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C. Clarke de Dromantin (Patrivia) : « L’impossibilité de voyager profite au patrimoine français »

La pandémie n’a pas enrayé la croissance de Patrivia, qui a levé des fonds et développé sa technologie. Entretien avec Christian Clarke de Dromantin, l’un des fondateurs de Patrivia.

L’Echo touristique : Comment Patrivia traverse la crise que l’on connaît ?

Christian Clarke de Dromantin : Comme une start-up. Avec l’objectif est de trouver des solutions pour répondre à des problématiques particulières à travers l’innovation et l’énergie que l’on déploie. Pendant le premier confinement, cela se traduit par le lancement de la campagne #CetEtéJeVisiteLaFrance, que nous avons imaginé avec les membres du collectif Patrimoine 2.0, créé en mars 2020, et dont Patrivia fait partie. C’est une campagne qui a fait parler d’elle, et qui a fini par être reprise par Atout France. Le groupe JC Decaux nous a même offert 391 panneaux publicitaires, pendant près de deux mois, pour la promouvoir. En pleine pandémie, dans cette période compliquée, cette campagne, qui visait à inciter les Français à « visiter localement » au moment de la réouverture, nous a permis de réaffirmer ce que nous pensons depuis la création de Patrivia : le meilleur moyen de sauvegarder le patrimoine, c’est de le visiter.

Quel est le bilan de l’année 2020 ?

Christian Clarke de Dromantin : Après le premier confinement, nos ventes ont été multipliées par cinq par rapport à l’été 2019. Les Français avait besoin de respirer, bien sûr, mais aussi de se faire du bien au moral. Et voir du beau, en famille, c’est presque thérapeutique, on en est convaincus. Au Canada, certains médecins prescrivent même des visites au musées pour traiter des pathologies. L’impossibilité de voyager a évidemment favorisé la fréquentation des sites patrimoniaux français… et donc l’activité de Patrivia.

Vous avez levé un million d’euros à la fin de l’été. Dans quel but ?

Christian Clarke de Dromantin : Nous en sommes très fiers, notamment en cette période pandémique. Pour une start-up du tourisme culturel, c’est une somme énorme. C’est aussi une belle preuve de confiance. Nos actionnaires croient en notre projet, en notre équipe et adhèrent à notre dynamique. Cette levée de fonds va nous permettre d’embaucher de nouveaux talents, d’investir dans l’innovation et dans l’amélioration de notre service. La crise que nous traversons accélère la numérisation du tourisme patrimonial, mais il reste énormément de choses à faire.

Vous avez identifié de nouveaux besoins, pour les propriétaires, avec cette crise ?

Christian Clarke de Dromantin : Oui, et nous avons développé des outils pour les satisfaire. Par exemple, nous avons créé un système de réservation pour les gestionnaires de lieux publics, qui permet au propriétaire de choisir le nombre de billets mis en vente en fonction de plusieurs critères : par jour, créneau horaire, seuil maximal de visiteurs… C’est un outil qui vient s’ajouter à la soixantaine d’outils qui sont à la disposition des lieux inscrits sur Patrivia. Notre souhaitons ainsi accompagner les acteurs du patrimoine dans les grandes transformations que connaît l’industrie du tourisme. La crise de la Covid-19 vient se rajouter à ces tendances.

La pandémie n’a donc pas mis un coup d’arrêt au développement de Patrivia ?

Christian Clarke de Dromantin : Au contraire. Nous avons enregistré une croissance de l’ordre de 200% (la start-up ne souhaite pas communiquer son chiffre d’affaires en valeur, NDLR). Nous avons également profité de cette pause forcée pour enrichir notre catalogue. Actuellement, nous enregistrons une dizaine de nouveaux entrants chaque semaine, et nous regroupons plus de 520 monuments en France et en Belgique. C’est le plus gros catalogue de ce genre sur le marché français. En interne, nous avons aussi repensé notre organisation, nos outils, comme le CRM, ou accéléré sur le volet communication.

Arnaud Caussade (responsable commercial B2B) : Et nous avons travaillé au développement de deux nouveaux produits : les visites virtuelles payantes, que nous lançons bientôt avec le château de Chantilly, et les visites VIP, où nous emmènerons nos visiteurs, le temps d’une visite, à la découverte de lieux emblématiques qui ne sont pas ouverts au public extérieur, comme le Ritz ou le vignoble de Montmartre.  

Des produits qui sont distribués en B2B ?

Arnaud Caussade : Nous réalisons la moitié de notre chiffre d’affaires avec des intermédiaires, et notamment les comités d’entreprise. Ce sont d’ailleurs eux que l’on cherche à séduire avec notre nouveau produit des visites VIP, puisqu’on constate de l’appétence de leur part. Beaucoup de CE nous sollicitent par exemple pour trouver des lieux qui pourraient accueillir de petits événements, ou des dîners aux chandelles, au moment de la reprise. Les gens ont besoin de respirer, et nous sommes persuadés qu’ils voudront visiter des lieux culturels, qui seront parmi les premiers à rouvrir. Nous travaillons également avec des réseaux de distribution et des plateformes numériques en fonction des opérations, ou lors de temps forts.

Vous ne risquez pas d’être ralentis lorsque les Français pourront de nouveau voyager à l’étranger ?

Christian Clarke de Dromantin : Depuis sa création, Patrivia, c’est 99% de clients francophones, et 90% de clients Français. Et ce, même avant la pandémie. Mais nous réfléchissons, depuis le départ, à la façon dont nous pourrions capter la clientèle étrangère qui vient visiter la France. Cela passe avant toute chose par la traduction de notre plateforme en six langues différentes. C’est l’un des développements en cours, parmi d’autres, pour faire en sorte que les étrangers qui viendront revisiter la France dans quelques mois puissent utiliser Patrivia. Nous avons encore beaucoup d’idées, et les chantiers sont nombreux, tant la digitalisation du patrimoine accuse un retard initial. La crise va accélérer cette transformation numérique, et donc la visibilité du patrimoine.

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