Voyages Girardot (Selectour) : Pascal Girardot nous raconte l’histoire de l’entreprise familiale… et centenaire
Le voyagiste bourguignon fête son centième anniversaire ce mardi, avec près de 3000 invités. L’occasion d’évoquer le siècle qui vient de passer avec Pascal Girardot, directeur de la branche « Voyages » du groupe familial.
L’Echo touristique : Vous célébrez les 100 ans de l’entreprise, mardi 14 janvier, dans le Parc des Expositions de Châlon-sur-Saône. Qui sera présent ?
Pascal Girardot : 2750 invités ont répondu présents. Nous aurons des invités prestigieux, des fournisseurs, des agents de voyages, des clients finaux. Pour nous, c’est important. C’est aussi la meilleure façon de promouvoir le Salon des Voyages que nous organisons, depuis 30 ans, au même endroit. L’édition 2020 se tient du 17 au 19 janvier.
Comment est née l’entreprise ?
Tout commence entre les années 1910 et 1920, avec l’achat d’un hôtel en périphérie de Châlon-sur-Saône par mes arrières grands-parents. Ils ont aussi acheté une voiture à cheval pour proposer des services de transports dans la région (liaisons inter-villages, retour de marché, corbillard, …). Nous avons des actes datés de 1917 qui évoquent tous ces services. La famille se partage ensuite l’affaire entre l’hôtel, qui est toujours exploité par nos cousins, et la branche « Transports », reprise par mes grands-parents. Pendant une vingtaine d’années, jusqu’à la guerre, ils développent cette activité, avec l’achat de véhicules mécanisés, les premiers bus, … et il faudra attendre la fin de la Seconde guerre mondiale pour que l’entreprise déménage, toujours à Chalon-sur-Saône, et prenne un nouveau virage.
C’est donc au milieu du XXème siècle qui commence l’activité purement « Voyages » du groupe ?
En quelque sorte, oui, puisque mes grands-parents organisaient des excursions, à la journée, dans la région, mais aussi jusqu’en Suisse, où les bourguignons aimaient acheter des fromages et des chocolats. De fil en aiguille, et à la faveur de l’émergence du tourisme de loisirs, nous avons poussé plus loin, avec des séjours dans le Jura, pour découvrir le ski, des escapades en Italie, … Cela s’appelait « l’excursionnisme », et ça permettait de rêver à moindre frais, et de commencer à découvrir le monde. Ma grand-mère a obtenu, en 1961, une licence de « Bureau de Voyages », qui permettait de vendre ces excursions. Mais elle a vite constaté qu’il se passait quelque chose…
C’est-à-dire ?
L’émergence des avions à réaction, et le développement du transport aérien qui en découlait, ouvrait de nouvelles perspectives à ceux qui désiraient voyager. Dès le début des années 60, ma grand-mère devient donc « Correspondant Thomas Cook », c’est-à-dire partenaire de leur production. C’est en 1968 qu’elle ouvre une agence de voyages au sens moderne du terme. Cette agence, qui existe toujours et qui est notre boutique historique, vendait notamment des voyages aux Baléares. Puis, dans les années 70, l’arrivée du 747, avec sa large capacité qui permettait la baisse des tarifs, a ouvert bien plus de destinations. C’est aussi à cette période que Voyages Girardot commence à s’informatiser, avec l’installation d’Esterel, qui deviendra Amadeus, les agréments SNCF, etc… C’est aussi à ce moment que ma mère, qui prend la tête de la division « Voyages » en 1975, ouvre notre activité au voyage d’affaires.
Et un moment charnière dans le développement de Voyages Girardot ?
Oui. Sous la houlette de ma mère, nous ouvrons d’autres agences de voyages, à Beaune, à Dijon, à Chalon-sur-Saône. Nous sommes également l’un des premiers adhérents du réseau Selectour, en 1978, si je me souviens bien. Puis, dans les années 90, nous rachetons, pour l’intégrer, la société Voyages Gauthier, ce qui nous permet d’exploiter 8 agences de voyages en propre. En 1992, en pleine crise du Golfe, je rejoins l’entreprise familiale, après une vingtaine d’années d’expériences au sein de compagnies aériennes notamment. Mes parents nous ont toujours laissé une place dans l’entreprise, si nous faisions nos preuves avant dans d’autres structures.
Quel poste occupez-vous à vos débuts dans l’entreprise ?
J’ai été embauché en tant qu’agent de comptoir dans l’une de nos agences. Puis, j’ai évolué en développant de nouveaux points de vente à Lons-le-Saunier, à Dijon, à Besançon et à Paray-le-Monial. Le décès brutal de mon père, en 1997, a précipité mon ascension. J’ai fusionné toutes les entités juridiques du groupe pour lui donner un coup de modernité, et dessiné la stratégie de la marque, de la commercialisation. Depuis les années 2000, nous avons également largement structuré notre tour-opérateur, passant de 2 à 20 personnes dédiées à la production de voyages. Nous avons aussi une petite activité de réceptifs en Bourgogne, pour accueillir des groupes étrangers, principalement européens.
Aujourd’hui, que représente Voyages Girardot ?
Nous pouvons désormais nous appuyer sur un réseau de 12 agences de voyages en Bourgogne, et sur un parc de 120 véhicules. Nous programmons des dizaines de destinations, de la France à la Nouvelle-Zélande, et ce, sous différentes formes de voyages (séjours, circuits, croisières, …). Nous proposons à peu près tout ce qu’il est possible de faire au départ de notre région ! Avec une touche de personnalisation et de proximité qui fait notre force en Bourgogne. En 2020, nous proposons près de 450 dates de départ. Notre entreprise, totalement familiale et qui emploie environ 300 salariés, réalise un chiffre d’affaires qui frôle les 40 millions d’euros. Près de 35 000 personnes voyagent avec nous.
De quoi sera fait l’avenir du groupe ?
Aujourd’hui, toutes les possibilités sont ouvertes. Les crises peuvent être d’origines diverses, et il est difficile de prévoir l’avenir. Par exemple, nous sommes devenus très forts sur l’Espagne, la Grèce, l’Italie ou les Canaries au moment du printemps arabes, après la fermeture de certaines de nos meilleures destinations (Tunisie, Turquie, …). Aujourd’hui, ces destinations repartent à la hausse, avec des performances spectaculaires parfois (l’Egypte). C’est à nous de faire en sorte d’anticiper ces différents épisodes, et de savoir faire des paris et prendre des risques. Et, pour y parvenir, nous pensons qu’il est indispensable de rester proche de nos clients, comme nous l’avons toujours été.
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