La Jordanie frôle-t-elle la surchauffe ?

Mauvaise qualité des hébergements, manque cruel de lits à Pétra et Aqaba, véhicules hors d’âge tombant en panne, pénurie de guides francophones, surfréquentation de Pétra… La charge est sévère. Elle est signée Top of Travel, qui a dû faire face à une avalanche de réclamations ces derniers mois, de la part de ses clients ayant voyagé en Jordanie. « Nous avons changé trois fois de réceptif en cours de saison et envisagé de suspendre les départs », ajoute Patrick Bellec, responsable des contrats chez le TO. La Jordanie ne parviendrait-elle donc plus à suivre le rythme de croissance de son tourisme ? Le petit pays connaît, sur le marché français, l’une des montées en puissance les plus rapides de ces dernières années. En seulement quatre ans, la fréquentation des touristes hexagonaux a presque quadruplé, leur nombre passant de 15 000 en 2004 à près de 57 000 en 2008. Et la progression s’est poursuivie à bon rythme avec une hausse d’environ 9 % des entrées françaises dans le pays durant les huit premiers mois de l’année 2009, par rapport à la même période l’an dernier. Le lancement simultané, en 2006, des vols charters de Top of Travel et de Plein Vent, accompagnant une offre de circuits à prix serrés (moins de 1 000 E en prix d’appel), est évidemment en grande partie à l’origine de cet essor spectaculaire. « Nous sommes passés de 100 clients en 2005 à 4 000 cette année », reconnaît Carole Pellicer, la DG déléguée de Plein Vent. Alors que la saison s’achève (elle s’étend de mars à juin et de septembre à octobre), Top annonce, de son côté, avoir quasiment atteint le seuil des 7 000 passagers cette année, alors que la destination n’est en brochure que depuis trois ans. Résultat : la France est devenue le deuxième marché émetteur européen, derrière le Royaume-Uni.

TRIER LE BON GRAIN DE L’IVRAIE

Mais l’OT de Jordanie refuse pour autant de parler de surchauffe et se borne à reconnaître seulement « un fléchissement de la qualité dans un nombre limité d’hôtels 3* ou 4*,ainsi qu’une pénurie de guides et de chambres durant la très haute saison ». À peu près sur la même ligne, les TO historiques assurent que leur expérience de la destination leur a permis de trier le bon grain de l’ivraie. Leurs réceptifs ont l’habitude du marché français et leurs hôtels, principalement des 4* et 5*, tiennent la route, promettent-ils. Même Plein Vent, arrivé plus récemment et positionné sur le milieu de gamme, dresse un constat plutôt positif. « La seule chose dont se plaignent les clients, c’est qu’il y a trop de monde, commente Carole Pellicer. En revanche, la qualité des campements de Wadi Rum, point noir il y a quelques années, s’est nettement améliorée. » Chez Top of Travel, le nouveau réceptif, en contrat depuis début septembre, semble enfin donner satisfaction. « Cela se passe beaucoup mieux, confirme Patrick Bellec. Nous avons choisi une nouvelle compagnie de bus, sélectionné des guides parlant bien français, conservé seulement les hôtels convenables et donné à notre nouveau réceptif d’importants moyens. » Pour assurer la qualité de ses voyages, le TO renonce-t-il donc aux petits prix ? « Non, car nos gros volumes nous permettent par ailleurs de négocier des baisses de prix. » « Et si les coûts venaient à fortement augmenter, nous partirions ailleurs, peut-être dans l’Égypte voisine, principale concurrente de la Jordanie », renchérit Carole Pellicer. En attendant, Plein Vent comme Top of Travel ont bien l’intention de maintenir la voilure l’an prochain, avec des plans de vols inchangés : 19 rotations pour le premier, 23 pour le second.