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Ciel gris sur l’Hexagone

La réduction de la durée des séjours, le mauvais temps et la baisse du nombre de touristes européens ont assombri l’été. Les agences réceptives ont toutefois retrouvé des couleurs.

Une étude du Credoc, réalisée en janvier dernier à la demande de la Direction du tourisme, révélait que 85 % des Français choisissent de rester en France pour leurs vacances, jugeant favorablement les professionnels du tourisme pour la qualité de leurs prestations. Six mois plus tard, la réalité apparaît quelque peu différente. Selon René-Marc Chikli, président de l’Association des tour-opérateurs (Ceto), la fréquentation touristique des Français dans l’Hexagone a baissé cet été. Ils sont nombreux à avoir privilégié les voyages à l’étranger, afin de bénéficier de prix plus bas.

Or, il semblerait que nos voisins européens aient été nombreux à faire le même raisonnement, préférant le Maroc, la Tunisie ou la Croatie à un séjour en France. Résultat : le démarrage de la saison touristique a été nettement plus tardif qu’en 2003, comme le révèle une enquête de la Fédération nationale des comités départementaux du tourisme et de l’Organisme national du tourisme, réalisée du 26 juillet au 9 août. Notamment dans le Sud-Est, le Massif central et le pourtour méditerranéen. La fréquentation française et étrangère de juillet est jugée inférieure à l’année dernière par plus de 65 % des professionnels, témoigne le CRT de la région Paca. Même son de cloche en région Rhône-Alpes où la clientèle étrangère, notamment néerlandaise, est en baisse dans tous les départements. En Languedoc-Roussillon, seuls les Anglais seraient en progression.

Vigilance sur les dépenses

Si les professionnels sont nombreux à évoquer la concurrence d’autres pays, mais également une météo décevante pour expliquer cette situation, le ministre délégué au Tourisme n’hésite pas à dénoncer également les tarifs souvent élevés des produits touristiques en France, notamment sur la Côte d’Azur et en Corse. Ces prix parfois prohibitifs expliqueraient que toutes les régions, y compris celles qui tirent mieux leur épingle du jeu comme l’Ile-de-France (voir encadré), l’Aquitaine, le Poitou-Charentes, le Limousin ou la Normandie, soient unanimes à constater une baisse de la durée des séjours des visiteurs étrangers. Ainsi, le Comité régional de Franche-Comté fait état d’un recul de 3 % du nombre de nuitées en juillet par rapport à 2002.

Les professionnels de l’hôtellerie témoignent également d’une réduction de la durée des séjours et des dépenses des touristes en août par rapport à 2003. Dans les Pays de la Loire, 55 % des hôteliers et des campings dénoncent un recul de la demande. Même chose dans les départements du Centre où, en dépit d’une fréquentation touristique jugée stable, les professionnels évoquent une clientèle très vigilante par rapport à ses dépenses, avec des demandes s’orientant de plus en plus vers les activités gratuites. Il est symptomatique que le plat le plus vendu sur le littoral ait été les moules-frites, un des rares à être facturé moins de 10 E, complète un restaurateur de la Côte d’Azur. Il sait de quoi il parle. Dans cette région, les prix des produits touristiques ont progressé deux fois plus vite que les prix à la consommation entre 1998 et 2003.

Les réceptifs soulagés

Si les hôteliers ne cachent pas une certaine déception, les agences réceptives sont plus nuancées. Il est vrai que beaucoup travaillent avec des clientèles à fort pouvoir d’achat, comme les Américains ou les Japonais, qui ont retrouvé cet été le chemin de l’Hexagone. Basée à Reims, l’agence Champagne Connection considère la saison comme plutôt bonne grâce, entre autres, au retour des Américains, Allemands et Belges. Et ce malgré des réservations de plus en plus tardives. La situation économique mondiale incertaine, conjuguée à la peur des attentats, conduit les clients à réserver de plus en plus tard pour ne pas perdre d’argent en frais d’annulation, explique Francis Legros, gérant de l’agence.

Paris Vision se montre également assez content de l’été, tout particulièrement en juillet ou le nombre de clients a retrouvé les niveaux de 2002. Etonnamment, le mois d’août a été décevant, regrette, dubitatif, Michel Madec, directeur marketing de l’excursionniste, pour qui la peur de la canicule de 2003 et les JO ne peuvent expliquer à eux seuls ce fléchissement. Pour autant, Paris Vision annonce une hausse de 30 % de ses ventes pour l’ensemble de la saison estivale, avec en particulier une progression de 15 à 20 % du nombre d’Américains.

Sur la Côte d’Azur, l’agence VIP Riviera Service est tout aussi satisfaite. Elle a doublé son chiffre d’affaires depuis le début de l’année et a enregistré un bond de 350 % sur les seuls mois d’été par rapport à la très médiocre 2003 ! Enfin, Viking Voyages (Lisieux) revendique une hausse de 15 % du nombre de ses clients. Une progression qui doit beaucoup aux événements qui ont marqué le soixantième anniversaire du Débarquement en Normandie.

Un bilan prématuré

Si les agences réceptives semblent donc pousser un grand ouf après une saison 2003 catastrophique, elles ont néanmoins souvent été obligées de revoir leurs tarifs à la baisse pour compenser la hausse de l’euro. Nous avons baissé de 20 % nos prix sur certains produits de base, comme la croisière sur la Seine ou le tour de Paris en bus d’une demi-journée, explique Michel Madec. Ralph Holt, directeur de VIP Riviera Service, reconnaît également avoir réduit sa marge de 5 % par rapport à 2003 pour faire face à la concurrence, en particulier celle d’Internet.

D’une façon générale, s’il est aujourd’hui acquis que le secteur du tourisme n’a pas enregistré en juillet et août le rebond espéré après une saison estivale 2003 déjà morose, Gérard Brémond, président de Maison de la France, se veut plus nuancé. Ce dernier juge en effet prématuré de dresser un bilan, alors que la saison ne se termine qu’en octobre. D’autant que cette année, l’automne s’annonce excellent. Il appartient à la Direction du tourisme de dresser un bilan définitif. Mais il faudra pour cela attendre quelques semaines, conformément à la volonté du ministre délégué au Tourisme, Léon Bertrand, de ne publier désormais aucun chiffre, à l’exception d’un bilan annuel consolidé de l’activité touristique.

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