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Ferries : le transmanche malade de la concurrence

Guerre tarifaire, flambée du prix du pétrole, faiblesse de la livre sterling… : le contexte tendu sur le transmanche va forcer Brittany Ferries à faire des économies. Au même moment, les ex SeaFrance s’apprêtent pourtant à relancer une compagnie, aidés par Eurotunnel. Une folie ?

Au bout du suspense, le tribunal de commerce de Paris a tranché. Lundi 11 juin, il a choisi Eurotunnel, l’exploitant du tunnel sous la Manche, pour reprendre les trois navires de SeaFrance, placée en liquidation judiciaire en janvier dernier. Cette offre de 65 millions d’euros a été préférée à celles du groupement LD Lines/DFDS et de la compagnie Stena Line. Elle prévoit qu’Eurotunnel loue les trois navires à la Scop (société coopérative) créée par d’anciens salariés de SeaFrance. Une activité qui pourrait permettre de réembaucher 560 personnes.

Le principal point de blocage venait de la SNCF, maison-mère de SeaFrance, qui demandait à récupérer 180 millions d’euros prêtés à sa filiale. Une exigence qui aurait été levée au cours d’un conseil d’administration convoqué en urgence quelques heures avant l’audience du tribunal. Le nouveau gouvernement pourrait avoir pesé dans cette affaire, l’État possédant 7 administrateurs sur 18 au sein de ce conseil. De quoi satisfaire Frédéric Cuvillier, nouveau ministre des Transports, qui avait rencontré les dirigeants de la Scop le 7 juin. Également maire de Boulogne-sur-Mer et tout juste réélu à son poste de député, il sait que l’offre d’Eurotunnel était assortie de plusieurs engagements, dont celui de rétablir une desserte partielle vers l’Angleterre au départ de… Boulogne-sur-Mer.

DES MESURES SOCIALES SE DESSINENT POUR BRITTANY FERRIES

Mais reste à savoir désormais s’il y a de la place pour un nouvel opérateur maritime sur le transmanche, où la concurrence demeure acharnée. Profitant de la disparition de SeaFrance, P et O a largement augmenté ses rotations entre Calais et Douvres dès décembre 2011. Il n’est d’ailleurs pas exclu que la compagnie britannique dépose à Bruxelles une plainte contre Eurotunnel pour abus de position dominante. LD Lines et DFDS, quant à elles, ont lancé en février une ligne entre Calais et Douvres, dont les fréquences ont été augmentées fin avril. Autant de concurrents maritimes qu’Eurotunnel a sans doute intérêt à affaiblir. Avant même la remise à flots des ex-SeaFrance, cette situation ultra-concurrentielle a en tout cas continué à faire des dégâts. Après quatre années de difficultés financières, Brittany Ferries a ainsi annoncé le 8 juin la mise en oeuvre prochaine d’un plan de réduction de ses coûts. Il devrait notamment passer par des mesures sociales (annualisation et aménagement du temps de travail, suppression de certains avantages) et la réduction des programmes de traversées en avant et après saison.

Entre le fort recul de la clientèle britannique ces dernières années (elle représente 85 % du total des passagers de la compagnie), l’évolution défavorable du taux de change euro/livre sterling, l’envolée des prix du pétrole, les contraintes du pavillon français et la guerre tarifaire sur le transmanche, tout concourt à mettre les finances de Brittany Ferries sous haute tension. À l’hiver 2010 déjà, la compagnie avait suspendu ses lignes au départ de Cherbourg pour faire des économies. Une mesure qu’elle a reconduite l’hiver dernier, en y ajoutant la mise au chômage partiel d’une partie de son personnel. Des mesures qui n’ont apparemment pas suffi à lui sortir la tête hors de l’eau.

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