Economie : ceux qui ont tout fait pour que Thomas Cook coule
Si la faillite de Thomas Cook est lourde de conséquences pour les employés, les partenaires et les clients, des fonds spéculatifs ont, eux, dégagé de beaux profits…
Bien sûr, la faillite de Thomas Cook a profité à certains concurrents, qui ont vu le cours de leurs actions subitement s’envoler. C’est triste, mais cela traduit les rouages classiques de la concurrence dans notre système économique. Ce qui est plus triste en revanche, c’est de voir que certains mécanismes financiers permettent toujours à différents acteurs boursiers de s’enrichir aux dépens des salariés. Jugez plutôt.
Tout d’abord, et cela s’est su très vite, de nombreux fonds spéculatifs avaient misé sur la faillite de Thomas Cook. Un pari qui leur a rapporté 250 millions de dollars, selon l’AFP. Ces 250 millions de dollars que cherchait Thomas Cook pour valider son plan de sauvetage…
Le sauvetage était moins rentable que la faillite
Pour faire simple, les fonds de pension et les assureurs ont vendu le problème d’endettement de Thomas Cook à des fonds spéculatifs spécialisés, comme Sona Asset Management et XAIA Investment. Mais ces derniers, pas fous, en plus d’acquérir des obligations Thomas Cook, se sont assurés contre un défaut de paiement de la part de Thomas Cook. Et ce grâce aux CDS (Credit Default Swaps). Au final un sauvetage de Thomas Cook leur est devenu moins favorable qu’une faillite. Et c’est là que les choses deviennent moralement contestables. Car les spéculations sur la faillite de Thomas Cook ont sans doute facilité celle-ci.
Etant donné que les CDS constituent une référence pour évaluer le risque de crédit d’une entreprise, si il y a achat massif par un fonds de ces CDS liés à Thomas Cook, cela implique que le risque lié au groupe est considéré comme plus élevé. Cela augmente le coût des emprunts de Thomas Cook et accentue les difficultés de refinancement. Ceux qui ont misé sur la faillite de Thomas Cook ont donc contribué à ne pas le sortir de ses difficultés financières.
Une action en justice pour éviter le sauvetage
Mais pour le professeur en économie Frédéric Vrins, interviewé par la RTBF, il y a encore pire. En clair, si le sauvetage de Thomas Cook avait réussi, les CDS auraient perdu toute valeur. Et donc « à partir du moment où on se lance dans des discussions sur un plan de sauvetage, quelqu’un qui a un CDS pourrait avoir tout intérêt à faire capoter ce plan de sauvetage, selon Frédéric Vrins. Une entreprise pourrait donc tomber en faillite simplement parce qu’un détenteur de CDS intente une action en justice pour faire capoter le plan de sauvetage. Des dégâts économiques colossaux et des employés qui se retrouvent à la rue, uniquement pour qu’une partie prenante et purement spéculative fasse du profit. »
Et ce n’est pas que de la théorie. En effet XAIA, un des fonds spéculatifs, avait annoncé son intention d’aller en justice si un plan de sauvetage de Thomas Cook était mis en place. Dans tous les cas, le groupe n’avait aucune chance de s’en sortir, ou si peu.
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