Retrouvez l'actualité du Tourisme pour les professionnels du secteur tourisme avec l'Echo Touristique : agences de voyages, GDS, prestataires spécialisés, voyagistes

Blablacar et Ouibus : « Nous sommes très complémentaires »

La SNCF vend Ouibus, sa filiale d’autocars, au géant français du covoiturage BlaBlaCar. Roland de Barbentane, Directeur Général de Ouibus et Laure Wagner, membre de l’équipe fondatrice de BlaBlacar, sont revenus sur cette transaction qui a surpris le monde du transport.

L’Echo touristique : Pendant les grèves SNCF, Blablacar a proposé des trajets en bus. Est-ce un des éléments qui vous a motivé à racheter Ouibus ?

Roland de Barbentane, Directeur Général de Ouibus : Nos deux entreprises se connaissent de long date et il y avait des échanges sur des synergies ou des partenariats possibles. On a eu au printemps, avec ces grèves, un cas d’école qui, pour nous, était de l’ordre du test et qui a très bien fonctionné. Juste un exemple, avec le fait de renvoyer nos clients vers le site de Blablacar lorsque Ouibus n’était pas capable d’assurer le trajet. Plus d’un quart des gens qui ont été renvoyés vers le site de covoiturage ont acheté au final. Ça nous a conforté dans l’idée que les clients changent assez facilement d’un mode de transport à l’autre. Ce qu’ils veulent avant tout c’est un service de mobilité efficace, à petit prix.

Laure Wagner, porte parole et membre de l’équipe fondatrice de BlaBlaCar : Ce test avait été concluant. Nous nous sommes rendu compte que cette initiative nous avait permis de gagner de nouveaux clients et surtout que nous étions très complémentaires. Nous sommes désormais confiants sur le fait qu’ensemble, on puisse grandir l’un et l’autre.

L’Echo touristique : Combien a coûté le rachat de Ouibus à Blablacar ?

Laure Wagner : On ne divulgue pas d’information là-dessus. C’est une offre d’achat avec un investissement de la SNCF. Ce tour d’investissement s’élève à 101 millions d’euros. La SNCF reste un actionnaire minoritaire. Le processus prendra du temps, peut-être six mois. Il faut que tout soit validé par le CE. Nous nous préparons à travailler ensemble avec Ouibus à partir de 2019, mais pour l’instant rien ne change. Nous ferons une nouvelle annonce quand les bus pourront être réservés sur Blablacar.

Roland de Barbentane : Cette opération peut être vue au fond comme le mariage entre la première plate-forme de mobilité en France (Oui.sncf)  et la première plate-forme de covoiturage dans le monde (Blablacar). Sans attendre que capitalistiquement, l’opération soit totalement transformée, nous allons mettre en œuvre des premiers essais. D’ici fin 2018, l’offre Blablacar sera présente sur Oui.SCNF, ce qui est une grande marque de confiance de la part de la SNCF que de mettre l’offre de Blablacar sur son site. Mais elle a compris que c’est ça, l’appétence du client : avoir une offre plurielle. D’ici l’été 2019, il  aura sur le site de la SNCF des offres combinées train plus bus, ce qui très novateur. Ce qui manque au client c’est d’aller toujours plus près de chez lui. Puis on aura dans un troisième temps une offre de covoiturage qui pourra être combinée aux trains et aux bus.

L’Echo touristique : LA SNCF est donc bientôt proche de réaliser un de ces gros projets. Créer un assistant de mobilité capable de gérer les trajets de porte-à-porte ?

Laure Wagner : Si on prend un peu de recul, c’est la condition sine qua none à la transition vers la mobilité partagée. Pourquoi la majorité des trajets sont encore effectués en voiture ? C’est parce que dans la tête des gens il n’y a que la voiture individuelle qui permet de faire des trajets porte-à-porte. Nous ce que l’on veut prouver, c’est qu’en facilitant vraiment un trajet point à point en transport en commun ou en voiture partagé, c’est que demain ce sera plus simple.Quand quelque chose devient plus simple, forcément, c’est un pas vers l’adoption. Nous ne partageons pas les données personnelles de nos membres. Ce qui sera partagé ce seront les trajets. Nous allons distribuer la base de données (point de départ, arrivée, horaire etc) que l’on pourra voir sur API Blablacar et Oui.sncf. Ca va créer de la valeur.

L’Echo touristique : Avez-vous déjà des chiffres pour l’année 2018 ?

Roland de Barbentane : L’objectif est d’atteindre la rentabilité le plus vite possible. On a un taux de croissance de 40 % par an, ma conviction c’est qu’avec cette opération qui va nous permettre d’apporter encore plus de voyageurs sur nos plates-formes, on va accentuer la force de distribution et améliorer encore la rentabilité. Nous devrions transporter 5 millions de personne en 2018.

Laure Wagner : De son côté Blablacar a transporté 50 millions de passagers de août 2017 à août 2018 dans le monde, c’est à dire dans 22 pays.

 

Les commentaires sont fermés.

Dans la même rubrique