Rentabilité : les voyagistes en panne de résultats

On savait depuis longtemps que le tourisme, avec des marges faibles, n’était pas un secteur très rentable. La lecture des résultats de l’exercice 2002 a tout de même de quoi inquiéter. Les 195 TO de notre palmarès dégagent tous ensemble 3,7 ME de résultat net, une broutille rapportée aux presque 9 milliards de chiffres d’affaires additionnés. Si l’on met de côté les pertes du Club Med (62 ME) qui plombent le secteur, le bénéfice cumulé atteint 65,15 ME. Le ratio de rentabilité global ne s’en trouve guère amélioré : un très maigre 0,009 %, autant dire… rien. En 2000, nous avions estimé cette rentabilité (le bénéfice rapporté au chiffre d’affaires) à 1,3 %. Elle n’était plus que de 0,85 % en 2001. On touche donc le fond en 2002, même si seulement 24 TO de notre palmarès affichent des pertes.

Les bénéfices, même chez ceux qui nous avaient habitués à de belles performances, ont fondu comme neige au soleil. Ainsi, Fram, s’il réalise encore un profit de 6,4 ME, divise son gain par deux ou presque (-44,5 %). Le TO, champion de la rentabilité il y a quelques années, doit se contenter d’un ratio de 1,6 %, quand il avoisinait les 4 % en 1998. D’autres forts en chiffres ont faibli en 2002. Comme Marmara, qui passe d’un ratio de 3,58 % l’an dernier à un plus modeste 1,4 %. Et que dire de Plein Vent, habitué aux places d’honneur jusqu’en 2000, qui dégage un 0,4 % contre 2,14 % en 2001 et 6,15 % en 1999.

21 % des voyagistes travaillent à perte

Une étude récente réalisée par le cabinet d’audit britannique Plimsoll (*) pointe cette faiblesse aggravée des TO français. Plimsoll a analysé les résultats et tendances de rentabilité sur les quatre derniers exercices de 188 TO. Selon ses conclusions, 21 % des TO travaillent à perte (soit 41 entreprises) alors que 47 seulement, identifiés comme les plus rentables, tirent le marché. Parmi eux, on retrouve des habitués de notre palmarès, Fram, Marmara, mais aussi Capitales Tours (voir encadré) ou Lagrange Vacances, Voyageurs du Monde, Aquatour et Pierre & Vacances.

En tête des meilleurs résultats, on notera la belle performance de Donatello qui a doublé ses bénéfices l’an dernier, comme le groupe Voyageurs du Monde (Voyageurs du Monde, Comptoir, Terres d’Aventure), dont le positionnement sur le créneau à la carte/haut de gamme, avec une distribution intégrée, continue de faire ses preuves.

La rigueur a payé pour VAT, Accor moins heureux en affaires

Vacances Air Transat, malgré un chiffre d’affaires en baisse de 18,6 %, a très bien résisté. Son résultat net a été pratiquement multiplié par deux, résultant d’une gestion très serrée. Soléa Vacances recueille également les fruits d’un management au cordeau. 2002 a été une année exceptionnelle car nous avons réalisé un très gros groupe sur l’île Maurice, remarque Guy Zécri, PDG du spécialiste de l’océan Indien. Mais, au-delà de cette bonne conjoncture et d’investissements informatiques qui avaient été budgétisés et finalement reportés, nous ne nous autorisons, en règle générale, aucun superflu avec une gestion extrêmement serrée, des locaux sans ostentation et des dépenses hypercontrôlées. Nous sommes d’ailleurs rémunérés au résultat par nos actionnaires britanniques. Même rigueur payante pour Aventuria. Le tour-opérateur spécialiste du tourisme d’aventure déjà installé à Lyon, Lille, Marseille, Bordeaux, Nantes et Bruxelles, a d’ailleurs ouvert il y a quelques jours une agence à Paris.

Moins heureux en affaires, Accor Vacances (aujourd’hui sabordé par le groupe Accor) a encore perdu 8 millions d’euros en 2002. De quoi justifier le changement de stratégie en cours du groupe hôtelier, qui n’a jamais su faire ses preuves dans le tour-operating. Aussi durement touchés l’année dernière, les spécialistes des Etats-Unis : Vacances Fabuleuses est passé depuis dans le giron de Kuoni, et Jetset a racheté Equinoxiales, spécialiste de l’Amérique latine. De quoi apporter, à l’un comme à l’autre, de nouveaux relais de croissance.

(*) Pour commander le rapport et recevoir gratuitement la liste des 47 sociétés les plus rentables : www.plimsollpublishing.com ou par téléphone au 0044 16 42 62 64 16, par mail : Plimsollfr@dial.pipex.com.