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Les syndicats redessinent la grille

Les partenaires sociaux se sont mis d’accord sur une nouvelle classification des métiers et des salaires minima conventionnels revus à la hausse. Une grande avancée pour la profession qui a plus que jamais besoin de retrouver son attractivité.

Le 16 juin, le Syndicat national des agences de voyages (Snav) et quatre syndicats de salariés (CFDT, CFE-CGC, CFTC et FO) signeront un avenant à la convention collective des agences de voyages, après 3 ans de houleuses négociations. Ce texte, qui entrera en vigueur le 1er juillet, instaure une nouvelle classification des emplois et une nouvelle grille de rémunérations. C’est un grand pas pour la profession qui se contentait depuis 1993 d’une classification des emplois désuète et de salaires minima conventionnels de niveaux (SMCN) très bas, régulièrement inférieurs au Smic, et sans écarts hiérarchiques significatifs. Cet avenant impliquera un gros effort d’adaptation de la part des employeurs, qui devront requalifier tous leurs emplois d’ici au 31 décembre 2008 selon cette prochaine grille. A cette date, la nouvelle classification aura définitivement remplacé l’ancienne (elles coexisteront entre le 1er juillet et le 31 décembre 2008).

Rendre la profession attractive

La nouvelle grille de salaires comporte sept groupes, nommés de A à G, au lieu de dix niveaux chiffrés de 1 à 10. Les trois niveaux actuels d’employés sont répartis dans les groupes A et B, les quatre niveaux de maîtrise répondent aux groupes C, D et E, et les trois niveaux de cadres sont rassemblés dans les groupes F et G. Les postes de cadres dirigeants et supérieurs sont désormais classés hors grille. Le fait de réduire le nombre de niveaux permet d’assurer des écarts de salaires plus importants entre chaque groupe. C’est la grande nouveauté de ce système. Au lieu de garantir des salaires minima en valeur absolue pour chaque groupe, il prévoit des écarts en pourcentage (voir notre tableau), qui devront être atteints progressivement d’ici 2010. Le premier salaire de la grille (groupe A) sera négocié en juillet 2008, après la revalorisation du Smic (le Snav s’est engagé auprès des délégués syndicaux à ce qu’il soit toujours supérieur au Smic de façon significative). Les salaires minima des groupes supérieurs seront automatiquement réajustés en fonction du premier niveau, chaque année. Nous tenions à ce système de grille fondée sur des écarts. Notre objectif est de rendre la profession attractive et d’offrir aux salariés des rémunérations adaptées en fonction de leur évolution de carrière, explique Jean-Luc Létisse, délégué syndical de Force Ouvrière (FO).

Il convient de préciser que ces écarts concernent les salaires minima conventionnels et non pas les salaires réels. Si une entreprise pratique des rémunérations systématiquement supérieures aux salaires minima conventionnels de groupes (SMCG), elle n’a pas l’obligation de maintenir ces écarts entre les salaires réels. D’ailleurs, l’obligation d’augmenter le salaire réel de 5 % en cas de changement de groupe a été supprimée dans ce nouvel avenant. La dernière enquête sur les salaires réels, commandée par le Snav au cabinet Ithaque, en 2007, montre que les salaires pratiqués sont bien supérieurs aux minima conventionnels. Toutefois 10 % des salariés de la profession sont payés juste au niveau des SMCN. La rémunération de ces derniers sera donc directement impactée par la nouvelle grille. Une nouvelle enquête sur les salaires réels sera commandée par le Snav en 2010.

Une grille pérenne et plus souple

Cet accord n’est qu’un premier pas. Les partenaires sociaux se sont engagés à renégocier à la hausse ces écarts hiérarchiques en juillet 2010. Cette année nous nous sommes surtout concentrés sur les écarts entre les premiers niveaux de la grille. Dans trois ans, nous insisterons plus sur les cadres, qui ont actuellement des salaires minima inacceptables, selon moi. Notre objectif, à terme, est qu’un grand nombre de salariés classés comme agents de maîtrise soit reclassés dans les groupes cadres, car beaucoup d’entre eux ont des responsabilités d’encadrement, précise Jean-Luc Létisse. Par ailleurs, les employeurs ont désormais la possibilité de calculer les rémunérations de façon annuelle en incluant primes et 13e, voire 14e mois. Dans ce cas, c’est le salaire annuel divisé par douze mois qui doit être égal ou supérieur au SMCG.

L’autre avancée de cet accord est le principe d’une classification des emplois à critères classant. Au lieu de d’intégrer chaque emploi dans une liste rigide de 120 métiers recensés par la convention collective, comme c’est le cas actuellement, les employeurs pourront positionner un emploi dans le groupe de leur choix, en fonction de trois critères : la responsabilité, l’autonomie et la technicité. Ainsi, un agent de comptoir débutant réalisant des ventes très simples sera placé dans un groupe inférieur à celui d’un agent de comptoir chargé de la fermeture de l’agence et faisant régulièrement des ventes à la carte. Les salariés pourront faire appel auprès d’une commission paritaire dans un délai de deux mois, s’ils s’estiment assignés dans un groupe inadéquat. J’insiste sur le fait que ce sont les emplois qui sont classés et non pas les salariés. Ce n’est pas le niveau et les capacités de l’individu qui sont évalués mais les tâches concrètes requises par l’emploi, précise Jean-Luc Létisse. Par ailleurs, cette grille plus souple permet d’intégrer régulièrement les nouveaux emplois de la profession, notamment ceux qui sont liés à Internet (webmaster) et au yield management. Les employeurs pourront s’appuyer sur une liste de 45 emplois types très courants, définis et situés dans la grille, mais ils ne seront pas obligés de s’y tenir. Cet accord représente une avancée extrêmement importante. Il permet à la profession de disposer d’une grille pérenne, commente Guy Bénard, président de la commission des Affaires sociales au Snav, qui a conduit les négociations.

Les partenaires sociaux ne sont pas pour autant au bout de leur peine. Dès le second semestre 2008, ils négocieront d’autres volets de la convention collective, afin de pren-dre en compte notamment des garanties de prévoyance (capital décès, invalidité, rente pour le conjoint et rente d’éducation). Pour l’instant, une prévoyance maladie n’est pas à l’ordre du jour, mais elle pourrait être discutée après 2010. Enfin, la convention des guides interprètes va être revue et sans doute intégrée dans une nouvelle convention collective globale au tourisme, qui devrait voir le jour en 2009.

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