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Roland Berger : « La privation de voyage donne envie de partir davantage »

Roland Berger a organisé un webinaire le 6 mai, sur le tourisme de demain, résultats d’une enquête auprès des voyageurs à l’appui. Avec Accor, Airbnb, Evaneos et les parcs de loisirs comme grands témoins.

Du 1er au 16 avril, le cabinet Roland Berger a mené une enquête auprès de 1500 voyageurs en Europe, dont 500 Français, avec son partenaire Potloc. Sans surprise, 87% des répondants ressentent « fortement » ou « très fortement » le besoin de partir en vacances. Et ce, dès la levée des restrictions pour 67% des Français interrogés. Pour les vacances 2021, « il semble qu’un budget ait été sacralisé », a souligné Sébastien Manceau, spécialiste du tourisme et des loisirs chez Roland Berger lors d’un webinaire organisé par le cabinet le 6 mai sur le tourisme de demain.

« La privation de voyage donne envie de partir davantage, et ce, toutes destinations confondues », a-t-il poursuivi, graphique (ci-dessous) à l’appui. Autre conclusion : les enjeux environnementaux importent pour une majorité des voyageurs européens (à 58%, et même à 62% en France).

Paroles de pros

Lors du webinaire, quelques experts du voyage, représentant des segments différents du voyage, ont apporté des éclairages complémentaires. 

« La reprise, c’est maintenant, mais pas partout », a commenté Edouard Roux de Lusignan, vice-président France et Europe du Sud du groupe Accor. « Nous voyons clairement une reprise mais sur une clientèle plutôt économique », la demande domestique portant la reprise. S’agissant de la clientèle affaires, « une partie va être perdue au profit des nouveaux usages » comme la visio.

« On commence à voir frémir un peu les réservations, uniquement en Europe », « notamment depuis les annonces d’Emmanuel Macron », a complété Eric La Bonnardière, cofondateur d’Evaneos. Et ce, à des niveaux qui restent à -70% à -80% par rapport aux niveaux de 2019. Sur le long-courrier, les voyageurs de la plateforme réservent plutôt sur l’automne et l’hiver. Le Costa Rica et la Tanzanie comptent parmi les destinations privilégiées.

Airbnb note également un impact immédiat des injonctions du gouvernement sur l’activité : « Après les annonces du Premier ministre, nous avons eu une augmentation de 25% le lendemain, par rapport aux trois jours précédents », a souligné Emmanuel Marill, directeur Europe, Moyen-Orient et Afrique de la plateforme de locations saisonnières.

Le Syndicat national des espaces de loisirs, d’attractions et culturels (SNELAC) le confirme. « Dès qu’il y a des annonces du gouvernement, tout de suite, nous avons un frémissement dans la consultation des sites de nos adhérents », a insisté sa déléguée générale Sophie Huberson. « Pourvu que cela se traduise par de la fréquentation », notamment grâce à des visiteurs de proximité.

Une crise sans précédent

Cette crise de 2020 est « unique en son genre » de par sa dimension mondiale, a pour sa part rappelé Sébastien Manceau. « Aucun pays n’a été épargné », a -t-il ajouté en rappelant la chute de 74% des arrivées internationales l’an passé. La France, elle, a enregistré une érosion de 41% des recettes touristiques globales, soit 61 milliards d’euros.

Mais la crise va aussi dans le sens de certains opérateurs, à moyen terme. Pour Emmanuel Marill d’Airbnb, la pandémie va laisser des traces, plutôt bonnes, permettant une meilleure dispersion des flux touristiques en France : « C’est un peu une revanche des campagnes en France ».

Evaneos, lui, observe un autre changement. « Beaucoup de Français voient la France comme un nouveau terrain de jeu », et certains « organisent leur voyage en France comme s’ils organisaient un safari en Tanzanie ou un trek au Népal », a indiqué Eric La Bonnardière. Et ce, parfois, avec un budget important.

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