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L’euro fort profite aux TO

La hausse ininterrompue de l’euro face au dollar est plutôt une bonne nouvelle pour le tourisme émetteur et les tour-opérateurs. Ces derniers y trouvent l’opportunité de maintenir leur compétitivité et, dans une moindre mesure, d’améliorer leurs marges.

Cher euro ! En battant, le 17 mars, un nouveau record face au billet vert, à 1,5905 dollar pour un euro, la monnaie unique continue de faire le désespoir des dirigeants européens. Impuissants à endiguer sa flambée, ils ne peuvent que constater l’effet négatif de ce renchérissement sur les exportations. Dans un contexte de concurrence internationale exacerbée, la devise américaine a perdu 18 % en un an, et sa chute s’est accélérée à vitesse grand V ces derniers jours, avec une décote de… 10 % en un mois. Un vrai sujet de préoccupation à l’échelle de la planète, mais qui n’est pourtant pas une mauvaise nouvelle pour tout le monde.

Une ruée vers l’Ouest

Ainsi, le secteur touristique européen, s’il risque de pâtir d’une désaffection de la clientèle américaine, a des raisons de se réjouir pour son activité émettrice. Un euro fort gonfle en effet le pouvoir d’achat des voyageurs du Vieux Continent dans les pays de la zone dollar, et les incite au départ. Il fallait débourser plus de 10 francs pour un dollar en 2000, alors qu’aujourd’hui l’équivalent de 4,10 francs suffit. Pas étonnant dans ces conditions que les spécialistes de l’Amérique du Nord affichent quasi complets pour l’été. L’effet psychologique de l’euro fort sur l’envie de partir, notamment aux Etats-Unis, est indéniable remarque Emmanuel Foiry, président de Kuoni France. Cela fait bien longtemps que l’on n’avait pas vu Etats-Unis et Canada si bien fonctionner de concert, se réjouit également Patrice Caradec, directeur général de Vacances Transat. Les candidats au départ sont d’autant moins regardants à la dépense, voire à comparer les prix avec les saisons précédentes, qu’ils sont convaincus de faire de bonnes affaires sur place.

Une amélioration des marges

De là à penser que les TO en profitent et gonflent leurs prix, ou en tout cas ne les baissent pas (alors qu’ils pourraient répercuter sur leurs tarifs le gain de leur pouvoir de négociation), il n’y a qu’un pas… qu’il ne faut surtout pas franchir, car la réalité est autrement plus complexe. Certes, dès lors que les TO achètent en dollars pour revendre en euros, ils sont avantagés, avec des prix de revient à la baisse. Du coup, ils peuvent améliorer leurs marges. D’ailleurs, les chiffres qu’a dévoilés le Ceto cette semaine (voir p.8) confirment une embellie de la situation financière des entreprises. Pas sûr, toutefois, que le dollar bas suffise à expliquer ces performances. Car ces achats en monnaie américaine ne concernent qu’une partie de leur production, et surtout uniquement leurs achats terrestres, l’aérien se négociant en quasi totalité en euros.

La zone dollar couvre globalement l’Amérique du Nord, du Sud, les Caraïbes (incluant le Mexique, mais hors Cuba) et aussi une partie de l’Asie. Chez un généraliste, la proportion d’achats en devise américaine tourne autour de 40 % (30 % chez Jet tours, 50 % chez Kuoni, moins chez Fram dont l’activité moyen-courrier est plus marquée). Chez Vacances Transat, ce sont même les deux tiers des achats terrestres qui se font en billets verts. La zone dollar tend toutefois à se rétrécir. En Egypte, nous achetons en euros, précise Anne Bouferguène, directrice générale de Jet tours. Récemment, nos partenaires indiens et des Maldives nous ont demandé de les facturer en euros, fait encore remarquer Emmanuel Foiry. L’euro devient une monnaie de référence, ce qui concourt aussi à la faiblesse du dollar. Pour nous, ce changement de devise pour les contrats n’est pas un inconvénient. Nous n’avons plus à gérer les risques de change, qui compliquent toujours la donne. Il n’y a plus rien à gagner, plus rien à perdre non plus.

Les TO ne veulent pas spéculer

Cependant, la plupart des voyagistes se refusent à toute spéculation, et se couvrent du risque de change en acquérant une bonne partie des dollars nécessaires à leurs achats terrestres (50 à 70 %) longtemps à l’avance. Le taux auquel ils ont négocié la devise américaine figure d’ailleurs dans leurs conditions particulières de vente (entre 1,4 et 1,45 dollar pour 1 euro, selon les TO, pour la saison en cours). Ils précisent qu’il sera procédé à une variation du prix, à la hausse ou à la baisse, si la fluctuation du cours des devises venait à influer sur le prix du voyage, cette variation s’appliquant alors uniquement sur les prestations négociées en devises. Le font-ils réellement ?

La hausse du carburant amortie

Les clients les plus avertis et/ou consuméristes ne manqueront pas d’essayer de profiter du contexte. Mais l’exercice est compliqué (doit-on prendre en compte le taux du dollar au moment de la réservation ou à la date du départ ?) et surtout perturbé par une autre variable du prix, elle aussi calculée en dollar : le carburant. Ce dernier s’est renchéri de 50 % en quelques mois. Il pèse à hauteur de 30 % dans nos achats aériens, note Anne Bouferguène. L’euro fort, qui permet de bien négocier nos achats terrestres et allège l’impact de la surcharge carburant, est donc une bonne chose. C’est lui qui nous a permis de maintenir nos prix, voire même dans certains cas de les baisser, un impératif face à une concurrence très forte. On constate d’ailleurs que dans un contexte inflationniste généralisé, le voyage est à contre-courant avec des augmentations très limitées, de l’ordre de 3 % chez Jet tours cet été. De là à dire que nous avons amélioré nos marges, non !

Ce coup de pouce de l’euro fort, qui a permis aux TO de conserver une bonne dynamique, est donc bienvenu. Mais pas sûr qu’il pourra se poursuivre la saison prochaine. Nous procédons actuellement à nos achats pour l’hiver. L’euro fort a un impact que je n’avais pas anticipé, remarque Patrice Caradec. Nos fournisseurs, notamment dans la zone Caraïbes, qui sont pour la plupart des chaînes hôtelières européennes, ont augmenté leurs prix en dollars de 15 à 20 %, compensant de cette façon le manque à gagner d’un dollar faible. Nous étions habitués à ce genre de pratique aux Etats-Unis, mais c’est nouveau pour les autres destinations de la zone dollar. Pas sûr, dans ces conditions, que nous puissions répercuter l’effet de la baisse du dollar sur nos prix la saison prochaine, prévient-il.

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