IA : comment Booking.com explore les recherches en langage naturel

L’Echo touristique : Dès 2023, en version bêta, Booking.com a lancé un planificateur fondé sur l’IA, alimenté notamment par ChatGPT. Le voyageur posait des questions pour obtenir des idées de destinations, et pouvait ensuite basculer sur votre plateforme. Où en êtes-vous aujourd’hui de ce planificateur d’une part et de l’IA en général d’autre part ?

Vanessa Heydorff : Nous travaillons beaucoup sur l’intelligence artificielle. La technologie permet au voyageur d’avoir une meilleure expérience. Il y a trois fonctionnalités IA très importantes dont j’aimerais vous parler. La première, c’est le Smart Filter. Ce filtre intelligent dispense d’utiliser des filtres fixes classiques : le voyageur partage, avec ses propres mots, ses attentes.

En langage naturel, donc…

Vanessa Heydorff : Oui, le voyageur exprime sa demande en langage naturel une fois la destination et la durée de séjour choisies. Il peut ensuite nous dire « je souhaite partir en Italie, près de la mer et je suis en couple ». Grâce à l’intelligence artificielle qui interroge le contenu des hébergements, les commentaires clients, les photos, l’IA va nous aider à lui offrir différentes options conformes à sa demande. Le client peut continuer l’échange et affiner sa demande, en précisant par exemple qu’il souhaite une zone peu touristique. Cela va vraiment permettre de redéfinir les codes de la recherche et de faire gagner du temps.

Pensez-vous que la recherche en langage naturel commencera bientôt dès la page d’accueil ? C’est un vieux rêve de l’industrie… Autrement dit, il suffirait d’écrire : « Du 5 au 10 juin, je veux partir en Italie en évitant les foules, qu’est-ce que tu me proposes ? ». Un peu comme certains le font déjà avec ChatGPT ?

Vanessa Heydorff : Aujourd’hui, nous lançons Smart Filter dans différents pays et langues. Nous déployons la fonctionnalité aux États-Unis, dans certains pays d’Europe comme la France, ainsi qu’en Asie, notamment à Singapour. Nous observerons ainsi comment l’IA peut continuer à révolutionner la recherche. Je ne peux pas vous dire si cette fonctionnalité Smart Filter sera à terme disponible dès la page d’accueil.

Quelles sont les autres fonctionnalités IA que développe Booking.com ?

Vanessa Heydorff : La deuxième fonctionnalité IA importante, c’est le Partner Q&A. Elle vise à simplifier et à optimiser la communication entre le voyageur et le partenaire (l’hôtelier, Ndlr). Le voyageur pourra poser des questions comme « Puis-je amener mon animal domestique dans la chambre ? ». Grâce à l’IA et aux informations présentes sur la page de l’hôtel ou dans les commentaires clients indiquant que les animaux sont bienvenus ou pas, une réponse pourra être formulée. L’intelligence artificielle génère alors un brouillon de réponse que l’hébergeur valide ou modifie avant de l’envoyer. Cela rend la communication plus rapide et efficace, tout en laissant la main au partenaire si les conditions ont changé. Cette fonctionnalité est lancée aux États-Unis, dans certains marchés asiatiques, mais pas encore en France.

La troisième fonctionnalité est le Summary Reviews, soit le résumé synthétique des commentaires, pour le voyageur. C’est une fonctionnalité qui existe sur d’autres sites d’e-commerce mais que nous n’avions pas encore.

Que devient le planificateur lancé en 2023 ?

Vanessa Heydorff : Trip Planner, qui est une fonctionnalité aidant le voyageur à construire son voyage, avait effectivement été lancée en 2023 aux États-Unis, à Singapour et en Australie. C’était la première à être déployée. Mais aujourd’hui, Booking se concentre beaucoup plus sur les trois autres fonctionnalités.

Plus globalement, quelles sont les tendances de recherche chez Booking en 2025 ? Observez-vous un ralentissement ?

Vanessa Heydorff : Nous n’observons pas de ralentissement : sur le 1er trimestre 2025, nous observons une croissance globale de 7% des nuitées. Le marché français est en croissance. Les Français souhaitent voyager en France, plus que l’année dernière. Les Européens et les internationaux plébiscitent aussi la France. C’est ce que nous voyons aussi, c’est une croissance continue des hébergements alternatifs, au nombre de huit millions. Ces hébergements représentent 37% des nuitées, contre 33% l’année précédente. Il y a une vraie tendance vers ce type d’offres (malgré les régulations contre les locations saisonnières, Ndlr), dans les grandes villes comme à la campagne.

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