L’édito de Dominique Gobert : Le changement ? C’est pas maintenant !
Cette semaine, oserais-je le dire, sent bon la reprise. Du moins, une embellie dans cette période jamais encore vécue par le monde et dont on espère sortir bien vite. Encore un peu de patience cependant, rien n’est encore gagné…
Depuis hier, l’aéroport d’Orly est à nouveau ouvert, visiblement d’ailleurs sous la pression de plusieurs compagnies aériennes françaises, dont Air Caraïbes/French Bee. Marc Rochet, son patron, n’aura pas ménagé ses efforts afin de reprendre enfin une activité primordiale. Ce qui aura donné à Augustin de Romanet, président d’ADP, l’occasion d’annoncer, à mots couverts qu’il fallait très certainement s’attendre, à l’instar de nombreuses compagnies aériennes, quelques réductions de la masse salariale de l’entreprise…
Finalement, rien ne change.
C’était d’ailleurs le thème de la Conférence organisée cette semaine par les Entreprises du Voyage, le syndicat professionnel. Belle intervention du sociologue Jean Viard lequel déclare que cette « période est révolutionnaire » et que le tourisme devra tenir compte de la pression écologique… Mais Jean-François Rial, charismatique patron de Voyageurs du Monde ne croit pas, lui, au changement : « La crise a été trop courte, provoque-t-il à son habitude, elle n’aura pas assez marqué les esprits. Globalement il n’y aura que peu de changements dans les voyages. Mes confrères voyagistes, poursuit-il, sont encore frileux sur les problèmes écologiques. Quant à nos acteurs politiques, ils ne sont pas écologiques. » Bon, la messe est dite, d’autant qu’Olivier Kervella, patron du groupe NG Travel et autre intervenant de cette conférence, enfoncera le clou : « Après ne sera pas différent d’avant ».
Globalement, ils ont tous raison : « la crise, à moins qu’elle ne reprenne une certaine vigueur, aura été trop courte. Et comme le soulignait Pierre Amalou dans son intervention à la Convention du Cediv « l’économie est têtue et l’on ne changera pas un système d’un coup… »
Effectivement, rien ne change, particulièrement dans le secteur du tourisme en France. Plus spécialement d’ailleurs, les relations style « je t’aime, moi non plus » entre voyagistes et leur compagnie favorite, Air France ! Je remarque d’ailleurs que ce pauvre Sébastien Guyot, représentant d’Air France durant la conférence EdV, paraissait bien… embêté sur le sujet NDC et ces fameuses surcharges GDS. Courageusement, il a tenté une vague explication… sans grande conviction.
Là encore, rien ne change.
Dans une lettre ouverte au Président Smith, patron d’Air France et signée par la représentants unanimes de la profession, y compris Vainopoulos, on sent clairement que le torchon (c’est vrai il fait chaud en ce moment) brûle. Ou, du moins, va vite brûler. Deux sujets, NDC/Private Chanel et l’indemnisation du traitement des EMD.
Sur le premier, je cite : « A une semaine de l’échéance (déploiement du NDC par Air France, ndDG) et de la mise en œuvre de la surcharge de 12€ par billet réservé en GDS, il est évident que la solution NDC d’Air France (…) n’est pas opérationnelle. Nous demandons donc à Air France que TOUTES les agences de voyages accèdent par TOUS les GDS à TOUS les tarifs d’Air France sans surcharge » … tant qu’Air France n’aura pas solutionné le problème. Et pan !
Quant à l’autre sujet, l’indemnisation sur les EMD, les professionnels demandent une indemnisation de 50€ par dossier pour la prise en charge du traitement des EMD par les agences de voyages. Air France offre 10€ !
Ben oui, c’est pas prêt de changer. Si, pourtant, et ce sera le mot de la fin. Faut-il absolument se donner un coup de pied dans les chevilles pour se dire bonjour ? C’est l’aventure qui m’est arrivée la semaine dernière en rencontrant un vieux copain… qui m’a quasi fracassé la cheville, parce que, dit-il, c’est un geste barrière.
Le voilà, le changement… dès maintenant !
