pour de nombreux voyageurs entrant en France ? C’est une catastrophe ?

Loïc Chovelon : C’est une catastrophe ! Nous sommes plus impactés que d’autres régions en France puisqu’avec Paris, nous sommes la destination la plus internationale de France. On voit très bien que l’on ne peut pas y faire grand-chose… KLM vient d’annuler tous ses vols internationaux long-courriers, donc on repart dans une spirale négative. On reprenait progressivement un peu espoir et on voit que tout est en train de se ré-écrouler à nouveau avec cette histoire de variants, de contagions accrues et de retard à l’allumage au niveau des vaccins qui ne va peut-être pas aussi vite que ce qu’on avait tous espéré. Parallèlement, on est partis dans une stratégie offensive comme l’année dernière. On a reformé notre collectif « On a tous besoin du Sud » avec les départements, les offices du tourisme, de Nice à Marseille en passant par Avignon… On remet tous au pot commun, dans une stratégie commune. On redémarre un plan d’actions de relance qui va être prêt dans trois semaines ou un mois. On aura plus qu’à appuyer sur le bouton quand ça va repartir sur le marché France.

Selon vous, une campagne de communication est la bonne stratégie à l’heure actuelle ? Vis-à-vis notamment des hôteliers et des autres forces touristiques en présence, une campagne de marketing est-elle suffisante ? Ne faudrait-il pas, au contraire, faire pression auprès du gouvernement, au niveau des aides ?

Loïc Chovelon :  Je pense qu’il ne faut pas mélanger nos responsabilités. Moi, je ne suis pas compétent sur les mesures sanitaires. La pression sur le gouvernement, ils l’ont tous les jours. Notre président de région Renaud Muselier, également président des régions de France, « met la pression » dès qu’il peut, même auprès du Premier ministre Jean Castex… Nos gouvernants sont parfaitement au courant de la catastrophe qui existe, je pense que ce n’est pas de gaieté de cœur. Après, on apprécie ou non leurs décisions. On les accepte ou on les conteste. Mais jusqu’à nouvel ordre, ce sont eux qui gouvernent. Je ne vais pas appeler à la révolution. Ma responsabilité est que nous soyons prêts, avec le meilleur plan possible pour réactiver l’envie de venir chez nous. Notre responsabilité est de développer l’économie touristique, aider nos hôteliers, nos campings, nos hébergeurs à remplir ; aider nos musées, nos activités culturelles et tout le tissu économique du tourisme à travailler et garder nos emplois. Nous on fonce, on fonce, on fonce ! On va foncer de nouveau cette année. Pour donner deux grands chiffres, le tourisme dans notre région, c’est 13% du PIB. On est la deuxième région de France dans l’importance du tourisme pour son PIB juste après la Corse. On est aussi la première destination touristique internationale juste après Paris. Le tourisme, c’est l’un de nos deux poumons. Si le tourisme ne marche pas, on a 10% d’emplois qui dégagent…On est la deuxième région en France de l’emploi touristique juste après Paris-Ile-de-France. 

Le tourisme est l’un de nos poumons !

Que pouvez-vous dire justement aux professionnels du secteur, y compris les agents de voyages du monde entier, pour les aider ?

Loïc Chovelon : Depuis près d’un an, on n’a pas lâché d’une journée nos tour-opérateurs mondiaux – qu’ils soient américains, asiatiques, européens – en travaillant pour les aider à mieux nous vendre, et à réorienter les parcours pour éviter que tout le monde aille au même endroit au même moment. De nombreux voyagistes sont en train de complètement renouveler leur catalogue de destinations. On espère qu’ils vont encore plus nous programmer qu’avant. Evidemment, cela reste un vœu tant qu’on n’a pas d’avions… On a aussi échangé avec des tour-opérateurs et des agences de voyages françaises pour commencer à les encourager à revendre la France. Nous sommes en relation avec Lucien Salemi (EDV Provence-Alpes-Côte d’Azur, NDLR). Le problème des agences en France, c’est qu’elles vendent quasiment uniquement l’étranger, à part peut-être du Disneyland Paris… Vu qu’elles ont peu de choix (de destinations) aujourd’hui, elles pensent quand même à la France. Nous sommes aussi là pour les aider, les accompagner pour mieux vendre Provence-Alpes-Côte d’Azur auprès d’une clientèle française. En ce moment, nous avons tout un cycle de conférences et de webinaires prévus avec les agences de voyages françaises, nos agences réceptives, nos offices de tourisme et nos professionnels locaux. Il est beaucoup trop tôt pour dire que ça va marcher. Il y a toujours ce problème d’équation sur les marges. Forcément, pour un séjour en France, le client est moins prêt à payer des commissions parce qu’il pense qu’il peut l’organiser tout seul. De plus, nous n’avons pas vraiment l’habitude de vendre notre destination à des agences françaises. Mais en faisant des efforts les uns et les autres, on pense qu’il y a des produits qui vont bien marcher.

J’ai envie de vous poser une question, vous allez vous faire vacciner ?

Loïc Chovelon : Je suis assez pragmatique. D’un côté, on a une maladie qui tue. De l’autre, on a un vaccin qui sauve. Je ne suis pas suicidaire, je vais me faire vacciner.

Vous essayez de voir une reprise pour quand ?

Loïc Chovelon : Je ne suis pas Madame Irma… Il y a une semaine, j’aurais dit « c’est plutôt bien parti ». Avec cette histoire de variant, on déchante un peu… Nous préparons tout, nous verrons bien quand il est possible d’appuyer sur le bouton. Notre logique est vraiment là, dans l’anticipation. Pour que l’activité redémarre le plus vite possible.

Vous avez mentionné le ski, les mesures prises vous paraissent-elles bonnes ? Moins bonnes ?

Loïc Chovelon : Vous pouvez prendre le métro à Paris, à Marseille ou le tramway à Nice les uns contre les autres et puis vous ne pouvez pas prendre un télésiège en plein air ou bien les perches désinfectées à chaque passage. C’est incompréhensible. Je n’ai pas de vocation politique, je suis à l’opérationnel, je ne suis pas un élu, je ne vais pas polémiquer. A notre niveau c’est incompréhensible, on est extrêmement déçus et sensibles aussi parce que l’économie de montagne a peut-être été perçue notamment à Paris comme étant le fruit et le résultat de certains privilégiés français qui avaient les moyens d’aller faire du ski sauf c’est prendre les choses du mauvais côté. Ce qu’il faut voir c’est que cette économie-là fait vivre des centaines de milliers de familles qui sans ces revenus, ne vivraient pas. Ce sont pour beaucoup des agriculteurs ou des artisans dans les vallées l’été ; la plupart de leurs revenues revient de cette saison de ski. Eux, n’ont pas de travail. Souvent ils ne rentrent pas dans les critères pour être indemnisés. Je sais que mon président François de Canson et le président de région Renaud Muselier en ont parlé plusieurs fois au niveau du gouvernement et des différents cabinets ministériels pour que ces problèmes soient résolus le plus vite possible !

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