Voyage : paiement fractionné, combien ça coûte et qui paie ?
Billets d’avion, séjours en club ou location de mobil-home… les voyageurs achètent de plus en plus les prestations en plusieurs fois. C’est le principe du paiement fractionné. Concrètement, combien ça coûte et qui paie ? Éléments de réponse à travers des cas concrets et le témoignage de Julien Cailleau, directeur général adjoint d’Oney, un des spécialistes du financement à la consommation.
Réserver un voyage peut peser sur un budget. Le paiement fractionné incite à lisser la dépense sur plusieurs mois. Quel est le modèle économique derrière cette fonctionnalité adoptée par de nombreux e-commerçants ? « Nous travaillons à la fois avec une commission payée par le commerçant, et des frais de financement pris en charge par le client selon la durée choisie », résume Julien Cailleau, directeur général adjoint de Oney (voir ci-dessous).
Air France : 10 euros de frais de crédit
Prenons l’exemple de Thomas, qui réserve un vol à 400 euros chez Air France. En recourant à la solution proposée Oney, il règle son voyage en quatre échéances. Il verse un apport initial de 110 euros le jour de l’achat, puis est prélevé de 100 euros pendant trois mois. Le coût du financement s’élève ainsi à 10 euros, ce qui correspond à un coût total d’un crédit (TAEG) fixe de 22,63%.
Concrètement, le voyageur paie donc 410 euros au total. À noter que chez Air France, des frais s’appliquent selon le nombre d’échéances : 1,67% du montant de la commande en 3 fois (plafonnés à 30 euros) et 2,50% en 4 fois (plafonnés à 60 euros).
Autre acteur, Floa avec MisterFly
Egalement spécialiste du paiement fractionné, Floa propose sur le site de MisterFly un règlement par carte bancaire en quatre mensualités. Le montant minimum de la commande est de 50 euros TTC, pour un maximum de 21 500 euros. Le client reçoit un échéancier de paiement ainsi qu’un rappel mensuel avant chaque prélèvement.
Des frais, d’un montant maximal de 2,38% du total de la commande, sont lissés sur les quatre mensualités. Aucune pièce justificative n’est requise. Néanmoins Floa accorde le « paiement en 4 fois » après vérification, notamment de l’absence d’impayé ou d’inscription au FICP (fichier national des incidents de remboursement des crédits aux particuliers).
Aucune restriction de date de réservation ne s’applique. Autrement dit, il est possible de réserver un départ dans trois jours et de régler malgré tout en quatre fois.
TUI : 15 ou 30 euros, clairement indiqués
Sur le site de TUI, les frais liés au paiement fractionné sont clairement indiqués au moment de la commande. Pour un achat de 900 euros réglé en trois fois, l’apport s’élève à 315,03 euros, suivi de deux mensualités de 300 euros. Le coût du financement atteint 15,03 euros.
Pour un achat de 1 200 euros payé en quatre fois, le client verse un premier paiement de 330 euros, puis trois mensualités de 300 euros. Le coût du financement s’élève alors 30 euros.
Dans les deux cas, les frais sont directement intégrés à la première échéance. Tout est connu à l’avance, sans mauvaise surprise.
Homair : le fractionné sans aucun frais
Autre opérateur, autre modèle. Chez le spécialiste du camping Homair, le paiement en plusieurs fois est entièrement gratuit, en trois comme en quatre échéances. Pour en bénéficier, il suffit de choisir cette option lors du règlement, de renseigner ses coordonnées bancaires, puis de valider la réservation en ligne.
Pour une réservation de 600 euros réglée en trois fois, le client verse ainsi 200 euros à la commande, puis règle deux mensualités de 200 euros. Le coût du financement est nul. A noter aussi qu’aucune pièce justificative n’est demandée et la réponse est immédiate, même si Oney assure consulter « systématiquement » les fichiers d’incidents de paiement des consommateurs. Autrement dit, il s’agit d’une solution simple de financement, même si certains détracteurs regretteront qu’elle encourage à vivre à crédit…
« Le voyage est aujourd’hui la première verticale d’activité chez Oney » – Julien Cailleau, directeur général adjoint d’Oney
L’Echo touristique : Pourquoi vouloir accélérer aujourd’hui sur la verticale voyage ?
Julien Cailleau : Dès 2008, nous avons commencé à financer des voyages via les agences des galeries Auchan. Depuis la fin de la crise sanitaire, le secteur du voyage connaît une forte dynamique, ce qui en fait un levier de croissance majeur pour nous. Que ce soit pour l’aérien, les séjours, les campings ou les parcs d’attraction, la demande pour des solutions de paiement flexibles est actuellement très forte.
Quel poids représente le voyage dans votre activité aujourd’hui ?
Julien Cailleau : En 2024, le voyage représente 20% de notre production en paiement fractionné. C’est la première verticale d’Oney, devant l’habitat et l’équipement électroménager. Et la tendance est à la hausse. Fin avril cette année, cette part atteignait 23%. Nous visons 25% d’ici la fin de l’année, ce qui correspondrait à plus de 350 000 clients financés via nos partenaires.
Justement, quels sont vos partenaires aujourd’hui dans le tourisme ?
Julien Cailleau : Nous travaillons avec une vingtaine d’acteurs majeurs du secteur. Parmi eux, Air France, Air Caraïbes, French Bee, Homair (campings), Belambra, VVF, TUI ou encore le parc Astérix. D’autres partenariats emblématiques seront annoncés au troisième trimestre. Et puis nous avons récemment signé avec VVF.
Certains critiquent le paiement fractionné, l’accusant d’encourager l’endettement. Quelle est votre position ?
Julien Cailleau : C’est une question légitime. Mais il faut bien comprendre que le surendettement est souvent lié à un accident de la vie (perte d’emploi, divorce, maladie), et non à l’usage ponctuel du paiement fractionné. Chez Oney, nous consultons systématiquement les fichiers d’incidents de paiement avant d’accorder un financement, ce qui nous distingue de certains de nos concurrents. Nous militons d’ailleurs pour que cette consultation devienne obligatoire pour tous les acteurs, dans le cadre de la future directive européenne sur le crédit à la consommation.
Qui sont les clients du paiement fractionné dans le voyage ?
Julien Cailleau : C’est aujourd’hui un usage très démocratisé, qui touche toutes les catégories socio-professionnelles. Même des CSP+ y ont recours, non pas parce qu’ils ne peuvent pas payer, mais parce que cela leur permet de mieux gérer leur trésorerie. Par exemple, réserver un billet d’avion en janvier pour des vacances en août peut se faire sans entamer son épargne immédiatement. Le panier moyen dans le voyage s’élève à environ 1 200 euros, ce qui rend le paiement en plusieurs fois particulièrement pertinent. C’est une façon de ne pas sacrifier ses vacances, sans mettre en péril son budget mensuel.
