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Sahel : les TO sous pression maximale

L’assassinat de Michel Germaneau, fin juillet, rend la position des voyagistes de plus en plus intenable, pris en tenaille entre les injonctions du Quai d’Orsay et leur propre perception du terrain. La saison hivernale s’annonce très difficile.

Pas de précipitation. Les tour-opérateurs programmant le Sahara veulent prendre le temps de la réflexion. Depuis l’annonce, le 24 juillet, de l’assassinat de Michel Germaneau, un humanitaire français capturé en avril au Niger par Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) et retenu ensuite au nord du Mali, ils sont une nouvelle fois dans l’étau. Ces dernières semaines, le Quai d’Orsay a durci ses conseils aux voyageurs non seulement pour la Mauritanie, le Mali, le Niger, mais aussi pour la Libye, le Tchad, le Grand-Sud algérien et le nord du Burkina Faso. « En raison des menaces actuelles, prévient le site du ministère, il est vivement recommandé à l’ensemble des Français, résidents ou de passage, de limiter leurs déplacements au strict nécessaire et de faire preuve de la plus extrême vigilance. »

LES TO IRRITÉS PAR LE QUAI D’ORSAY

Mais ces prises de position agacent au plus haut point les voyagistes. « Comme d’habitude, le Quai d’Orsay a réagi dans l’urgence », tempête Gérard Guerrier, le DG d’Allibert. Tous confirment que le ministère multiplie les pressions directes à leur égard. « Il nous a envoyé des courriers nous demandant de suspendre nos vols vers Atar, en Mauritanie, et Agadez, au Niger », assure Maurice Freund, le président-fondateur du Point-Afrique. Et l’adoption définitive de la loi Kouchner, qui prévoit que l’État puisse exercer un recours à l’encontre des professionnels du voyage auxquels il devrait « se substituer en organisant une opération de secours à l’étranger », fait encore un peu plus monter la pression, même si les décrets d’application n’ont pas encore été publiés. La réponse des TO est toujours la même : ils ne transigent pas avec la sécurité, même si le risque zéro n’existe pas. La position la plus prudente est celle adoptée par le groupe Voyageurs du Monde qui, contrairement à d’autres voyagistes, a renoncé à reprogrammer la Mauritanie dès l’an dernier. Mais le retour de la destination en brochure était prévu pour cet hiver, et les ventes sont d’ailleurs déjà ouvertes. « On est en train de se reposer des questions, explique Lionel Habasque, le DG du groupe. On prendra notre décision finale début septembre. » Par Mauritanie, les TO entendent en fait la région de l’Adrar, qu’ils considèrent comme sûre. « Sur cette destination, nous n’acceptons pas l’amalgame du Quai d’Orsay, martèle Maurice Freund. Les risques sont très faibles et nous avons énormément travaillé sur les procédures de sécurité, la formation, l’équipement. » Le Point-Afrique prévoit donc de reprendre ses vols directs Paris-Atar le 25 octobre, avec le soutien de nombreux TO engagés.

UNE SAISON COMPROMISE

Reste que pour le spécialiste des pays sahéliens, la saison s’annonce plus que délicate. Il est désormais seul à maintenir les voyages vers le Niger et, dans ces conditions, n’a aucune chance de remplir le vol qu’il affrète vers Agadez. Maurice Freund pourrait d’ailleurs décider, après sa rencontre avec les chefs locaux prévues le 18 septembre, de mettre fin à ces rotations s’il perçoit « ne plus avoir le soutien des populations locales ». En attendant, les ventes sont en chute libre vers l’ensemble des destinations programmées par le Point, en moyenne de 50 % par rapport à l’an dernier. Mais selon Maurice Freund, l’entreprise serait encore capable de supporter jusqu’à 3 ME de pertes cet hiver. « Le Point-Afrique a été créé pour désenclaver ces régions, s’acharne-t-il. Tant qu’il restera un centime, nous continuerons. »

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