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Climat : faut-il supprimer des vols intérieurs en France ?

Plusieurs parlementaires écologistes et insoumis ont déposé une série d’amendements à la Loi d’orientation des mobilités (LOM). Objectif : réduire l’empreinte carbone du transport aérien.

L’objectif de la députée Delphine Batho est clair : stopper la croissance du transport aérien. Surtout, l’élue veut mettre fin aux petits vols intérieurs, notamment les trajets qui ne sont pas beaucoup plus rapides en avion qu’en train. Dimanche, dans une interview au Journal du Dimanche, elle a expliqué les raisons de ce nouveau combat.

« Chaque jour, huit appareils décollent de Paris pour rejoindre Nantes, en une heure. Pourtant, les TGV ne mettent que deux heures à relier la capitale à la cité de l’ouest. Pas beaucoup plus long mais bien plus écologique, explique la député écologique. Un vol Paris-Nantes, c’est 63,3 kilos de CO2 par passager… soit 66,6 fois plus que ce même trajet en train (selon les estimations de la DGAC et de la SNCF). A eux seuls, les vols intérieurs représentent 1,3% des émissions nationales de dioxyde de carbone, calcule le Réseau Action Climat. »

Le train à la rescousse ?

L’argument de Delphine Batot est donc assez simple. Pour beaucoup de trajets en France, « le temps d’aller à l’aéroport, en porte-à-porte, l’avion n’est pas plus rapide. « Ces liaisons aériennes sont une aberration totale quand on sait que l’avion nuit gravement au climat, insiste la député. En termes de bilan carbone individuel, l’avion est sans commune mesure plus polluant que le train. Il faut savoir aussi que la principale dépense de carburant de l’avion s’effectue au décollage et à l’atterrissage, peu importe la distance parcourue. En fait, plus le trajet est court, plus le ratio du bilan carbone par kilomètre est élevé ».

Comme alternative, Delphine Batot estime qu’il faut développer et mettre à niveau le réseau ferroviaire, pour baisser les prix et développer les trains de nuit.  » Des trains qu’on a tendance aujourd’hui, au contraire, à supprimer, alors que de nombreux jeunes en Europe aspirent à les utiliser », insiste-t-elle.

Des idées qui inquiètent

Mais la député écologiste ne compte pas s’arrêter aux trajets courts. Elle souhaite également rétablir la TICPE sur le kérosène pour les vols nationaux et l’instauration d’un taux de TVA à 20% sur les billets d’avion des vols domestiques. Mais aussi interdire les publicités en faveur du transport aérien. Rien que ça !

Il y a peu, François Ruffin et 13 autres députés (dont le marcheur Sébastien Nadot) avaient eux aussi déposé un projet de loi visant à d’interdire les vols domestiques lorsqu’il est possible de prendre le train avec seulement 2h30 supplémentaires.

La multiplication de ces projets de mesures commence à sérieusement inquiéter les compagnies aériennes. Réunies ce week-end à Séoul, en Corée du Sud, l’« aviation bashing » a été largement débattu. Il est fondé « sur une méconnaissance des engagements qu’a pris le secteur », a expliqué Alexandre de Juniac, le directeur général de Iata. Rappelons que l’avion compte pour seulement 2 à 3 % des émissions globales de CO2.

Un mouvement inéluctable

Mais en Suède, où est né le mouvement flygskam (« Honte de prendre l’avion), le gestionnaire d’aéroport Swedavia AB a déjà enregistré un recul du trafic passagers, avec – 6 % pour les vols domestiques et – 2 % pour les vols internationaux. Et les dirigeants des compagnies le savent. Il n’échapperont pas à une contribution écologique. « Cette taxe on l’aura », a concédé un dirigeant de compagnie au Monde.

Déjà, dans la nuit de lundi à mardi dernier, les députés ont voté pour une contribution du transport aérien au financement des autres modes de transport, sans aller jusqu’à une taxation du kérosène. Cette contribution d’environ 30 millions d’euros sera une réaffectation des surplus de recettes de la taxe de solidarité sur les billets d’avion, dite « taxe Chirac », au profit de l’Agence de financement des infrastructures de transport de France (Afitf).

Trajets aériens que François Ruffin souhaite supprimer. (Site de François Ruffin)

 

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