Paris : l’Office du tourisme ferme son point d’accueil et mise sur le digital
Full digital, ou presque. Avec la fermeture de Spot24, installé près de la tour Eiffel en vue des Jeux olympiques, l’Office du tourisme Paris je t’aime va se séparer de plusieurs collaborateurs. L’équipe pilotée par Corinne Menegaux change de méthodes d’information, elle compte aussi tisser un réseau de relais physiques d’information.
L’Office du tourisme de Paris, baptisé Paris je t’aime, s’apprête à fermer son tout dernier point d’accueil touristique, Spot24. Ce lieu d’accueil touristique, ouvert aux visiteurs depuis le mois d’avril dernier, devrait mettre la clé sous la porte le 12 janvier 2025, comme l’a révélé le magazine En-Contact. Il avait remplacé celui qui existait précédemment au coeur de Paris, rue Beaubourg.
Dix ans plus tôt, l’organisme disposait de cinq points d’accueil, dans différents quartiers. Mais les modes d’information changent, les ressources financières se tarissent. « Le modèle de l’accueil physique coûte très cher et n’est pas forcément efficace ni adapté aux nouveaux usages digitaux », nous explique une source proche du dossier.
« Avoir un seul lieu physique n’a plus de sens pour une ville comme Paris aux attraits touristiques aussi diffus sur le territoire, souligne Corinne Menegaux, directrice générale de l’OT. New York n’a plus d’office de tourisme physique depuis des années. » Et Paris, qui accueille chaque année environ 40 millions de touristes, prend le même chemin.
La nouvelle stratégie d’information B2C de la première destination mondiale repose sur deux piliers : le digital et des relais physiques d’information.
Conciergerie touristique digitale
« L’évolution des comportements des visiteurs combinée à la spécificité d’une ville comme Paris nous conduisent à repenser notre maillage d’information touristique de proximité », confirme pour sa part l’office du tourisme à L’Echo touristique. « Nous allons développer et tester de nouveaux services hybrides d’information, de conseil et d’assistance », ajoute-t-il.
Paris je t’aime promet « une conciergerie touristique 7/7, joignable par téléphone, mail et, dès lundi, messagerie instantanée WhatsApp, pour offrir un conseil personnalisé et répondre aux besoins des visiteurs en amont ou sur place ».
La WebApp complète le dispositif. Lancée pour les Jeux olympiques et paralympiques (JOP), elle a enregistré environ 200 000 vues depuis sa création. Le téléphone 01 49 52 42 81, lui, doit être réactivé le 13 janvier.
Un réseau de partenaires physiques à construire
En complément, l’équipe dirigée par Corinne Menegaux compte développer « un réseau de partenaires locaux, tels que des kiosques, bureaux de poste, adhérents et acteurs du tourisme », nous indique l’OT. Avec un objectif : les transformer « en points d’information officiels et accessibles sur tout le territoire ».
Reste à identifier et former tous ces « ambassadeurs » de la destination Paris et à leur donner des outils ad hoc. Ce qui n’est pas une mince affaire.
Les kiosquiers s’intéresseront-ils à la labellisation « Paris Je t’aime » ? L’office du tourisme veut y croire, même si le complément de revenus proposé reste hautement symbolique (100 euros par mois). Pendant les JOP, 32 des 400 kiosques à journaux du Grand Paris ont en tout cas joué le jeu.
« Contrairement à ce qui a pu être évoqué, notre démarche ne vise pas à supprimer l’accueil physique mais à le réorganiser avec le soutien de nos partenaires pour mieux répondre aux attentes des visiteurs », insiste aussi Paris je t’aime.
Vers la suppression de 9 postes
Le plan de transformation de l’accueil touristique vise, aussi, des économies.
Selon nos informations, neuf postes devraient être supprimés, dont sept personnes à l’accueil. La structure compte aujourd’hui environ 80 personnes. Sachant que les frais de personnel représentent près de 30% des dépenses, dans un contexte économique tendu.
« Les subventions de la Ville de Paris dédiées au fonctionnement général de l’association baissent régulièrement entre 2015 et 2022″, souligne la Cour des comptes dans un rapport publié en 2024. Le conseil de Paris a récemment alloué une subvention de 4 millions d’euros pour 2025, contre 6,5 millions pour 2015. « Compte tenu, notamment, de cette baisse des subventions d’exploitation, l’OTCP (l’office) peine à équilibrer ses comptes. » Cette diminution de l’enveloppe de l’Etat n’a pas été compensée par la vente de produits et services comme la billetterie. En 2022, le compte de résultat 2022 ressort à -185 083 euros.
Vers des reclassements ?
Dès 2017, l’Office s’est réorganisé pour diminuer ses coûts, reconnaît toutefois la Cour des comptes. En passant de 5 à 2 points d’accueil touristique, il avait supprimé neuf emplois.
L’histoire serait donc en train de se répéter, alors même que le digital transforme aussi les moyens d’information. « La fréquentation de l’office de tourisme a chuté de 250 000 visiteurs en 2019 à 150 000 visiteurs en 2024, soit 0,5% du visitorat global. Nous sommes dans un changement profond de comportement. »
« Compte tenu du contexte économique fragile de l’association, un dialogue social est engagé avec les équipes concernées pour les accompagner au mieux dans cette transformation et trouver des opportunités de reclassement », assure l’organisme de promotion.
