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ÉDITO. Le tourisme en plein dérèglement économique

L’industrie du voyage entre en hibernation, pendant une période indéterminée, ce qui ajoute à l’incertitude. Et après ?

Y a quelqu’un ? A l’heure du réchauffement climatique, l’industrie entre en hibernation, avec un gel des embauches et des affaires. TUI France suspend tous les départs des voyages à forfait jusqu’au 31 mars 2020, alors que sa maison mère -numéro un mondial du tourisme- stoppe la plupart de ses activités de voyagiste. Une décision sans précédent, qui préfigure d’un grand dérèglement économique dans notre industrie comme dans d’autres secteurs.

Une période difficile s’ouvre aux professionnels du tourisme, seulement six mois après la faillite du géant européen Thomas Cook, plus vieux voyagiste au monde. Les principaux intéressés en ont pleinement conscience. A la question de notre sondage en ligne, « En tant que pro du voyage, pensez-vous que votre entreprise va mettre en place du chômage partiel ? », 69% ont répondu par l’affirmative (611 répondants), 11,50% la négative (19% répondent ne savent pas). Et ce chômage partiel est de toute évidence un moindre mal. Il s’agit même d’une mesure de précaution, afin d’éviter des licenciements secs, voire la faillite d’une entreprise. Nous sommes tous sur le même bateau en cette période de tempête qui forcit à tout rompre. Nous sommes contraints d’affaler la grand-voile. Le bateau est en difficulté, mais il peut redresser la barre, avec un équipage solide et solidaire.

Changer le Code du tourisme sans préavis ?

Toutefois, le risque de dépôt de bilan plane au-dessus de certaines entreprises affectées par la chute séismique de Thomas Cook, et de compagnies aériennes déjà en eaux troubles. Dans les prochains mois, la théorie darwinienne de la sélection naturelle pourrait s’appliquer.

Le secteur a une autre épée de Damoclès au-dessus de la tête : le Code du tourisme, qui oblige le professionnel à rembourser sans frais le voyageur qui le demande dans le cadre d’un voyage à forfait. « En pratique et compte tenu de l’augmentation des pays interdits aux voyageurs provenant de France, il devient insupportable pour les entreprises de rembourser (sous 14 jours) les voyageurs… », souligne avec raison l’avocate Emmanuelle Llop.

Sans préavis, les destinations coupent les liaisons aériennes avec la France et d’autres pays européens. Sans préavis, les pays ferment leurs frontières ou placent en quarantaine des ressortissants étrangers en provenance de zones à risques. « C’est en solidaires, en disant ‘nous’ plutôt qu’en pensant ‘je’, que nous relèverons cet immense défi », disait le président Emmanuel Macron dans son allocution du jeudi 12 mars. Alors, sans préavis, notre gouvernement pourrait transformer l’obligation de remboursement des voyages à forfait, par celle de la délivrance d’un avoir pour un prochain voyage. Une idée* que Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage, défend dans une interview samedi 14 mars sur France Inter (à partir de 11mn45).

L’objectif est louable, et compréhensible : il s’agit d’éviter des faillites, qui pourraient survenir en cascade. Car les agences de voyages et les autres acteurs du secteur, qui n’engrangent que des annulations -ou presque-, sont en mal de trésorerie.

*Dernière heure : Selon René-Marc Chikli, président du Syndicat des entreprises du voyage (Seto), le gouvernement a donné ce matin un accord de principe, pour la mise en place d’un dispositif qui autorise les voyagistes à reporter les séjours de leurs clients via l’émission d’un à-valoir de même valeur. A priori, une ordonnance devrait être publiée en ce sens.

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