Indonésie : Bali et les autres…

Hors de Bali, point de salut pour l’Indonésie ? Si l’on s’en tient aux statistiques de fréquentation des touristes français dans le pays, la réponse est sans équivoque : environ trois quarts des 153 000 visiteurs hexagonaux qui se sont rendus dans l’archipel indonésien l’an dernier ont choisi l’île balinaise comme destination. C’est d’ailleurs essentiellement le regain d’intérêt pour cette dernière qui est à l’origine de la spectaculaire progression du nombre de Français en Indonésie en 2009 (+ 28 % par rapport à 2008, ce qui représente la troisième plus forte croissance parmi les marchés émetteurs internationaux). Les compagnies aériennes et TO avaient d’ailleurs parfaitement anticipé cet engouement, augmentant fortement leurs capacités et leurs engagements. Et les transporteurs poursuivent la montée en puissance cette année. Revers de la médaille : la destination frôle la saturation durant la haute saison estivale.

UN OBJECTIF :DÉSAISONNALISER

Sur le marché français, le pic est concentré sur à peine un mois, entre le 20 juillet et le 20 août. Un engorgement qui a conduit Best tours à renoncer à son projet d’ouverture d’un club l’été prochain. « Les hôteliers étaient d’accord pour nous donner 80 lits en allotement en juin ou septembre, mais pas plus de 15 en pleine saison, commente ainsi Philippe Bertholet, le directeur France du tour-opérateur belge. En l’état, ce n’était donc pas rentable pour nous car le projet repose aussi sur la mise en place d’une ligne charter entre Paris et Bali. Mais ce n’est que partie remise, nous travaillons sur une ouverture l’an prochain, en essayant d’étendre la saison. » Désaisonnaliser, le mot d’ordre est dans la bouche de tous les TO. Asia, qui mise très fort sur l’Indonésie cette année, avec un impressionnant stock de 2 500 sièges, a par exemple lancé une opération coup-de-poing portant sur 500 places d’avions pour des séjours balnéaires dans l’île balinaise en mai, juin, septembre, octobre et novembre. Mais le spécialiste s’est aussi engagé sur 1 200 sièges pour alimenter ses circuits, à Bali et dans le reste de l’Indonésie. Car voici l’autre défi des voyagistes : ouvrir la production au reste de l’archipel. Un mouvement qui semble prendre chez les clients. « On ne ressent pas cette année la même frénésie que l’an dernier vers Bali, ce qui nous a conduits à réduire nos engagements de 1 000 à 800 sièges, alors que nos circuits dans l’archipel sont au contraire de plus en plus souvent complets », estime Didier Rabaux, directeur de Visiteurs.

« TOUT EST À CONSTRUIRE »

Non seulement des combinés assez classiques Java-Bali ou Bali-Lombok, mais aussi des escapades vers les Célèbes (Sulawesi), une destination « qui repart fort, grâce à la sortie de Garuda de la liste noire aérienne en septembre dernier », poursuit-il. Ce retour en grâce de la compagnie semble cependant avoir échappé à nombre d’agences. « Je suis effrayé de voir que beaucoup ne sont pas au courant et continuent donc à freiner les ventes », s’inquiète Philippe Bertholet. L’ouverture d’une représentation touristique à Paris, en février, (confiée à l’agence Interface tourism) permettra-t-elle de clarifier les choses ? « Le travail à effectuer est immense car tout est à construire », confie Julie Dewavrin, en charge de cette mission. L’effort sera dans un premier temps porté sur les professionnels, avant d’être étendu au grand public l’an prochain. Objectif : donner une image de destination mosaïque à un archipel indonésien encore largement inconnu sur le marché français.