Sur la route de Tanjore Rizières tranquilles

Il faut vanner tant que souffle le vent…, dit le proverbe indien. Cet après-midi, il fait à peine ondoyer l’herbe sur le bord de la route, mais les femmes sont aux champs et s’activent, petits points colorés dans un océan de vert tendre, autour des gerbes de riz. L’une après l’autre, elles remplissent leur van, sorte de grand panier rond et plat, l’inclinent à bout de bras dans le sens du vent au-dessus de leurs têtes et le secouent doucement tout en avançant le long d’un grand tapis. La poussière et la paille de riz s’envolent pour se déposer en sillon régulier à leurs pieds, tandis que ne restent plus, dans le panier, que les grains qu’il faudra ensuite écosser. Sur la route qui mène jusqu’à Tanjore et son grand temple, la scène se répète, des dizaines de fois. Tableaux bucoliques d’une Inde tranquille qui vit au rythme des moissons. Et de ses traditions. Pongal, la grande fête du riz, le nouvel an tamoul, n’est pas loin. Dans les villages, on l’a fêté mi-janvier, avec quatre jours de célébrations joyeuses. Les cornes des vaches s’en souviennent encore. C’est pour Pongal qu’elles sont ornées de clochettes et peintes façon arc-en-ciel, au gré de l’inspiration du fermier-cultivateur. Lequel n’est pas peu fier, aux commandes de sa charrette branlante, de faire défiler sur le bord des routes ses oeuvres d’art ambulantes.