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Les salaires du tourisme revus a minima

Le constat : l’activité et les résultats de beaucoup d’agences et de TO se sont tassés. Et les perspectives du marché ne sont pas encourageantes.L’analyse : pour préserver les résultats et la pérennité de leur entreprise, les responsables d’agences doivent ajuster leurs dépenses. Ils sont tentés de revoir leur politique salariale.Les réactions : selon leur taille, profil, résultats, type de management et culture, ils adoptent des attitudes

Sale temps pour les salaires. « Les employeurs sont frileux pour accorder des augmentations de salaires cette année » , constate Jean-Luc Létisse, délégué syndical Force ouvrière. Euphémisme ? Les grands médias focalisent sur quelques baisses de salaires ou sur les destructions d’emplois. Mais la question salariale reste plutôt un sujet tabou dans beaucoup d’entreprises ou fédérations, voire syndicats, qui placent en première ligne la défense de l’emploi. Car les revendications en la matière et la défense du pouvoir d’achat, difficiles à soutenir en période de basse inflation, sont aussi mises en balance face à l’emploi en période de crise. « Vous ne trouverez que des hérissons qui se referment », avait prévenu Richard Vainopoulos, le président de Tourcom. De fait un très grand nombre de portes d’agences ou de TO se sont refermées à la simple évocation du mot salaire. « Crise ou pas crise, le sujet reste délicat dans les PME françaises, d’autant que les méthodes n’y sont pas toujours d’une grande transparence », glisse un consultant.

LE SIMPLE GEL EST PEU RÉPANDU

En fait, entre réductions et augmentations, les solutions divergent. Les agences qui admettent être touchées par la crise ont déjà des attitudes très variées. Les rares réductions de salaires ont été montées en épingle, sans dire qu’elles étaient assorties de réductions du temps de travail : c’est ce qu’affirme Donatello, qui estime avoir été lésé par une communication hâtive. Même le simple gel est peu répandu, ou peu avoué. Quant aux plans massifs de réductions d’emplois, ils sont le fait de grands groupes internationaux comme CWT ou Amex : « Ils n’hésitent pas à réduire les horaires et les salaires, ou à monter des charrettes de licenciements, parce qu’ils travaillent avec des petites mains, faciles à retrouver en cas de reprise », pense un patron de PME du secteur. La plupart des petites agences, elles, restent prudentes, soucieuses de préserver l’avenir : leur activité baisse, mais elles freinent ou retardent les augmentations ou les primes. Parfois, la part variable est recalculée ou supprimée, tandis que le budget primes, compacté, est réservé aux éléments les plus motivés ou à conserver. Parfois, certains avantages annexes (mutuelle, Ticket Restaurant…) sont revus. « Certains patrons de mon réseau ne se paient pas pour sauver leur trésorerie », affirme Richard Vainopoulos. La plupart du temps, l’objectif est de réduire la masse salariale, sans trop de dommages. Christian Coulaud dans l’agence Runaworld a bloqué toute augmentation et s’est séparé à l’amiable de deux salariés sur quatorze. Le petit TO Meditrad a gelé augmentations et primes. Seuls les bas salaires ont été revalorisés. Les contrats temporaires n’ont pas été reconduits. « L’important est de préserver ceux qui sont formés à l’esprit maison pour être prêts en cas de reprise », souligne Alice Hofman, directrice. Car les employeurs jonglent avec tous les curseurs dont ils disposent. Ainsi Patrick Abisset, de Selectour MVM (11 points de vente, 80 employés) explique : « À condition de maintenir nos charges au niveau de 2008, nos résultats 2009 resteraient équilibrés même avec une baisse d’activité de 10 % en tourisme et de 20 % en voyages d’affaires. » Bien qu’il n’en soit pas là, MVM s’est contenté des hausses de salaires légales, « sans diminuer l’effectif ni rétrograder personne », et il valorise les incentives sur les ventes additionnelles. Pour l’exemple, les trois actionnaires ont décidé de ne se distribuer aucun dividende cette année, « pour garder de bons ratios et rassurer le personnel ». Lionel Abasque chez Terres d’Aventures, qui arrêtera sa politique début juillet, souligne deux « effets parachutes » pour ses salariés : le minimum d’augmentation annuelle de 1 % garanti par la convention collective et les 50 % du résultat net qu’il redistribue. L’agence affaires Frequent Flyer Travel (Tourcom) est un cas rare. Malgré la baisse de ses recettes, elle fait un effort supplémentaire. « Des salariés bien rémunérés et choyés donnent le meilleur d’eux-mêmes », précise Marc Leidelinger, directeur qui, pour favoriser ce cercle vertueux, a augmenté les salaires de ses employés de 3,5 % en 2009, bien que l’activité ait baissé de 10 % et les profits de 5 %. Les plus basses rémunérations sont déjà à 1 600 E bruts sur 13 mois, auxquels s’ajoutent des bonus liés aux résultats, primes individuelles de qualité, mutuelle, prévoyance, Ticket Restaurant… « Sans ce choix politique, notre activité aurait baissé de 25 % », estime-t-il.

DES POLITIQUES MAINTENUES

Restent les agences, de niche ou en ligne, qui disent ne pas être touchées par la crise et déclarent maintenir leur politique salariale. Go Voyages, en croissance ininterrompue, a augmenté les salaires de 2,4 % cette année, tandis que participation et intéressement représentent 1,5 à 2 mois de salaire par an. « Nous n’avons pas ressenti la crise à ce jour et n’avons donc rien changé à notre politique salariale », explique de son côté Michel-Yves Labbé, chez Directours. « Nos salaires sont plus élevés que la moyenne du marché avec une part variable qui peut atteindre jusqu’à 30 %. Nous faisons un travail complexe et chaque employé représente une valeur importante dont la société ne peut pas se séparer. » Idem pour le TO Visiteurs, dont le chiffre d’affaires et les résultats sont étales par rapport à 2008. « Nous maintenons notre politique salariale avec un fixe complété d’un 13e voire 14e mois pour certains, une part variable entre 15 % et 40 % selon les postes, et des réajustements au coup par coup », explique Didier Rabaux, directeur, pour qui « tout le monde est impliqué dans les résultats. On sait vers quoi on va ».

Les salaires sont un sujet tabou dans beaucoup d’entreprises ou fédérations, voire syndicats, qui placent en première ligne la défense de l’emploi.

« En temps de crise, le salaire n’est pas le seul moyen pour motiver les salariés. Le principal levier reste une communication interne incitant à se battre ensemble »

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