César Moreno-Triano, Responsable de programme au comité du patrimoine mondial de l’UNESCO : «Parfois l’Unesco n’a pas pu empêcher des atteintes graves au patrimoine»
L'institution participe à la préservation du patrimoine naturel et culturel au niveau mondial. Une mission difficile, notamment sur certains sites comme le Machu Picchu.
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L'Écho touristique : Quel est le rôle du Comité du patrimoine mondial de l'Unesco ? Quels sont les sites où l'aide de l'Unesco a permis de mettre en place une gestion efficace ? |
Je pense aussi à Venise ou Borobudur en Indonésie et plus récemment au paysage culturel du café de Colombie ou à la ville de Quito, en Équateur, qui a su conserver ses attributs malgré une pression urbaine importante. Il est plus difficile d'assurer la gestion d'un site qui est dans le périmètre d'un gisement de ressources naturelles ou dans un centre-ville qui s'urbanise rapidement et qui est soumis à la pression du développement. Parfois l'Unesco n'a pas pu prévenir ou empêcher des atteintes graves, surtout dans le cas de conflits armés. Plusieurs biens sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial en péril. D'autres, comme le Machu Picchu, au Pérou, sont aussi menacés.
Quels sont les problèmes sur ce site ?
C'est un site mixte très complexe dans une région naturelle vulnérable et qui est soumis à une très forte pression touristique, paradoxalement en raison de son succès. Les défis et les difficultés sont multiples. Certains problèmes se sont renforcés et d'autres sont apparus : la pression urbaine, avec la multiplication des constructions dans le village d'accès au site et la gestion et le contrôle des flux touristiques. Si les menaces se renforcent et que le site risque de perdre sa valeur universelle exceptionnelle, le Comité peut décider d'inscrire Machu Picchu sur la liste des sites en péril. Il ne s'agit pas d'une sanction, mais d'une manière d'assurer un suivi permanent et une assistance renforcée à l'État partie. Naturellement, la Convention ne se propose pas de freiner le développement, tout au contraire: il s'agit de faire du patrimoine culturel et naturel un vecteur de développement durable. Il est donc nécessaire d'avoir une vision à long terme. On pourrait aussi faire en sorte que les agences de tourisme envisagent de diversifier davantage les offres touristiques sur les nombreux autres sites représentatifs de la richesse patrimoniale du pays.%%HORSTEXTE:1%%