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Montagne : les skis-dômes sont-ils une piste d’avenir ?

Face au péril du réchauffement climatique, auquel elle contribue par sa grosse consommation énergétique, l’industrie du ski poursuit sa course technologique afin de survivre au manque d’enneigement. Avec un nouveau fantasme : les skis-dômes.

Il y a peu, à Amnéville en Lorraine, a ouvert Snowhall. Une station de ski couverte qui propose deux pistes, dont la plus longue mesure 625 mètres – un record en Europe – et qui attirent chaque année environ 100 000 personnes.

Selon le média Usbek et Rica, en dépit d’un modèle économique incertain, ce type de structure pourrait représenter le futur de l’industrie des sports de glisse sur neige. Par exemple à Tignes, au pied du glacier de la Grande Motte, où la mairie a lancé un projet dément : le Ski-line. Une piste couverte alimentée toute l’année par de la neige artificielle et longue de 420 mètres. Cependant, la mairie de Tignes, qui communiquait encore en septembre 2018 au sujet du Ski-line, indique que le projet avait été depuis mis en sommeil, sans préciser les raisons d’un tel revirement.

Stagnation du nombre de touristes depuis 2008

Selon le média qui explore le futur, la construction de pistes de ski intérieures représente une nouvelle étape pour les stations, effrayées de voir les touristes déserter leurs pentes à cause du manque d’enneigement. « On sera toujours capable de produire de la neige, mais à quel prix ? Les ressources du consommateur ne sont pas élastiques et ces équipements obligent les stations à augmenter leurs tarifs pour entrer dans leurs frais», analyse Hugues François, chercheur à l’Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture.

Les stations de ski des massifs français sont déjà confrontées à une stagnation, du nombre de touristes depuis 2008, selon le syndicat professionnel Domaines skiables de France. Il y a plusieurs raisons à ce désamour. D’abord, l’enneigement irrégulier, comme lors des hivers 2015 et 2016, quand les stations ont peiné à offrir des conditions de glisse satisfaisantes à leurs visiteurs, mais aussi la fin d’un certain imaginaire du sport d’hiver pour une nouvelle génération qui ne rêve plus de partir s’entasser dans des immenses barres d’immeubles au pied des télésièges.

Des hivers trop courts

Un autre danger guette l’industrie de l’or blanc, celui des hivers qui raccourcissent dans les villes et les plaines où habitent la majorité des Français et des Européens. « Une des grosses craintes des opérateurs, c’est l’oubli de l’hiver. Quand il fait doux au mois de mars ou d’avril, les gens oublient qu’il est encore possible de skier en montagne. Le nombre de départs pour le ski de printemps s’était écroulé de 70% avant que le gouvernement ne décide de reprogrammer les vacances de Pâques une semaine plus tôt en 2016 pour aider les stations à attirer des clients », dit Philippe Bourdeau, qui explore les mutations touristiques en zone de montagne dans le cadre de ses recherches universitaires.

D’un bout à l’autre du spectre, Amnéville et Tignes dessinent peut-être une partie du futur des sports d’hiver. En haute altitude, de grosses stations relativement protégées, grâce à leur position, de la raréfaction de la neige et avec assez d’argent pour investir dans des structures haut de gamme, tel un ski-dôme avec vue sur le glacier de la Grande Motte. Et dans la plaine, à proximité des grandes villes, des stations indoor et low cost à la portée d’une classe moyenne qui ne pourra plus s’offrir une pratique du ski de montagne, devenu trop onéreux. Le site  skiresort.fr comptabilise aujourd’hui 25 ski-dômes en Europe, et de nombreux projets sont en cours.

Pas d’alternative au ski

« Le scénario pessimiste, c’est de voir en 2050 quelques stations de très haute altitude qui fonctionnent bien, et puis en dessous des stations de moyenne montagne qui sont devenues des friches et se sont vidées de leurs touristes et de leurs habitants », craint Christophe Clivaz, chercheur suisse à l’Institut de géographie et durabilité à Sion. « Mais il y a aussi un scénario plus optimiste, ajoute-t-il. C’est de voir les stations de moyenne montagne changer de modèle grâce à une économie résiduelle, avec des urbains qui viennent chercher une qualité de vie en montagne en s’y installant à l’année et d’où ils travailleraient à distance grâce aux outils technologiques. »

Mais pour que ce scénario plus éco-friendly se réalise, il faut que les stations changent de modèle, avant de voir l’industrie du ski complètement s’écrouler. «Le problème qui se pose aux stations, c’est qu’il n’y a pas de pratique de substitution au ski. On peut mettre un peu de spa, de golf, de vélo électrique, mais personne n’a trouvé pour l’instant une autre activité de masse comme le ski», conclut Philippe Bourdeau. À Amnéville, où les fermetures des hauts fourneaux ont laissé des cicatrices, on se réjouit d’avoir redynamisé l’économie de la commune grâce au ski. Personne ne veut parler des canons à neige de la piste indoor qui participent au réchauffement climatique et à la disparition de la neige en altitude.

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