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Vers une refonte des programmes

Le constat : Le BTS, principal diplôme d'entrée dans les agences, est en partie dépassé. Il est environné en amont et en aval d'un foisonnement anarchique de formations. La réaction : la remise à plat des BTS et des autres formations au tourisme est lancée par L'Éducation nationale. En complément, le Snav veut créer des « diplômes de bran

Des bataillons d'agents de voyages sont passés par ce sésame. Chaque année en France environ 2 500 élèves se pressent toujours pour obtenir un BTS tourisme. Ce diplôme à deux faces – Ventes et productions touristiques (VPT) d'un côté et Animation et gestion touristiques locales (AGTL) de l'autre – reste au coeur des formations au tourisme dans l'Hexagone. « Même s'il est décrié, il demeure une référence en terme d'entrée dans la profession », admet Valérie Boned, directrice des affaires juridiques et de la formation du Syndicat national des agences de voyage (Snav). Elle ajoute toutefois « sa dernière refonte en 2000 s'était faite dans un tout autre environnement. Il doit être adapté, car les changements se sont accélérés dans la profession ». Les professionnels reprochent au BTS VPT, celui qui forme des agents de voyages, d'être trop axé sur certaines techniques et pas assez sur l'accueil, la relation personnalisée au client ou la capacité à proposer et monter des produits. Le cabinet Ithaque, qui vient de terminer une enquête pour le Snav, pointe les lacunes : techniques de communication et nouvelles technologies, relations clients et questions juridiques. « La notion de vente n'est pas assez présente, ni la vente en ligne ou multicanaux, ni les CRM… », souligne Valérie Boned. « Les agences attendent des vendeurs plus accrocheurs », ajoute Annette Masson, présidente de la Fédération française des techniciens et scientifiques du tourisme (FFTST). Il y a un an, le Snav a donc pris l'initiative d'envoyer au ministre de l'Éducation nationale une demande de réforme des BTS tourisme : « Les jeunes professionnels ne sont plus armés pour faire face à la révolution de leur métier », écrivait-il en réclamant une formation « plus importante et plus longue ». Ce courrier a enclenché un mécanisme de révision. Depuis le début 2009, deux inspecteurs généraux de l'Éducation, le doyen Jean-Marie Panazol et Alain Henriet, ont été chargés de préparer une « note d'opportunité » à la suite de la dernière réunion de la 17e Commission paritaire consultative (CPC), qui suit les formations tourisme et hôtellerie au ministère. Leur étude préalable, qui consiste à étudier l'insertion des jeunes diplômés et à rencontrer les professionnels du secteur, sera présentée au plus tard d'ici à septembre, indique Jean-Marie Panazol, pour qui la vraie question sera de savoir « quel est le niveau pertinent d'insertion professionnelle : bac +2 ou licence ».

 

UN RÉFÉRENTIEL D'ACTIVITÉS EUROPÉEN

 

Car cette enquête préalable va élargir son analyse, en amont et en aval des BTS. Cette démarche plus globale correspond à la demande du Snav d'une « refonte complète du cursus de formation aux métiers du tourisme commercial, de la classe de seconde à la licence ». De surcroît, « il n'est pas impossible que nous cherchions à construire un référentiel d'activités européen, précise Jean-Marie Panazol, qui s'appuierait en l'espèce sur un troisième inspecteur général, Richard Maniak. De fait, en amont des BTS tourisme, il y a un foisonnement de plus de 200 formations courtes (de 6 mois à 1 an) dans le privé, dont seulement une poignée sont jugées sérieuses, comme l'EPT-Ifav, « l'école du Snav », l'Infa de Nogent-sur-Marne ou Infoconseil, à Paris. Mais la suppression en 2010 dans les établissements publics de la « mention complémentaire télébilletterie et services voyages » (bac +1), préparant aux plateaux d'affaires, a irrité la profession. Cette mention, qui avait remplacé il y a quinze ans un bac technique (BT tourisme) préparé en seconde, première et terminale, avait compté jusqu'à 1 000 candidats il y a six ou sept ans. Mais elle est retombée à moins de 400 candidats. Pour Jean-Marie Panazol, le ministère « a estimé que ses compétences avaient été intégrées dans le BTS VPT ». De plus, son image était jugée peu valorisante, plus de la moitié de ses élèves continuant leurs études au-delà et les entreprises demandant plutôt des bac +2. Aujourd'hui, l'inspection générale garde parmi ses hypothèses de travail la réintroduction d'un BT tourisme ou l'introduction de modules de formation au tourisme.

 

MIEUX COLLER AUX ATTENTES DU SECTEUR

 

Le ménage a aussi besoin d'être fait en aval des BTS tourisme. Selon un recensement effectué à la dernière rentrée par la FFTST, le nombre de licences tourisme atteint maintenant 62 et le nombre de masters 65. Ces formations pourraient dépasser 2 000 étudiants. « Ce qui nous inquiète dans cette prolifération, c'est la déconnexion d'avec les débouchés. Les universitaires se préoccupent de contenu mais pas de "l'employabilité" des élèves qu'ils forment », s'étonne Valérie Boned. « Après le BTS tourisme, la moitié des étudiants seulement entrent dans la vie active, 10 % se réorientent et 40 % poursuivent leurs études, précise Dominique Chambeyron, vice-président de la FFTST, chargé de la formation professionnelle. Ils le font par peur d'entrer dans la vie active. Certains cachent même leur licence ou leur master. » Pour Jean-Marie Panazol, le marché de l'emploi est demandeur d'une élévation des niveaux de qualification. « Mais la réponse des universités a été disproportionnée par rapport aux besoins. D'où une déqualification relative des titulaires d'une licence à l'embauche qui se retrouvent en compétition avec des BTS. » L'inspecteur général observe en même temps « un syndrome des étudiants à poursuivre leurs études au-delà de la licence vers les masters ». Mais il précise : « Si nous devions mener une réflexion jusqu'aux masters, elle se situerait à l'extrême limite administrative des compétences de la CPC à qui rien n'interdit toutefois d'avoir une vision prospective. » Dès que la « note d'opportunité » sera publiée, la CPC se réunira environ tous les deux mois pour préparer des « référentiels » précisant les contenus de nouvelles formations jusqu'à l'aboutissement de BTS rénovés. Si l'on tient compte des expériences précédentes, il faudra compter entre 18 et 24 mois pour aboutir. Cette lourdeur de l'Éducation nationale est un atout qui profite aux formations privées les plus agiles et flexibles pour coller aux attentes du secteur. L'Escaet à Marseille, par exemple, la plus cotée (avec 90 % de taux d'insertion le jour du diplôme), va refondre ses formations à la rentrée 2009. « Nous sommes en réadaptation permanente », souligne sa directrice, Marie Poulain.

 

« Les jeunes professionnels ne sont plus armés pour faire face à la révolution de leur métier »

« Les universitaires se préoccupent de contenu mais pas de "l'employabilité" des élèves qu'ils forment »

 

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