Le Mexique soumis à un nouvel été de disette
« La destination a enrayé sa chute, mais les TO ne parlent pas encore de redémarrage sur le marché français. Profitant de la disparition de Marsans, les « majors » misent gros sur l’hiver prochain. »
On ne parle plus de H1N1 au Mexique. Un an après l’arrivée de la grippe A, le pays n’est plus considéré par les voyageurs internationaux comme une destination à éviter. Les touristes nord-américains, qui représentent 80 % de la fréquentation totale, y sont massivement retournés. Mais pas les Français. Au premier trimestre, seuls 48 613 visiteurs hexagonaux se sont rendus dans le pays, soit 28 % de moins que les chiffres records enregistrés par la destination l’an dernier à la même époque, avant le début de la crise. Une atonie qui désespère les TO. « Les frémissements sont tellement faibles qu’il serait malhonnête de dire que ça redémarre », confie Godeleine Vérin, directrice du tour-opérating long-courrier chez Thomas Cook. « Nous n’observons pas de signe de reprise pérenne sur les circuits, note aussi Armelle Le Scaon, la directrice de production de Vacances Transat. Ce sont des produits qui se réservent à l’avance, et les clients ont préféré se reporter sur d’autres destinations. Sur les séjours, en revanche, l’été est plutôt bien perçu. Les hôtels font des offres intéressantes qui ont stimulé les achats d’impulsion. » L’offre aérienne directe vers Cancun, la porte d’entrée des séjours sur la Riviera Maya et des circuits dans le Yucatan, reste réduite au minimum : un seul vol XL par semaine au départ de Paris actuellement. La compagnie préparerait cependant le lancement d’une seconde rotation hebdomadaire cet été. Corsairfly, en revanche, semble avoir abandonné durablement la destination et ne prévoit aucun retour à moyen terme, alors même que le groupe compte profiter à plein de la disparition de Marsans.
DES CARTES À REDISTRIBUER
Après avoir repris 70 % des engagements aériens du défunt TO, TUI France imprime actuellement une brochure flambant neuve dédiée aux Caraïbes qui reprendra, en partie ou en totalité et en l’étoffant, la production de Marsans sur le Mexique, la République dominicaine et Cuba. Le TO y ajoutera aussi une offre importante sur les Antilles françaises. Cette brochure annuelle et à validité immédiate permettra au groupe TUI de proposer une alternative aux agences autrefois distributrices de la production caribéenne de Marsans. Et de développer une offre complémentaire à celle de Nouvelles Frontières. Dans cette bataille pour la récupération des parts de marché de Marsans, Transat et Thomas Cook finalisent eux-aussi leur plan d’action. « On anticipe un vrai redémarrage l’hiver prochain, qui est la haute saison, commente Godeleine Vérin. On a dimensionné notre plan de vols en conséquence. » Sous entendu, avec de probables départs charter de province vers Cancun, à l’image de ce que faisait Marsans. Des vols vers Cancun qui, ces dernières années, ont porté et accompagné le développement du balnéaire sur le marché français, combinés à l’explosion des séjours clubs. « Le Mexique est en train de glisser d’une image de destination découverte à une image de destination plage, commente Jorge Lombard, le directeur du Conseil de promotion touristique du Mexique en France. C’est ce qui explique que le tourisme de masse all inclusive ait le plus souffert de la crise. » Les séjours vont-ils finir par éclipser les circuits ? Pas si l’on en croit Antoine Balaguer, DG du TO Empreinte. « Avant la grippe A, confie-t-il, nous connaissions une belle phase ascendante sur le hors balnéaire. »
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