Hôtels, transports, aéroports : les JO seront-ils accessibles aux personnes handicapées ?
Les spectateurs en situation de handicap pourront-il accéder facilement aux sites olympiques pour profiter des compétitions ? A un an et demi des JO de Paris, des associations s’inquiètent des obstacles potentiels, tandis que les organisateurs se veulent rassurants.
Malgré l’ambition affichée, APF France Handicap craint que les futurs dispositifs soient insuffisants, envisageant même un « scénario noir » pour les 350000 personnes handicapées qui devraient assister aux Jeux.
« Nous avons le sentiment que le sujet n’est pas fortement porté », commente auprès de l’AFP Patrice Tripoteau, directeur de l’association, une des plus importantes en France. Il souhaite faire émerger la question en cette « période charnière ».
APF France Handicap s’inquiète notamment du nombre de chambres adaptées dans les hôtels parisiens, « très limité malgré les obligations réglementaires ».
« De nombreux établissements bénéficient de dérogations » du fait de l’ancienneté des immeubles, mais le parc de la capitale « s’améliore », déclare David Zenouda, un dirigeant de la branche parisienne de l’Union des métiers et des industries hôtelières.
Pour l’heure, l’Office du tourisme a recensé 3450 chambres adaptées aux personnes à mobilité réduite (PMR) dans le Grand Paris. Elle réalise un audit, dont les résultats sont attendus à la fin du premier semestre, pour évaluer combien sont adaptées à d’autres types de handicap.
Le ministère des Sports espère pouvoir orienter les spectateurs qui auront acheté des places vers ces hébergements préalablement identifiés.
Des transports peu accessibles
Autre point d’inquiétude pour les associations : les moyens de transport, peu accessibles.
« Il y aura beaucoup de monde lors de JO, or c’est encore plus difficile de se déplacer dans la foule », souligne Bruno Gendron, président de la Fédération des aveugles de France. Il demande l’installation de bandes de guidage podotactiles jusqu’aux entrées, et des maquettes des stades en relief, afin que la personne puisse mieux se repérer une fois à l’intérieur.
Il se dit également « inquiet » car « il faut du temps » pour réaliser ces dispositifs. En France, « le handicap n’est pas assez pris en compte en amont des projets ».
Afin que chaque spectateur puisse rejoindre les lieux de compétition, les organisateurs des JO prévoient de s’appuyer sur un dispositif avec transports collectifs et individuels.
« L’objectif n’est pas d’avoir une même solution pour tous, mais de comprendre les besoins de chaque personne et d’adapter l’offre à sa spécificité », explique à l’AFP Lambis Konstantinidis, directeur de la planification et de la coordination chez Paris 2024.
En achetant son billet sur internet, le futur spectateur pourra indiquer s’il est en situation de handicap et s’il a besoin d’aide pour organiser son déplacement. Il sera alors contacté par le service client, selon les organisateurs.
« C’est l’image de la France qui est en jeu »
Les spectateurs handicapés pourront se rendre sur place avec leur véhicule personnel ou emprunter des taxis qui les déposeront à proximité des entrées. Ils y seront accueillis par du personnel.
Environ 200 taxis parisiens sont actuellement adaptés aux PMR et l’objectif du gouvernement est d’atteindre un millier d’ici 2024.
Côté transport en commun, seule la ligne 14 du métro est intégralement accessible. Mais la majorité des stations de bus le sont et la mairie de Paris a pour objectif qu’elles le soient toutes d’ici les JO.
Rehaussement des quais, installation de balises sonores, amélioration de la signalétique : d’importants travaux ont lieu pour rendre les gares accessibles, dans le cadre d’un plan qui court jusqu’en 2025. En province, plus de 360 gares auront été traitées avant les Jeux, soit 70% du parc, selon la SNCF.
En Ile-de-France, « plus de 270 gares franciliennes seront accessibles lors des JO, dont toutes celles qui desservent les sites de compétition », indique à l’AFP Laurent Probst, directeur général d’Ile-de-France Mobilités (IDFM).
L’autorité régionale des transports prévoit de compléter son dispositif avec des navettes pour les PMR, entre les principales gares parisiennes et les stades.
APF France Handicap souligne l’importance de prévoir des dispositifs d’accueil renforcés, dans les gares et les aéroports, les services habituels étant « déjà saturés ». « Si des personnes font une mauvaise expérience, elles ne reviendront pas. C’est l’image de la France qui est en jeu », souligne son directeur Patrice Tripoteau.