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Le Maroc se projette à l’horizon 2020

Les faits : le cap des 8 millions de touristes a été franchi en 2008. Les premiers lits des stations du Plan Azur seront livrés dans quelques mois. L’actualité : la crise s’est invitée en pleine phase d’atterrissage de la Vision 2010. Un plan de relance a été préparé, décliné par régions. L’avenir : la Vision 2020 sera élaborée cette année. Au programme : qualité, formation, tourisme durable et adaptation de l’offre au marché intérieur.

Mardi 6 janvier 2008, une jeune femme débarque à l’aéroport de Marrakech. Française, 24 ans, elle est la 8 millionième touriste à fouler le sol marocain au cours des douze derniers mois ; Mohamed Boussaïd, ministre du Tourisme, Hamid Addou, directeur général de l’ONMT, et Mounir Chraïbi, wali (préfet) de Marrakech, sont là pour l’accueillir. « Le cap des 8 millions de touristes en 2008 avait en fait été franchi avant la date butoir du 31 décembre, mais la cérémonie officielle a été décalée de quelques jours pour s’assurer que ce chiffre avait bien été atteint », précisait alors Mohamed Boussaïd, manière élégante d’admettre que l’événement a été mis en scène à destination des médias. Il faut dire qu’en ce début d’année hanté par le spectre d’une récession mondiale, les bonnes nouvelles méritent d’être fêtées ! Huit années plus tôt, presque jour pour jour, les 1res Assises du Tourisme marocain se tenaient à Marrakech. Le jeune roi Mohammed VI y avait lancé la Vision 2010, un plan stratégique pour développer le secteur, promu priorité nationale.

TIRER LES LEÇONS DE LA VISION 2010

Depuis, le nombre de touristes a progressé en moyenne de 9 % par an jusqu’en 2007 et de 7 % l’an dernier. « Une belle performance compte tenu de la conjoncture », estime Mohamed Boussaïd, qui souligne que l’objectif de 10 millions de touristes en 2010, fixé en 2001, l’avait été en fonction de la capacité d’hébergements supplémentaires (130 000 lits) de l’ensemble des stations balnéaires du Plan Azur, dont la livraison a pris du retard. Les premiers hôtels de Saïdia, dans la région de l’Oriental, ouvriront en juin 2009 (3 200 lits sur les 28 000 prévus à terme), et Mazagan, proche d’El Jadida, devrait accueillir ses premiers touristes à l’automne 2009. « L’ouverture de ces deux stations fera oublier le retard des autres », promet le ministre. Selon lui, ces retards – parfois importants – « s’expliquent par la complexité des projets », la durée des études ayant été sous-estimée et certains investisseurs ayant dû revoir leur copie. « Le Maroc manquait singulièrement d’expérience en la matière », ajoute un observateur. Ces derniers mois, la presse marocaine a beaucoup commenté les « couacs » du Plan Azur : déséquilibre entre lits hôteliers et résidentiels au profit de ces derniers, absence de qualification touristique des environs… Du côté des aménageurs, les critiques n’ont pas été moins vives : complexité des opérations foncières, subventions non versées, difficultés pour recruter du personnel qualifié sur les chantiers. « Le plus intéressant, c’est que les chantiers avancent », insiste Mohamed Boussaïd. Il assure « qu’aucun projet démarré n’est arrêté » pour cause de crise, reconnaissant juste que les promoteurs des projets non démarrés « réétudient » leurs plans. Le battage médiatique autour du Plan Azur a un peu occulté les autres enjeux de la Vision 2010 : bien au-delà d’un simple rééquilibrage de l’offre en faveur du balnéaire, la feuille de route tracée en 2001 concernait tous les éléments de la chaîne touristique (transport, marketing, formation, accueil…). Diablement ambitieux ! En mai 2007, une lettre royale signifiait expressément aux acteurs du secteur réunis pour les 7es Assises du Tourisme à Fès qu’il était temps de préparer la Vision 2020 en tirant les leçons de la Vision 2010. La Fédération nationale du tourisme (FNT), qui regroupe les différents métiers du tourisme marocain, a donc planché sur le sujet. En mai 2008, à la veille des Assises de Tétouan, un Bilan stratégique de la Vision 2010 a été publié. Le document, qui met en perspective les engagements et l’état des réalisations des différents chantiers en cours, doit, explique Othman Chérif Alami, président de la FNT, servir de plate-forme de réflexion à l’élaboration d’un Livre blanc du tourisme. Louant la réussite globale d’un plan d’action « cohérent » qui a fait du secteur touristique « une véritable locomotive pour le développement de l’économie marocaine », la FNT liste aussi ses lacunes : retard dans le domaine de la formation et de la valorisation des ressources humaines, concertation insuffisante entre privés et institutionnels, entre pouvoir central et régions, démarche durable et développement social et humain négligés… L’Observatoire du Tourisme, créé en 2005, présente des conclusions assez similaires dans sa dernière Radioscopie du tourisme marocain, publiée en novembre. Les bilans sont « mitigés », qu’il s’agisse du tourisme interne – le fameux plan Biladi – ou de la mise en oeuvre laborieuse des différents PAT (Pays d’accueil touristiques) pour promouvoir le tourisme rural, du faible impact de la politique en faveur du tourisme durable initiée en 2006 seulement ou des lenteurs administratives qui pénalisent l’avancée de dossiers stratégiques. Et de conclure : « Le quantitatif a été réalisé ou est en cours, place au qualitatif. » La liberté de ton de ces analyses a de quoi surprendre quiconque n’est pas allé au Maroc ces dernières années : la langue de bois n’est plus ce qu’elle était et les débats s’en trouvent enrichis.

« LE CAPITAL HUMAIN FERA LA DIFFÉRENCE »

Le 15 janvier dernier, la FNT tenait son premier Congrès à Marrakech, en marge du Moroccan Travel Market. La Royal Air Maroc a annoncé la création d’une compagnie intérieure pour dynamiser le marché local, l’ONMT (Office national marocain du tourisme) a présenté sa stratégie de communication pour 2009, le nouveau contrat RH (Ressources humaines) Hôtellerie a joué les vedettes : « Le capital humain fera demain la différence de notre pays », a rappelé Othman Chérif Alami. Qualité, ressources humaines, tourisme durable, mise à niveau de l’environnement touristique : la Vision 2020 se précise. Elle ne pourra toutefois pas faire l’impasse sur la question de fond qui taraude les professionnels, qu’ils soient étrangers ou marocains : qui sont les 8 millions de touristes du Royaume et où descendent-ils ? Le taux d’occupation dans les hôtels classés a accusé une baisse en 2008, notamment à Marrakech et Agadir, premières destinations du Royaume. En France, du côté des TO membres du CETO, pour la deuxième année consécutive, le Maroc est en chute : -10 % pour la vente de forfaits entre janvier et octobre 2008, -18 % en novembre, -13 % en décembre. Une piste se dessine avec les RME (Ressortissants marocains de l’étranger), première clientèle avec plus de 3 millions d’entrées comptabilisées chaque année. Ceux-ci séjournent dans la famille et, de plus en plus, notamment la deuxième génération, en résidences secondaires. Ce qui ouvre une deuxième piste : à Marrakech, en particulier, les nombreux programmes immobiliers construits ces dernières années ont favorisé l’émergence d’une nouvelle offre, informelle, qui échappe aux acteurs classiques. Elle vient s’ajouter aux riads dont le nombre, à Marrakech toujours, est estimé à plus d’un millier, la moitié d’entre eux seulement étant classés. Pour lutter contre la tendance à la désintermédiation, les professionnels marocains vont développer des sites Web et mettre en place une politique de yield dans les hôtels. Conjuguées à l’ouverture du ciel, effective depuis 2006 et qui attire toujours davantage de compagnies low cost, ces actions devraient permettre aux hôteliers de s’adapter à la nouvelle donne du marché. Pas sûr, en revanche, que les TO étrangers s’y retrouvent… Même les initiatives les plus séduisantes du moment, comme les Ziyarates de Fès, qui proposent un hébergement chez l’habitant dans la médina, comptent davantage sur Internet que sur les opérateurs classiques pour se faire connaître.

Le battage médiatique autour des « couacs » du Plan Azur a un peu occulté les autres enjeux de la Vision 2010

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