L’édito de Dominique Gobert : contrôleurs aériens, vers la fin des privilèges ?
Il ne faut jamais désespérer, tout finit par arriver. Et pour les contrôleurs aériens, ceux qui « grèvent » pour un rien, il semble que leurs privilèges de nuisance soient en voie de législation.
C’est le Sénat, jeudi, qui, par la voix de Vincent Capo-Canellas, centriste bon teint, vient d’adopter en première lecture une proposition de loi relative à la prévisibilité de l’organisation des services de la navigation aérienne en cas de mouvement social et à l’adéquation entre l’ampleur de la grève et la réduction du trafic.
Il était temps, depuis le temps (oui, c’est exprès) que cette aberration dure et pénalise les compagnies aériennes et surtout leurs passagers.
D’autant que ces contrôleurs aériens, privilégiés parmi les privilégiés, peu concernés par la réforme de la retraite, très bien rétribués, bénéficient d’un régime bien particulier. En effet, dès qu’un syndicat de contrôleurs décide d’un mouvement de grève, chaque contrôleur n’est pas obligé de se déclarer « en avance ». Ce qui fait que, le jour de la grève, personne ne sait qui sera (ou pas) gréviste. Et, par le fait même, à chaque mouvement, la Direction générale de l’aviation civile demande aux compagnies l’annulation d’un certain nombre de vols.
Ainsi que le souligne le rapporteur de la proposition de loi, un mouvement social au sein de la Direction des services de la navigation aérienne (DSNA) peut conduire à des « abattements préventifs de vols, à des retards importants préjudiciables aux voyageurs, ainsi qu’à des annulations de dernière minute, et ce, y compris lorsque le nombre de grévistes est très réduit ».
Par manque d’informations donc…
Capo-Canellas veut donc, par le biais de ce projet de loi, créer « une obligation de déclaration individuelle de participation au mouvement social à midi l’avant-veille d’une journée de grève. Ce dispositif permettrait de fournir au ministère chargé de l’aviation civile une information précise, complète et fiable sur la présence effective des personnels de navigation aérienne qui assurent des fonctions de contrôle, d’information de vol et d’alerte, dont l’absence est de nature à affecter directement la réalisation des vols. Il favoriserait ainsi la prévisibilité nécessaire de ces services, ainsi que la bonne information des compagnies aériennes et des passagers ».
C’est pourtant simple et on se demande pourquoi cette proposition n’a pas été présentée beaucoup plus tôt. Mais n’est-il pas vrai qu’il vaut mieux tard que jamais.
Cependant, rien n’est encore joué Maintenant que le projet de loi a été adopté à une très large majorité par le Sénat, le projet est envoyé en lecture à l’Assemblée nationale, laquelle a le dernier mot
Les députés sont-ils assez courageux pour légiférer intelligemment ? J’ose espérer.
En tout cas, cette initiative sénatoriale a eu le mérite d’éveiller Clément Beaune, ministre délégué aux Transports, lequel s’est « félicité » (y-a jamais de mal à se faire du bien) « d’une proposition de loi « équilibrée et efficace », permettant « un meilleur service » tout en garantissant « l’exercice du droit de grève ».
En revanche, les contrôleurs, touchés dans le plus profond de leur égo surdimensionné, vont-ils rester cois ? Rien n’est moins sûr !
L’été sera chaud… ou pas.
Pas sympa avec les ingénieurs du contrôle . Ce sont eux qui assurent la sécurité des passagers avion et donc de Mr Gobert si il utilise ce moyen de transport.