Mahabalipuram Des temples à la plage

Ma mère m’a dit cours, cours vite ! Alors j’ai couru sans m’arrêter et la grosse vague ne m’a pas rattrapé. Du haut de ses cinq ans, Sanji raconte sans émotion apparente sa journée du 26 décembre dernier. Avec sa famille, il est relogé dans un des nombreux villages de réfugiés le long de la côte du golfe du Bengale. Les cahutes des pêcheurs n’ont pas résisté à l’assaut du tsunami. Les grands temples, si ! A Mahabalipuram, au sud de Madras, la dynastie des Pallava a érigé, sur le sable, quelques-uns des édifices les plus célèbres du sud de l’Inde. Et depuis plus de douze siècles, ils défient l’océan. Le Temple du rivage dédié à Shiva a beau être rongé par le sel et désormais protégé par une digue et une clôture métallique, il en impose encore avec ses deux tours pagodes finement ciselées qui rappellent les temples d’Angkor, au Cambodge. Plus à l’intérieur des terres, le clou de la visite est un haut relief extraordinaire, taillé dans un bloc de granit doré qui raconte la descente du Gange. Ou comment Shiva laissa s’écouler dans sa chevelure les eaux du fleuve pour en faire don à la terre. Des dizaines de personnages, d’êtres célestes et d’animaux composent ce tableau de pierre, chef-d’oeuvre de l’art rupestre, qui a fait naître des vocations. Le village de Mahabalipuram est un repaire de sculpteurs qui taillent, à la chaîne, tout le panthéon hindou, Mahatma Gandhi compris !