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PASCAL DE IZAGUIRRE, PRÉSIDENT DE TUI FRANCE « Le volet social est terminé et derrière nous »

Recentrage de la production, coupes dans les effectifs, refonte de la distribution offline : la feuille de route mise en oeuvre par Pascal de Izaguirre commence à produire ses effets sur les résultats financiers de TUI France. Il lui reste un peu plus d'un an pour rétablir l'équilibre.

L'Écho touristique : Les résultats du premier semestre de l'exercice (clos au 31 mars 2014) ont montré une nette réduction des pertes pour les activités tour-opérating de TUI France. Pouvez-vous nous détailler les tendances par marque ?

Pascal de Izaguirre : Nous avons réalisé une perte opérationnelle de 32 M£ (39,1 ME, Ndlr) contre 42 M£ l'an dernier, ce qui est en ligne avec notre feuille de route. Il est habituel pour des groupes comme le nôtre d'être en déficit l'hiver, surtout sur l'activité hôtels-clubs. Les efforts d'amélioration de nos résultats sont concentrés sur ce segment, donc c'est à Marmara que l'on doit l'essentiel de la réduction des pertes. Cela est passé par une diminution des capacités de 46 % au global. Le recul est de 40 % en moyen-courrier et de 74 % sur le long-courrier. Après avoir abandonné Cancun, au Mexique, et la République dominicaine, nous n'avons conservé des hôtels-clubs qu'au Sénégal, en Guadeloupe et à l'Île Maurice. Chez Nouvelles Frontières, la dynamique est très bonne avec, là aussi, une forte réduction des capacités. Chez Passion des Îles, l'hiver est correct, mais on sent une accélération des ventes depuis l'intégration dans le Top 14 de Selectour Afat le 15 mars dernier.

 

Quelles sont les perspectives sur l'été 2014 ?

Nous sommes arrivés au terme des réductions de capacités. D'avril à septembre, elles sont encore en baisse de 13 %, mais c'est essentiellement lié à l'abandon de l'Égypte. Elles reculent sensiblement en Tunisie et au Maroc, mais augmentent fortement en Espagne. Les réservations suivent le mouvement, avec une baisse de 13 % en passagers et de 10 % en revenus, et une hausse de 3 % des prix moyens. Les marques spécialistes sont profitables. L'activité hôtels-clubs demande encore à être consolidée. Nous prévoyons donc une amélioration très substantielle des résultats sur l'ensemble de l'exercice 2014 (à fin septembre, Ndlr) et maintenons l'objectif de retour à l'équilibre en septembre 2015.

 

Quel plan de marche prévoyez-vous en 2015 ?

Sur l'hiver prochain, les capacités devraient rester stables en moyen-courrier, mais nous cherchons des clubs pour nous renforcer en Espagne. En long-courrier, nous n'aurons plus d'hôtel club à l'Île Maurice. Nous allons ensuite repartir dans une dynamique de croissance des capacités. Nous devrions proposer de nouveaux pays à l'été 2015.

 

Le retour à la rentabilité aura aussi imposé d'importantes coupes dans les effectifs. L'actuel plan de départs volontaires en est-il la dernière étape ?

Au début de la fusion (1er janvier 2012, Ndlr), les TO du groupe comptaient 1 600 salariés en équivalent temps plein. En 2015, nous atteindrons l'objectif cible fixé à 750 postes. Nous aurons donc réduit de plus de moitié nos effectifs, et cela sans aucun licenciement contraint mais uniquement avec des départs volontaires. Nous en avons désormais terminé avec ce volet social, ce qui est une bonne chose car il alourdissait le climat dans l'entreprise.

 

Où en êtes-vous concernant la fermeture et le passage sous franchise d'agences ?

28 points de vente doivent être fermés, dont 21 le seront d'ici fin septembre 2014. 29 autres agences doivent être franchisées et le seront toutes cette année. Nous allons ainsi passer de 119 agences intégrées à 62, tandis que le nombre de franchisés et mandataires va passer de 142 à 171. Un tiers des agences franchisées sont reprises par le groupe ultramarin Sainte-Claire, un autre tiers par des salariés de ces points de vente et un dernier tiers par des mandataires, ce qui prouve d'ailleurs que le nouveau contrat de franchise n'est pas si mal.

 

Il a pourtant déclenché la colère de certains mandataires. Avez-vous consenti des assouplissements ?

Rien ne fait jamais l'unanimité, et il n'y a pas un seul secteur d'activité où les relations avec les franchisés sont simples. Ce que je vois, c'est que ce contrat sera signé par plus de 50 % des agences d'ici fin septembre 2014, donc il n'y aura pas de modification. Nous avons besoin de stabilité, pas de changement tous les trois ou six mois.

 

L'ouverture de Nouvelles Frontières aux réseaux tiers est-elle achevée et quels résultats donne-t-elle ?

Seul Carrefour Voyages ne revend pas Nouvelles Frontières, malgré notre intérêt. Mais cela pourra toujours se faire plus tard. Chez Selectour Afat, on note déjà une amélioration de nos ventes sur l'ensemble de nos marques. Elle va aller crescendo, je leur fais confiance pour piloter les ventes. On verra plus tard si Nouvelles Frontières doit entrer au Top 14. Au global, sur l'ensemble de nos TO, la distribution via des réseaux tiers représente environ 50 % de l'activité. Le bon équilibre, c'est ce qui est efficace et permet de gagner de l'argent.

 

Quid du canal Internet ?

Chez Marmara, 21 % des ventes se font en ligne, et l'objectif est d'atteindre 28 % cette année. Il n'existe pas de produit réservé au web, et la parité tarifaire avec les réseaux de distribution est respectée.* Marmara lancera par ailleurs en 2015 une application mobile marchande. Sur l'activité spécialistes, en revanche, les ventes online sont proches de zéro car ce sont des voyages qui ont besoin d'être construits avec un conseiller. Il nous manque encore un outil BtoB pour nos marques spécialistes. On travaille sur ce sujet, c'est l'une de nos priorités.

 

Quels commentaires vous inspirent les affaires judiciaires qui touchent le groupe ?

Sur l'affaire Marmara (qui porte sur d'éventuelles irrégularités financières avant la fusion, Ndlr), je me suis constitué partie civile pour avoir accès au dossier. L'enquête est en cours. Concernant l'autre affaire (qui met en cause Jean-Marc Siano, ex-patron de NF, accusé de présentation de faux bilan, Ndlr), un jugement est attendu le 19 juin. Il sera très important pour les équipes en interne, vus les efforts qui leur ont été demandés ces dernières années.

 

* Le 20 mai cependant des « exclus web » offrant 10 % de remise sur une sélection de produits étaient en ligne et valables jusqu'au 23 mai. Le groupe parle d'opérations ponctuelles « en fonction des besoins ».

 

« Les marques spécialistes sont profitables. L'activité hôtels-clubs demande encore à être consolidée. »

 

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