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Aérien : les 5 défis majeurs des compagnies françaises d’ici 2025

Profitant des Assises du tourisme, Arthur D Little, le plus ancien cabinet d’audit du monde, vient de sortir un livre blanc afin de redynamiser le transport aérien français. Cet audit est l’occasion pour nous de sortir une série de trois articles sur nos compagnies françaises, les défis auxquels elles seront confronté, leurs forces mais aussi leurs faiblesses.

Si le transport aérien français a su s’adapter à la première révolution industrielle du secteur (l’émergence des hubs et des alliances) dans les années 90, selon Mathieu Blondel du cabinet Arthur D Little, il « a échoué à tirer parti de la seconde, qui a produit le modèle low cost moyen-courrier dans les années 2000 ». Aujourd’hui, les acteurs de l’aérien français vont devoir répondre à 5 nouveaux défis qui vont, à nouveau, profondément transformer le secteur.

Une 3e révolution du modèle industriel

Le modèle de production du long-courrier et la généralisation des modèles de correspondance en « self connect » par le passager vont fortement impacter les compagnies aériennes mais aussi tous les processus aéroportuaires. Cela va forcément renforcer l’intense compétitivité entre les acteurs. Et ce, sur tous les segments du marché : long-courrier, moyen-courrier ; bas, milieu, haut de gamme ; point-à-point, correspondance. Dans ce contexte « d’hyper-concurrence », il faudra gagner la guerre des coûts mais aussi de la qualité des opérations (ponctualité, délais…).

La data, le nerf de la guerre

Les compagnies aériennes font face à une très forte pression sur les prix du billet. Selon le cabinet Arthur D Little, il sera impératif pour elles de valoriser leurs données grâce à des revenus ancillaires et des programmes de fidélité. Cet enjeu est déjà majeur pour les aéroports via la monétisation de « l’audience » dans les commerces par exemple, et pourrait s’amplifier avec des programmes de fidélité des aéroports.

Ce changement de modèle demande de s’organiser face à la concurrence des « nouveaux octroyeurs » (les « gate-keepers »), « que sont les plates-formes digitales qui pourraient prendre le contrôle de la relation client, et ainsi capter une part significative de la valeur générée par l’industrie », prévient Mathieu Blondel. Sur le segment des passagers, on parle des nouvelles plates-formes de distribution mais aussi des TravelTech ou des FinTech qui orientent les choix du consommateur ou qui viennent bousculer les stratégies de yield management (Kiwi, Hopper, Skiplagged…).

Suite à « l’hyper-concurrence », l’ « hyper-consolidation »

L’hyper-concurrence entrainera forcement une consolidation, soit par des faillites ou des rachats, soit par des alliances. Pour l’instant, cette phase d’hyper-consolidation est à son stade initial, selon le cabinet d’audit.

Pour les compagnies, elle passe par la constitution de groupes de compagnies aériennes pan-européens via des prises de contrôles capitalistiques. On peut citer Air Berlin et Brussels Airlines par Lufthansa, Laudamotion par Ryanair, Virgin Atlantic par Delta & AF-KL, ou encore la reprise d’Alitalia par un groupe européen. Mais il existe également des alliances opérationnelles comme l’alimentation des avions long-courrier de Corsair ou Norwegian par easyJet, d’Aer Lingus par Ryanair… Pour les aéroports, de grands groupes industriels mondiaux sont en train de se construire (Groupe ADP, Vinci Airports, Changi, Vantage, …) ou veulent s’affirmer (IFM / Manchester Airport Group…)

L’aviation « du dernier kilomètre »

L’émergence du transport aérien sur courte distance, notamment via drones, va offrir une opportunité de diversification qui ne cannibalisera pas leur cœur de métier. Cependant, ce marché « du dernier kilomètre » est déjà ciblé par les acteurs du marché de la mobilité (RATP, Keolis, Transdev BMW, Tesla, Europcar Airbus) ou de la logistique (Amazon, Alibaba).

Selon le cabinet spécialisé dans le transport, « l’aviation ‘du dernier kilomètre’ va proposer une ‘architecture industrielle’ en rupture avec celle de l’aviation commerciale actuelle car elle va impliquer une multitude de petits objets contrôlés par une multitude d’acteurs au lieux de milliers d’avions opérés par des centaines de compagnies aériennes. »

Une digitalisation des services de logistique et de maintenance

Que ce soit dans la maintenance aéronautique (MRO) ou les services au sol, d’énormes différences vont pouvoir se faire grâce aux technologies collaboratives, l’automatisation, la robotisation, et l’intelligence artificielle. On peut citer par exemple les leaders de la MRO et les constructeurs qui développent des solutions de traitement des données qui leur permettraient de devenir un gestionnaire externe des flottes des compagnies aériennes et de gagner de l’argent sur l’ensemble du cycle de vie de l’aéronef.

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