Le Kenya retrouve des couleurs

C’est ce qui s’appelle ne pas perdre de temps. Quelques heures seulement après l’annonce de l’élection de Barak Obama à la présidence des États-Unis, un TO américain annonçait fièrement le lancement du premier safari sur les traces des racines kenyanes du candidat démocrate, tandis que le Kenya Tourist Board prédisait déjà une hausse de 10 à 15 % du nombre de visiteurs en provenance des États-Unis dans les semaines et mois à venir.

UN RETOURNEMENT DE SITUATION INATTENDU

L’effet Obama franchira-t-il l’Atlantique ? La question fait sourire les TO français. « Les touristes hexagonaux ne fonctionnent pas de la même manière que les Anglo-Saxons, explique Éric Landry, DG France d’African Safari Club, spécialiste de la destination. Déjà durant la crise du début de l’année, tandis qu’on a continué à faire de gros volumes au Royaume-Uni, la fréquentation des Français s’est effondrée. » Les chiffres de l’Office du tourisme kenyan suffisent à s’en convaincre : sur les neuf premiers mois de l’année, 12 774 visiteurs français ont fait le voyage, contre 39 308 entre janvier et septembre 2007. Une baisse de 67,5 %, alors que le recul sur l’ensemble des marchés internationaux n’est que de 30 % au cours de cette période. Mais un vrai retournement semble s’être amorcé en France depuis la fin de l’été, malgré des prix en hausse. Chez Vacances Transat, on annonce même des prises de commandes supérieures en nombre à celles enregistrées l’an dernier à la même époque. « Ça a repris d’un seul coup il y a quelques semaines, commente Anaïk Leguellanff, au service production du TO. Noël et les vacances scolaires marchent bien. » Résultat : le voyagiste s’attend à faire une saison 2008-2009 aussi bonne que celle de 2006-2007, avec pas loin de 2 000 clients. La production Tanzanie a toutefois été renforcée, histoire d’avoir une solution de repli au cas où…

DES OBJECTIFS SUR LE LONG TERME

Tous, pourtant, ne semblent pas profiter de cette embellie. Chez Longs Courriers, notamment, les réservations actuelles sont considérées comme décevantes. « On a fait mieux qu’on ne le craignait durant l’été, mais sur l’hiver, ça s’annonce moins bon qu’espéré, regrette Richard Coornaert, chef de produit Kenya. On a du monde pour les fêtes de fin d’année et le mois de février, mais le reste du temps, c’est calme… »

Pas de quoi inquiéter African Safari Club. Seul TO à n’avoir pas suspendu ses départs durant la crise, le voyagiste a alloté 40 sièges par semaine sur le charter d’Air Méditerranée qui reliera Paris à Mombasa du 23 décembre au 31 mars. Un vol affrété par Nouvelles Frontières, dont profitera également Marmara, qui se relance cet hiver sur la destination avec un séjour, deux combinés et un safari. Mais African Safari Club voit déjà plus loin. « Nous avons décidé de relancer nos départs depuis l’aéroport de Bâle-Mulhouse à partir de juillet et jusqu’à fin novembre, confie Éric Landry, avec un vol tous les 15 jours en engagement total, que nous remplirons avec nos clients français, suisses et allemands. Et puis nous sommes en pourparlers avec Nouvelles Frontières pour mettre en place cet été, dès début juillet, un vol charter sur le modèle de ce que nous faisons cet hiver avec Air Méditerranée. » Objectif à terme : proposer ce vol toute l’année, hormis durant la saison des pluies, en mai et juin.