Les Antilles attendent l’hiver avec espoir

Cette courte poussée de fièvre a rappelé de mauvais souvenirs. Mi-août, une grève de trois jours a partiellement bloqué les stations-service de Martinique, faisant resurgir le spectre des conflits sociaux de février et mars derniers, qui avaient paralysé l’île, et plus encore sa cousine guadeloupéenne. Même si « chaque petite étincelle sociale ne mérite pas qu’on en parle comme s’il s’agissait d’un feu en Californie », tempère Madeleine de Grandmaison, la directrice du Comité martiniquais du tourisme, les mouvements de l’hiver ont laissé des traces dans les mémoires des touristes. Pour les rassurer, les professionnels du secteur clament en choeur que la situation sociale s’est apaisée, et que les activités touristiques ont repris leur cours normal.

LE COUP DE POUCE SE FAIT ATTENDRE

C’est déjà ce qu’affirmait, fin juin, Bruno Cordonnier, directeur de l’exploitation de Pierre et Vacances, lors de la réouverture par le groupe de son village de Sainte-Anne, en Guadeloupe. « Nous ne nous aventurerions pas à recevoir des clients si nous n’étions pas sûrs de les accueillir dans de bonnes conditions », affirmait-il alors. Tandis que ni le Club Med, ni Nouvelles frontières n’ont fait le pari de rouvrir dès cet été leurs unités guadeloupéennes, repoussant cette reprise d’activité aux vacances de la Toussaint, qui marquent le début de la haute saison hivernale, Pierre et Vacances a atteint sur son village de Sainte-Anne un taux de remplissage moyen de 55 % en juillet et août, légèrement en dessous des objectifs. « En Guadeloupe, commente Christian Bertin, le directeur général de l’activité tourisme France, nos chiffres de fréquentation sont environ 30 % inférieurs à ceux de l’été 2008. En Martinique, en revanche, nous sommes à l’étale. » Madeleine de Grandmaison ajoute : « le bilan de l’été en Martinique ressemble à celui de la métropole : les clientèles locales qui ont soutenu l’activité », ajoute « Sur les Antilles, nous avons fait à peu près aussi bien qu’à l’été 2008 », assure de son côté Gilbert Cisneros, PDG d’Exotismes. À coups de prix cassés ? « Pas en juillet et août, affirme-t-il. Ils étaient comparables à ceux de l’an dernier ; seules les surcharges carburant ont baissé. » Et il annonce que les réservations pour l’hiver sont en hausse de 10 à 15 % par rapport à l’an dernier. « Nous n’allons pas faire la saison du siècle, mais ce sera une année normale. Et la psychose autour de la grippe A a tendance à nous servir, car la qualité des infrastructures de santé dans les Dom-Tom rassure les familles. » S’ils affichent un certain optimisme, les TO espèrent cependant un coup de pouce institutionnel. En mai, lors de l’opération « Partir aux Caraïbes », montée conjointement par les ministères de l’Outremer, du Tourisme et Maison de la France, et qui avait permis la vente de milliers de packages à prix cassés, Yves Jégo, alors secrétaire d’État à l’Outremer, avait promis de nouvelles actions à l’automne. Un remaniement ministériel plus tard, celle qui lui succède, Marie-Luce Penchard, qui a fait le déplacement les 2 et 3 septembre, ne s’est pas encore prononcé sur le sujet. Des réunions avec les voyagistes pourraient avoir lieu dans les prochaines semaines. En attendant, « elle n’a annoncé rien qui vaille lors de son passage aux Antilles, à part une hausse de 6 centimes du prix de l’essence », regrette Madeleine de Grandmaison. Une annonce qui a déclenché l’ire du LKP, le syndicat qui a mené la fronde en Guadeloupe l’hiver dernier.