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Nicolas Dayot (FNDHPA) : « L’été a été sauvé dans les campings, mais 2020 reste en recul »

Si la crise du Covid-19 a forcément impacté l’hôtellerie de plein air, le secteur s’en sort plutôt mieux que prévu. Mais avec de fortes disparités. Et encore beaucoup d’incertitudes.

Il faudra encore attendre que les chiffres soient consolidés, mais les contours du bilan estival dans l’hôtellerie de plein air sont déjà bien esquissés. “Pour faire court, on pourrait dire que si juillet et août ont pu être sauvés, cela ne compense pas le printemps perdu à cause du confinement”, résume Nicolas Dayot, le président de la Fédération Nationale de l’Hôtellerie de Plein Air. Mais ce serait faire abstraction, précise-t-il, de situations très contrastées d’un établissement à l’autre… et sur les différents marchés. “Les réservations des Français ont redémarré immédiatement, alors même que le discours d’Edouard Philippe, le 28 mai, n’était pas encore terminé ! Le feu vert pour l’ouverture des piscines, élément crucial pour nous, a aussi été déterminant. Au final, les campings ont pu rouvrir dans des conditions favorables, proches de la normale, le 2 juin”, rappelle Nicolas Dayot. « Progressivement, on a remarqué une accélération du rattrapage des réservations. En juillet, on enregistrait des réservations en hausse de 70% par rapport à l’année précédente. »

Une baisse du chiffre d’affaires estimée entre 20 et 25% pour 2020

En terme de chiffre d’affaires, si juin a clairement pâti de la situation, juillet et août n’affichent que des baisses mesurées par rapport à 2019, qui était une année record. “Quand on pense à la façon dont se profilait la saison il y encore quelques mois, c’est inespéré”, commente Nicolas Dayot. “Malgré tout, nous devrions être sur 2020 sur une baisse de l’ordre de 20 à 25% du chiffre d’affaires”, analyse-t-il. Les bonnes performances de l’été n’auront donc pas suffi à compenser un printemps où l’activité était au point mort.

De cette saison inédite, Nicolas Dayot tire plusieurs constats. “Ce sont les hébergements locatifs qui ont le mieux marché, observe-t-il. Pour plusieurs raisons. Pour des questions de sécurité sanitaire – les vacanciers ont choisi de moins utiliser les équipements collectifs – mais aussi parce que la clientèle étrangère, qui préfère habituellement camper sous la tente, n’était pas là. Nous estimons que la moitié de la clientèle étrangère était absente par rapport à d’habitude. Ca a donc pesé sur la fréquentation des emplacements nus.”

Dans cette saison compliquée à plus d’un titre, il y aura aussi eu des bonnes surprises. “On perçoit une hausse assez nette de nouveaux clients, qui n’étaient pas des habitués du camping. Certains Français, notamment ceux qui voulaient séjourner à la campagne, ont découvert ce mode de vacances, alors qu’ils allaient davantage dans des villages de vacances. A nous maintenant de savoir les fidéliser.”

« On peut travailler avec le virus »

D’autres surprises ont été moins réjouissantes pour certains. “Il y a un phénomène de fortes disparités d’une région à l’autre, d’un département à l’autre, et même parfois entre deux campings très proches, de même niveau. Certains vont avoir réussi leur saison, quand le camping d’à côté l’a loupée sans qu’on sache vraiment pourquoi. Il est encore trop tôt pour comprendre ce qui explique ça”, estime Nicolas Dayot. Les comportements particuliers des vacanciers cet été, en quête de destinations moins fréquentées et de campings peut-être plus intimistes font partie des hypothèses émises. Des critères largement subjectifs, en tout cas, qui pourraient expliquer ces phénomènes très aléatoires.

Et puis bien sûr, il a fallu gérer le virus. “Nous avons eu un certain nombre de suspicions de cas qui ont été très majoritairement négatifs, rapporte Nicolas Dayot. C’était bien sûr très stressant, notamment pour les gérants des campings, mais ça s’est bien passé, il n’y a pas eu de fermeture. Il y a parfois eu des dépistages conséquents, parfois la moitié des clients d’un camping, mais il n’y a pas eu de panique, et les services de l’État ont été très réactifs. Ce qui veut dire que l’on peut travailler avec le virus. Le secret de tout ça, c’est de ne surtout pas attendre. Quand il y a suspicion, il faut tout de suite prendre contact avec la fédération et avec les services de l’État. Réagir extrêmement rapidement pour que ça reste sous contrôle, c’est la clef”, martèle Nicolas Dayot.

Des comportements qui risquent encore de changer

Les regards sont désormais tournés vers l’arrière-saison. “Certains pensaient se refaire une santé avec le retour des étrangers, mais les nouvelles restrictions émises par certains pays au regard de la situation sanitaire ne vont pas dans le bon sens”, détaille Nicolas Dayot. “Pour certains campings très dépendants de la clientèle étrangère, c’est une catastrophe.“ Au niveau de la clientèle française, les avoirs permettent de soutenir les réservations. Les retraités, qui devaient séjourner au camping au printemps ont tout de suite réservé à nouveau pour septembre. Pour le moment, il n’y a pas de vague d’annulations.” Si la situation sanitaire le permet, certains campings prolongeront sans doute la saison pour tenter de rattraper le manque-à-gagner du début d’année. Une tendance déjà forte dans le secteur, avant même que ne survienne la crise du Covid.

Et après ? « On va préparer au mieux notre saison 2021, pour être prêts si le virus est encore là. Pour autant même si nous n’en avons pas fini avec le Covid-19, il n’est pas dit que 2021 ressemblera à 2020. Par exemple, les clients qui ont opté pour des destinations « alternatives » cette année en reviendront-ils conquis, feront-ils les mêmes choix l’an prochain ?”, s’interroge Nicolas Dayot. Pas si sûr… Pas question, donc, de baisser la garde.

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