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À qui profitent les surcharges carburant ?

Les compagnies aériennes et les voyagistes sont mis en cause par les agences, qui font face au retour de clients mécontents.

Tous les six mois, ou presque, après chaque hausse du dollar ou du pétrole, les clients se plaignent de voir le prix de leurs voyages réajusté à la hausse. Justifié par une baisse « inattendue » de l’euro au premier semestre, plusieurs voyagistes ont ainsi envoyé un courrier à leurs partenaires ces derniers mois, leur notifiant une hausse de leurs tarifs. Les surcharges liées au carburant, elles, pourraient également battre de nouveaux records, aucune baisse durable de la demande de pétrole n’étant attendue.

Ces surcharges, appliquées de manière tardives, et peu prévisibles, pèsent sur l’image du secteur. Mais à qui profitent-elles ? Les voyagistes, comme les agences, pointent du doigt les compagnies aériennes, en haut de la chaîne. Jean-Pierre Mas, coprésident d’AS Voyages, s’interroge sur les raisons de ces pratiques. S’il s’agit d’une volonté d’afficher des prix hors taxes le plus bas possible, pour être plus compétitif, cela « n’a aucun intérêt car il n’existe plus aucun outil de comparaison de prix hors taxes » et donc d’intérêt à conserver ces surcharges.

« Cela permet également aux compagnies aériennes de calculer leurs incentives sur une partie seulement du prix du billet et d’augmenter les prix jusqu’à J – 30 ou après » répond le directeur d’un tour-opérateur. Autre impact : les marges des voyagistes, des réseaux et des agences sont calculées sur les prix hors-taxes. « Le pétrole n’est pourtant pas une taxe. Il fait partie des coûts opérationnels c’est donc une composante à part entière du prix du billet » explique Jean-Pierre Mas, co-président d’AS Voyages. Un constat partagé par certaines compagnies, comme Emirates, qui jouent sur le yield et leurs tarifs pour compenser un pétrole élevé. Pour preuve, le secteur maritime semble échapper aux surcharges. Brittany Ferries, qui explique ses pertes en 2011 en partie par l’augmentation du prix du pétrole, s’y refuse. De même, les compagnies de croisière, qui avaient pourtant appliqué des surcharges entre 2007 et 2009, ne le font plus aujourd’hui. « C’est un choix commercial, explique Erminio Eschena, DG France de MSC Croisières. On compense l’augmentation du carburant en diminuant d’autres coûts d’exploitation, en réduisant la consommation des navires et, évidemment, en rognant sur les marges ».

LES SURCHARGES, UNE« CUISINE INTERNE » AUX TO

Certains voyagistes, de leur côté, sont mis en cause par les agences. « Ils mettent volontairement le prix le plus bas possible dans les catalogues en se basant sur des taux de change favorable, pour être plus attractifs et ils augmentent ensuite les tarifs via les surcharges. Ils nous préviennent au dernier moment car deux mois à l’avance, le client a plus de chance de changer d’avis qu’à J – 30 » râle un patron d’agence. Des pratiques réfutées par les voyagistes. Mais il est impossible de savoir si les sommes récupérées par les TO via les surcharges correspondent réellement à l’impact financier de la variation du prix de ces deux paramètres.

Les voyagistes ont bien l’obligation de préciser les « modalités précises de calcul, tant à la hausse qu’à la baisse, des variations des prix ». Ainsi Vacances Transat donne un prix de référence de 913 dollars pour la tonne de carburant acheté au 04/06/2012. Mais le diable se cache dans le détail. Personne ne connaît la part exacte des achats terrestres pour chaque séjour, ni si le carburant ou les devises ont effectivement été achetés à ce prix : aucun TO ne souhaité dévoiler ses marges, ni ces politiques de couverture ou d’achat à terme. Finalement, la « cuisine interne » des surcharges relève de la politique commerciale de chaque entreprise. Seule certitude, « ceux qui n’appliquent pas de hausses, rognent sur leurs marges. On parle parfois de millions d’euros » explique-t-on chez un voyagiste. « Certains en profitent pour se refaire. Ils remettent leurs prix au niveau de la rentabilité » conclut Jean-Pierre Mas.

Les vendeurs ont l’obligation d’informer leurs clients d’une modification du prix trente jours avant la date de départ.

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