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Nous devons rester vigilants!

« L’Association professionnelle de solidarité du tourisme multiplie les projets et déborde de son rôle de fournisseur de « garantie financière ». Nouveaux services, baromètre des consommateurs, observatoire de l’emploi et opérations de lobbying sont au programme de 2007. »

A l’issue de l’assemblée générale de l’APS, quel bilan dressez-vous de l’année 2006 ?

d 2006 n’a pas été un excellent cru. Nous étions inquiets car nous avons dû faire face à plusieurs sinistres importants dès le premier semestre, et notamment ceux de deux groupistes, Objectif Insolite et Aiskep. Heureusement, la vente de voyages à forfait s’est redressée en fin d’année. Au final, l’Association professionnelle de solidarité du tourisme (APS) a enregistré trente six défaillances, des distributeurs en majorité, soit davantage qu’en 2005, mais pour un coût global moindre. Cela nous permet d’afficher un résultat excédentaire de 1,2 million d’euros, notre quatrième meilleure année en dix-huit ans.

Quel a été l’impact du changement de modèle économique dans les agences, avec la fin des commissions aériennes ?

d Beaucoup d’agences avaient anticipé la mise en place des frais de services, mais il n’y a pas de règle générale. Sur le terrain, les réseaux volontaires ont toutefois été plus lents à sauter le pas que les indépendants. Certains ont facturé des frais élevés dès le départ pour maintenir leurs marges, quitte à effectuer des réajustements par la suite ou à proposer des ristournes à leurs clients. Nous allons présenter prochainement nos ratios pour 2006. L’APS est en situation de force car elle est la seule à disposer à la fois du bilan des entreprises et de leur volume d’affaires. En 2006, la croissance a été tirée par la grande distribution et le Web, quand les agences traditionnelles stagnent. Sans surprise, nous constatons que les barrières entre les métiers sont de moins en moins étanches. Les distributeurs fabriquent des séjours au travers du forfait dynamique ou des produits pour les groupes, les producteurs poussent les ventes directes via Internet. Ce qui, sur le papier, augmente le risque pour l’APS. Mais l’association a beaucoup amélioré ses contrôles pour être alerté le plus tôt possible en cas de difficultés d’une entreprise.

Le fonds de garantie de l’APS vous semble-t-il suffisant pour faire face à un gros sinistre ?

d Si l’on tient compte de nos liquidités et de la valeur de nos locaux, le fond de garantie avoisine les 13 ME, auxquels il faut ajouter le montant de notre réassurance auprès de Coface Belgium, soit 7,6 MEsupplémentaires. Ce fond a été multiplié par 10 en dix ans et il ne paraît pas nécessaire d’augmenter les cotisations, fixées à 0,6 % du volume d’affaires. L’objectif est de poursuivre son augmentation grâce à une bonne gestion. Nous devons toutefois rester vigilants car nous pouvons toujours devoir faire face à une année difficile. Pour mémoire, sur les dix-huit derniers exercices, huit ont été négatifs ! Autrefois, une défaillance moyenne coûtait 60 000 E, certaines s’élèvent à présent à 800 000 E.

Faut-il revoir le montant minimum de garantie ?

d Fixé par décret, il est aujourd’hui d’environ 99 000 E (650 000 francs auparavant) et augmente en fonction du volume d’affaires de l’entreprise, ce qui me paraît approprié. En effet, si l’on regarde le profil de nos adhérents, 28 % réalisent un volume d’affaires annuel inférieur à 1 M E, 21 % entre 1 et 2 ME et 14 % de 2 à 3 ME.

Comment expliquez-vous ces défaillances ?

d Si 3 % des sinistres sont à mettre sur le compte de quelques escrocs, ils résultent à 85 % d’un problème de gestion. Les petits patrons sont des commerçants qui ont le nez dans le guidon, et non des gestionnaires. Ils doivent impérativement anticiper. Ils ne sont pas assez nombreux à réaliser un budget prévisionnel, à rencontrer leur banquier pour pallier les périodes où ils savent que traditionnellement, ils rencontreront des problèmes de trésorerie. Il faudrait qu’ils consacrent au moins 15 % de leur temps à la gestion. L’APS insiste par ailleurs régulièrement sur le fait qu’en cas de difficultés, une entreprise ne doit pas hésiter à nous contacter plutôt que de pratiquer la politique de l’autruche. Nos équipes peuvent l’aider. Nous sauvons une dizaine de sociétés chaque année.

La révision des statuts de l’APS participe de cette volonté de mieux contrôler les agences ?

d Dans ce projet de toilettage de nos statuts, dont le texte est sur le bureau du ministre du Tourisme pour avis, il y a la volonté de stipuler clairement que l’agence de voyages doit prévenir la préfecture et son garant de toute modification importante de son activité. Et d’exclure tout adhérent qui ne respecte pas ces règles, qui existent déjà mais ne sont pas assez explicites. Dans le cas de la défaillance du TO Elégance l’été dernier par exemple, nous avons été mis devant le fait accompli, alors que l’entreprise affrétait huit chaînes charters et aurait dû nous prévenir. Cela relève du pénal ! Une procédure est d’ailleurs en cours contre une entreprise, qui n’est pas nécessairement Elégance. Je ne peux pas en dire plus. Il ne s’agit pas pour l’APS de récupérer de l’argent ou d’envoyer quelqu’un en prison, mais de faire un exemple.

Quels sont les autres aspects de cette réforme ?

d Il s’agit plus d’une évolution que d’une révolution. Nous souhaitons qu’un représentant des groupistes intègre le bureau de l’APS. Par ailleurs, un article porte sur la limitation du mandat du président à trois ans, renouvelable une seule fois, et sur sa rémunération. Cette dernière sera fixée par un comité composé du trésorier et de deux membres d’honneur, dont je pourrais faire parti puisque je ne me représenterai pas à la présidence de l’APS en mars 2008. Plusieurs allers-retours sont nécessaires avec le ministère du Tourisme et des Finances, avant et après l’adoption des nouveaux statuts en assemblée générale extraordinaire. J’espère boucler ce dossier d’ici fin 2007.

Vous réunirez alors plus de 3 000 adhérents ?

d Nous franchirons ce cap durant l’été. Nous sommes confrontés aujourd’hui à de nombreux départs de professionnels à la retraite, qui arrêtent leur activité sans avoir trouvé de repreneur. Nous recevons heureusement environ 250 demandes d’adhésions de jeunes entrepreneurs par an. La croissance de l’APS se fait aujourd’hui sur les habilités (offices de tourisme, hôteliers… NDLR) et sur de nouveaux entrants, dont l’activité est très orientée vers Internet ou qui sont positionnés sur des niches d’activité. Ces patrons viennent frapper chez nous car il est souvent plus difficile pour eux de s’adresser à une banque. L’APS, qui garantit 85 % de la profession, apporte de surcroît une gamme de services, sans oublier la garantie totale des fonds déposés, un plus pour le client en cas de défaillance de l’agence.

Vous aviez justement menacé de remettre en cause ce principe de garantie des fonds déposés si les décrets réformant la loi de 92 avaient été publiés…

d L’APS et le Snav sont montés au créneau pour alerter les pouvoirs publics sur le danger que représentaient les deux projets de décrets d’application de l’ordonnance n° 2005-174 du 24 février 2005. Le texte aurait établi une concurrence biaisée, avec un bradage du métier compte tenu des compétences demandées pour la nouvelle habilitation que souhaitait mettre en place les autorités, et de son étendue large et floue. Cette arme de la garantie totale des fonds déposés, dont la suppression aurait constitué un pas en arrière pour le consommateur, a contribué à faire reculer les pouvoirs publics. Je ne sais pas ce que décidera le prochain gouvernement, le texte devra être renégocié. Nous serons intraitables : les futurs habilités ne doivent pas avoir les mêmes possibilités que les licenciés.

Votre position sur les vols secs a en revanche évolué ?

d Evoquée par les pouvoirs publics après les problèmes de l’été 2006, l’éventuelle prise en compte du vol sec dans le périmètre de la garantie financière est totalement irréaliste. Cette proposition est en passe de mourir de sa belle mort. La France serait alors allée une fois de plus au-delà de la directive européenne, avec un risque de distorsion de concurrence pour les agences françaises.

Pourquoi l’APS s’immisce-t-elle dans la campagne électorale actuelle ?

d L’objectif est de rappeler que le tourisme pèse fortement dans l’économie française. Nous avons adressé une lettre aux candidats à l’élection présidentielle, aux sénateurs et aux députés. Une opération qui sera relayée par des encarts dans la presse. Nous espérons que nos adhérents, qui vont recevoir un kit leur permettant de transmettre l’information à leurs élus locaux, joueront le jeu. Ce kit insiste sur trois points : le différentiel de TVA en Europe, le paracommercialisme et les problèmes liés à la responsabilité des agences. Je tiens à souligner que nous accueillons gracieusement le Syndicat national des agences de voyages (Snav), en affichant son logo, lors de cette opération qui coûte 200 000 E à l’APS.

Quel est justement l’état de vos relations avec le Snav ?

d Nous avons établi un accord qui porte sur quatre ou cinq points et qui fonctionne très bien. L’APS et le Snav n’ont ni la même mission, ni le même objet. Nous avons toutefois comblé certains manques, en développant par exemple des services. Il est vrai que l’APS possède davantage de moyens que le syndicat, d’autant que nous regroupons 3 000 membres quand le Snav en compte 1 300. Nous proposons notamment de la formation, des aides juridique et comptable. Et, nous allons créer un service d’assistance, pour répondre aux questions de nos adhérents en matière d’assurance.

Pourquoi avoir choisi de mener de votre propre côté des actions de lobbying à Bruxelles, plutôt que de regrouper vos forces avec le syndicat ?

d Comme je l’ai déjà dit, nous n’avons pas les mêmes objectifs, et cela se traduit dans nos méthodes. Le Snav a choisi de faire du lobbying via l’Ectaa, l’association des agences européennes, que je considère aux mains des Anglo-saxons. L’APS a préféré signer un contrat, effectif depuis le 1er janvier, avec une véritable société de lobbying. Elle nous a déjà permis d’exposer notre avis sur le futur Livre vert relatif à la protection des consommateurs, qui concerne huit directives européennes dont celle sur la vente de voyages à forfait. Nous avons deux avantages : la personne qui nous représente connaît très bien le tourisme pour avoir été professionnel dans le transport aérien, et nous apparaissons avec notre casquette de défense du consommateur, et non avec une image corporatiste. Des actions de lobbying seront parallèlement réalisées en France avec Michel Messager, qui vient de céder son poste de secrétaire généra

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