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Réceptif français : ce qui doit changer

Atomisation : le secteur du réceptif français ne parvient pas à s’organiser pour être compétitif face à des majors européens.Taxation : les professionnels français se plaignent de payer deux fois la TVA. Ils estiment ainsi être pénalisés sur le marché international.Restructuration : les opérateurs privés et institutionnels sont prêts à travailler ensemble autour d’une plate-forme Internet performante.

L’autocar fait une halte minute près du Louvre pour déposer un groupe de Chinois qui se rue militairement vers l’entrée du musée parisien. Il sera visité en moins d’une heure et la découverte de Paris ne dépassera pas deux jours. Après, direction l’Espagne ou l’Italie, ou encore la République tchèque. À coup sûr, l’organisateur de ce grand tour euro- péen n’est pas français. « On sait que ce genre de produits existe, mais je ne vois pas en France un réceptif capable d’organiser un tour équivalent », regrette Paul Roll, directeur de l’Office de tourisme (OT) de Paris. Les organisateurs sont anglais, allemands et espagnols : « Il existe dans ces pays des groupes qui brassent des centaines de milliers de clients, avec des effectifs de plus d’un millier de collaborateurs, qui garantissent des packages so-phistiqués permettant de croiser les circuits, avec possibilité de changer de bus selon les envies des passagers ! », s’ébahit le patron de l’OT.

Sortir du « stade de l’artisanat »

La France est loin de pouvoir rivaliser avec ces majors du réceptif. « Il n’existe aucune structure industrielle en France pour répondre aux besoins du tourisme international moderne », se plaint Christian Orofino, directeur général d’APVF (Austro Pauli-Visit France), qui réalise 7 à 8 % de son CA avec son activité réceptive. Les privés et les institutionnels, sont d’accord : « Nous en sommes au stade de l’artisanat. »

L’absence d’acteur de poids sur le marché réceptif s’expliquerait-elle par le manque de perspectives de développement ? « Au contraire, c’est une mine, une vraie poule aux oeufs d’or », s’enthousiasme Christian Orofino. Au point que des majors, comme Thomas Cook France, regardent d’un oeil assidu les évolutions du secteur. « Bien sûr que Thomas Cook est intéressé, car le TO pense qu’il y a un marché, mais il faut d’abord que celui-ci atteigne une taille critique », souligne Thierry Baudier, DG de Maison de la France. Trop atomisé, le secteur peine à se rendre lisible. « Le Snav compte environ 180 membres réceptifs, mais la famille en compte au moins le double pour un volume d’affaires estimé à près de 1,9 Mde », jauge Marie-Christine Duboscq, présidente du Conseil exécutif des réceptifs. « Chacun prend une initiative dans son coin, quand ce n’est pas une simple agence de voyages qui passe un deal local en fonction des opportunités. Ce n’est pas très cohérent pour les gros marchés », glisse le DG de Maison de la France. Pour le Snav, l’atomisation de l’offre n’est pas une explication suffisante. « Il existe une vraie concurrence déloyale qui pèse sur le développement des entreprises réceptives françaises », lâche Marie-Christine Duboscq. En effet, ces entreprises achètent leur prestation hôtelière, de transfert, de restaurant… et paient la TVA « non récupérable » insiste la représentante syndicale. À ce service, elle applique une marge, également soumise à TVA. « Les entreprises règlent la taxe deux fois quand nos concurrents européens ne la paient qu’une fois. » Pire : comme une entreprise française qui décide de conclure un accord en direct avec les fournisseurs ne paiera qu’une seule fois la TVA, elle a intérêt à ne pas passer par un professionnel. « Ce n’est pas normal que la TVA, qui devrait être un coût neutre, ne le soit pas du tout pour les entreprises françaises », ajoute le secrétaire général du Snav Jean-Marc Rozé. « Je comprends le problème et le gouvernement s’est saisi du dossier », s’enquiert pudiquement Thierry Baudier.

Déjà malmenés par la concurrence internationale, les professionnels doivent également tenir compte de la réforme annoncée de la licence de voyage. La directive mettant fin à l’exclusivité du métier d’agent de voyages peut inciter les organismes associatifs ou institutionnels, comme les Service Loisirs Accueil (SLA), à sortir de leur carcan légal actuel. Les Hautes-Alpes ont ainsi créé une agence de voyages privée avec mission de service public. « Notre objectif n’est pas de concurrencer les agences car nous tentons de vendre ce qu’elles ne veulent pas vendre », s’exclame Véronique Brizon, directrice de la Fédération nationale des comités départementaux du tourisme (FNCDT) et des SLA. Le CA de 84 Me réalisé en 2007, en progression de 2,5 %, montre pour la directrice l’utilité des SLA, qui draine « une clientèle à 90 % française quand les réceptifs captent une clientèle à 90 % étrangère ».

Allier institutionnels et opérateurs privés

« Les comités départementaux du tourisme sont les meilleurs experts de la France », défend Christian Orofino. « Nous, nous proposons des solutions de commercialisation qu’elles n’ont pas », continue-t-il. Les grands réceptifs ont ainsi la capacité à transformer une offre régionale en offre transversale thématique. Par cette modification, ces entreprises offrent stocks, visibilité, puissance commerciale et formatrice, dans la limite de leurs moyens. « Avec l’outil adéquat, je peux passer de 6 500 clients sur la France à plus de 20 000 », jure le DG de Visit France. « En ayant juste les outils pour répondre à la demande et sans la susciter, j’intéresse des TO du Liban, d’Afrique du Sud d’Australie, d’Autriche ou d’Égypte. » « La concurrence des SLA existe déjà, il faut aller au-delà de ce débat passéiste », lance le patron de Maison de la France. Pour les professionnels, la solution passe par la mise en place d’un outil Internet capable de présenter une offre complète de la France, alliant institutionnels et opérateurs privés. « C’est une idée intelligente », s’enthousiasme Véronique Bizon. Maison de la France compte ainsi beaucoup sur son site Franceguide pour attirer les volontaires et organiser l’offre sur le marché international. La précédente expérience Resinfrance avait été un échec. « Avec un cahier des charges précisant les rôles de chacun, les modes de financement et les besoins technologiques, la plate-forme sera une solution », espère Thierry Baudier.

Mettre en place un outil Internet capable de présenter une offre complète de la France

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