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Des châteaux en temps partagé, un pari fou à 30 millions d’euros

On connaissait les appartements en temps partagé à la montagne. Elegancia veut appliquer le concept aux châteaux avec un modèle économique plutôt inédit, pour réveiller les vieilles pierres.

La vie de château en temps partagé : c’est le nouveau pari du groupe Elegancia. Un projet où se télescopent deux mondes que tout semble opposer : d’un côté les vieilles pierres et le patrimoine, de l’autre l’économie de partage et le digital. S’il a dû renoncer au projet d’Hôtel de la Poste du Louvre, le groupe Elegancia n’aura donc pas tardé à revenir avec un concept innovant, qu’il développe avec plusieurs partenaires. « On cherche à redonner vie au patrimoine français, explique Christophe Sauvage, le cofondateur d’Elegancia. Nous allons créer un club qui réunira des personnes qui ont toujours rêvé de vivre la vie de château et leur donnera la possibilité de le faire, en time share”.

Un ticket d’entrée à 35 000 euros

Des « mécènes modernes » qui, moyennant un ticket d’entrée avoisinant (quand même) les 35 000 euros, bénéficieront d’un droit d’usage pendant 20 ans et pourront ainsi séjourner dans les différentes adresses de « Châteaux Lifestyle ». « A l’heure actuelle, de nombreux petits châteaux sont à vendre, observe Christophe Sauvage. Beaucoup de leurs propriétaires cherchent à s’en séparer car aujourd’hui, c’est vraiment un sacerdoce de posséder un château. C’est très lourd à entretenir. » A travers ce projet, Elegancia parie donc sur l’économie de partage pour trouver un modèle économique vertueux et redonner un avenir à des bâtiments menacés. Pour l’heure, cinq châteaux ont déjà été identifiés, dans différentes régions de l’Hexagone.

Pour effectuer les premières acquisitions, ainsi que les rénovations nécessaires, Elegancia et ses partenaires cherchent actuellement à lever 30 millions d’euros, une somme que le groupe espère réunir d’ici la fin de l’année. « Nous avons confié la recherche de capitaux à Clearwater, indique Christophe Sauvage, aujourd’hui le projet est à maturité, l’incubation est terminée. Nous avons mis en place toute une mécanique juridique et fiscale, car le time share, c’est complexe. C’est une industrie qui a ses codes.” “Aujourd’hui ce que l’on cherche ce sont des capitaux en provenance de gros bailleurs de fond qui vont s’intéresser à ce projet, qui ont une appétence pour la patrimoine et qui vont avoir envie de le défendre à nos côtés”, précise Christophe Sauvage, tout en confiant que la Caisse des Dépôts, « très intéressée », est aussi dans la boucle.

Une nouvelle offre touristique

Car à travers Châteaux Lifestyle, Elegancia affirme aussi vouloir contribuer au déploiement d’une nouvelle offre touristique pour la France. “Dans la majeure partie des châteaux que nous avons sélectionnés, nous avons fait travailler une équipe pour identifier toutes les choses qu’il était possible de faire pour apporter de la matière à nos visiteurs. Cela peut être une expérience au marché, au potager, mais aussi un atelier qui fabrique pour Hermès ou une cave… Nous avons envie de permettre aux gens de découvrir les points d’intérêt en dehors des sentiers battus. Nous allons également créer une plate-forme de business en ligne autour de Châteaux Lifestyle, plate-forme qui donnera l’opportunité aux artisans de recevoir les membres du club, mais aussi de revendre leurs produits. On peut également envisager des partenariats avec les start-up qui développent des offres touristiques originales.”

Châteaux Lifestyle a par ailleurs déjà passé un contrat avec une autre société de « Time Share », Interval Leisure Group. Les membres du club pourront ainsi aller dans 600 endroits différents à travers 70 pays dans le monde. Un moyen de compenser une offre qui sera forcément restreinte dans les premiers temps. Elle pourrait en tout cas rapidement s’internationaliser, les porteurs du projets étudient en effet les opportunités à l’étranger.

Pour le groupe Elegancia, qui officie jusqu’ici exclusivement à Paris, se positionner sur ce marché de niche permet aussi de poursuivre son développement en contournant un obstacle : la surenchère des prix à Paris. « Ces châteaux n’intéressent pas grand monde, note Christophe Sauvage. Là, nous sommes sur une niche sur laquelle on peut prospérer. Sur Paris ça devient compliqué, c’est très cher. Il y a eu un tel engouement depuis 10 ou 15 ans… Aujourd’hui les primo accédants sont des gens qui ont des très gros moyens, qui sont prêts à faire des offres au-dessus de la valeur des hôtels parce qu’ils savent qu’ils vont s’y retrouver fiscalement. Les bonnes affaires, il n’y en a quasiment plus.”

Le groupe a néanmoins trois projets actuellement dans la capitale. Il entamera notamment à la fin de l’été la rénovation d’un futur hôtel de 60 chambres dans le 2e arrondissement, à proximité de l’Opéra Garnier.

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