ÉDITO. Pourquoi le passeport vaccinal est une mauvaise idée

Au premier regard, l’idée du passeport vaccinal, permettant aux personnes vaccinées de librement voyager, a un doux parfum de reprise. Des pays comme la Grèce, les Seychelles et Chypre, très dépendants du tourisme, en sont d’ailleurs de véritables ambassadeurs. Mais ce n’est définitivement pas la solution idéale. D’abord, qui est vacciné ? Une très faible partie de la population. Les jeunes majeurs et les mineurs vont patienter jusqu’aux calendes grecques… Les jeunes adultes sont déjà privés de vie sociale, inquiets par rapport au marché du travail, et nous voudrions en plus les priver de la précieuse liberté de voyager à l’étranger (mieux que tout antidépresseur !) ? Que dire des mineurs, des adolescents aux jeunes enfants. Leurs familles devront-elles attendre 2022 pour s’évader à l’étranger ? Sans compter que rien ne prouve qu’une personne cesse de transmettre le virus après avoir été vaccinée.

Le projet de « pass vert » numérique, tel que défendu par Ursula von der Leyen, fait bien davantage sens. La présidente de la Commission européenne évoque une proposition législative pour ce ‘Digital Green Pass’, qui s’ouvre à plusieurs éléments : une attestation de vaccination, les résultats de tests PCR ou autres, une preuve d’immunité… Présenté le 17 mars prochain, le Green Pass rappelle dans les grandes lignes le pass sanitaire cher à Emmanuel Macron. Ou encore le certificat sanitaire digital défendu par les Entreprises du Voyage et le Syndicat des entreprises du tour-operating (Seto). C’est un dessein « très positif », se réjouit d’ailleurs Jean-François Rial, vice-président du Seto.

Une rapide union sacrée autour d’un pass sanitaire numérique est illusoire.

Alors, le Digital Green Pass sera-t-il un beau projet européen ? Pas sûr pour autant, tant les divisions perdurent. Il sera bien sûr difficile de convaincre un pays comme la Grèce, très prompte à défendre le passeport vaccinal et les voyages entre personnes vaccinées. Déjà, en 2020, Athènes avait décidé de relancer le tourisme très tôt, grillant comme l’Italie la politesse aux autres pays de l’Union européenne (UE). Le tourisme représente environ 20% de son PIB national, contre environ 8% pour la France. Un fort ancrage dans le secteur incite assez naturellement des destinations à remettre la machine du tourisme en marche… avant les concurrents.

Alors oui, de toute évidence, une rapide union sacrée autour d’un pass sanitaire numérique est illusoire « Nous préparons un instrument à l’échelle européenne, incluant des données très objectives », mais il reviendra aux Etats membres de décider « quel usage précis ils en feront », a d’ailleurs prévenu le vice-président de la Commission, Margaritis Schinas. CQFD. Chaque pays jouera donc sa propre partition, au regard de différents critères. Reste une priorité : que les voyageurs soient rapidement informés des conditions d’entrée dans chaque destination. C’est « LA » clé pour les inciter à réserver leurs vacances d’été.