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Normandie : le projet de parc à thème autour du Débarquement soumis à la concertation publique

Surnommé « D-Day Land » par ses détracteurs, un projet de spectacle immersif sur le débarquement allié de 1944 doit être soumis à concertation publique à partir du 16 août, sur fond de vive contestation.

Le projet controversé d’ouverture d’un site de loisirs autour du débarquement allié de 1944 va être soumis à concertation publique. L’opération se tiendra entre le 16 août et le 7 octobre, selon son garant nommé par la commission nationale du débat public (CNDP). Elle promet d’être animée.

Les détracteurs du projet, parmi lesquels des historiens et des proches de vétérans, dénoncent depuis deux ans ce qu’ils considèrent comme un « D-Day Land », qui fait « injure » à ceux qui sont morts pour la liberté plutôt que de leur rendre hommage.

Un théâtre de 1 000 places en mouvement

« Vous allez vivre l’épopée du débarquement allié du 6 juin 1944 », avec « le travelling le plus fascinant du monde jamais réalisé, un spectacle immersif hors du commun », promettent sur internet les initiateurs du projet prévu à Carentan-les-Marais (Manche), entre Utah Beach et Omaha Beach. Concrètement, il s’agirait d’un « théâtre de 1 000 places en mouvement qui avance sur plus de 400 mètres » avec « à l’intérieur une scène tapissée d’écrans », des images d’archives et des tableaux vivants avec des figurants, selon les projets du porteur.

Le site, ouvert six mois par an, pourrait accueillir jusqu’à 6 000 personnes par jour, 600 000 par an, a précisé le communiquant Régis Lefèbvre, un des responsables de ce projet à 90 millions d’euros, avec le producteur de comédies musicales Roberto Ciurleo et le producteur de télévision Stéphane Gateau. Le spectacle serait signé Serge Denoncourt et Stéphane Roy, qui ont créé « Je vais t’aimer » basé sur des chansons de Michel Sardou en 2021. L’entrée serait tarifée 28,50 euros par personne.

« Avec Hommage aux héros, la Normandie continuera de porter les valeurs (…) de paix (…) Cet ambitieux projet favorisera également l’attractivité de notre région », soutient le président de la région Normandie, Hervé Morin. « Hommage aux héros » a en effet pour « ambition de dynamiser l’intérêt pour le tourisme de mémoire en Normandie », selon son site internet.

Des pétitions contre le projet

La demande de permis de construire devrait être déposée fin octobre, pour une ouverture en 2025, selon Régis Lefèbvre. Le maire de Carentan, lui, est très favorable au projet. De 200 à 250 emplois pourraient être créés. Face aux détracteurs, « Hommage aux héros » promet « une grande rigueur historique ». « Nous travaillons à l’élaboration d’un partenariat avec le Mémorial de Caen », indique Régis Lefèbvre.

Pour autant, Stéphane Grimaldi, le directeur du Mémorial a réfuté travailler à l’élaboration d’un partenariat. « Je l’envisagerais à plusieurs conditions, dont la plus importante est évidemment le sérieux historique et pédagogique du récit ». En mai, des proches et descendants de vétérans anglo-saxons avaient qualifié d' »injure » ce « prétendu Hommage aux héros ». Leur communiqué était signé par une centaine de personnes.

Le vétéran français Léon Gautier, alors âgé de 97 ans, avait aussi indiqué être « contre le projet » en 2020. L’année suivante, il avait signé avec 600 autres personnalités, dont l’historien Jean-Pierre Azéma, une tribune dénonçant l’intention « mercantile » d’un projet « intolérable eu égard aux drames qui se sont déroulés pendant le débarquement ».

La centaine de sites liés au Débarquement, dont quelques lieux immersifs de petite taille, attirent presque cinq millions de visiteurs par an en Normandie. Le 6 juin 1944 a fait près de 10 000 victimes (blessés inclus).

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