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Frédéric Vanhoutte : « Nous créons un Forum mondial pour un nouveau tourisme »

C’est à Evora au Portugal qu’aura lieu le Forum A World for Travel. Pourquoi et comment ? Les réponses de Frédéric Vanhoutte, président d’Eventiz Media Group.

L’Echo touristique : Comment est née l’idée du Forum A World for Travel ?

Frédéric Vanhoutte : Le constat d’une évidence : le tourisme doit se transformer.

Au sein d’Eventiz Media Group*, nous sommes sensibles à l’environnement et aux questions de tourisme responsable. D’ailleurs, nous l’avions exprimé lors de l’édition 2019 des Travel d’Or, avec un logo symboliquement vert, et des discours, notamment de Frédéric Mazzella (Blablacar, NDLR), tournés vers un tourisme plus respectueux de la planète et des peuples. A travers les articles des médias du groupe, nous abordons souvent tous ces sujets, liés notamment au surtourisme.

Le constat est le suivant : à Barcelone, Dubrovnik ou encore Venise, les populations locales deviennent les acteurs influents du développement ou non du tourisme, de façon plus ou moins agressive. Les bateaux de croisières sont décriés dans certains journaux télévisés, il y a la « honte de prendre l’avion » née en Suède, et désormais l’environnement, l’alimentation, l’air sont infectés.

La maire d’Amsterdam a annoncé stopper d’investir dans des campagnes marketing sur les marchés accessibles uniquement par avion.

Je ne veux pas que Greta décide de l’avenir de notre industrie.

On ne peut pas détourner le regard de ces constats. Les populations ne l’acceptent plus, les élus non plus.

Les jeunes générations nous poussent dans nos retranchements, dans la mouvance de la militante Greta Thunberg. Mais, je ne veux pas que Greta décide de l’avenir de notre industrie. Nous, les professionnels, ne pouvons pas rester simples spectateurs et témoins. Nous devons être acteurs d’une transformation du tourisme.

Donc, c’est aux professionnels de se prendre en main ?

Frédéric Vanhoutte : Oui, les professionnels doivent être force de proposition. Nous n’allons pas arrêter de voyager. Depuis la nuit des temps, nous sommes curieux, nous voyageons, et nous continuerons, mais différemment. Il faudrait même instaurer un véritable « droit au voyage ». Nous devons montrer de nouveaux chemins, plus vertueux, pour la transformation du secteur.

Evora, dans l’Alentejo © Adobe Stock

Pourquoi avoir choisi la ville d’Evora, au Portugal ?

Frédéric Vanhoutte : L’événement devait se dérouler en Europe, qui représente environ la moitié du 1,5 milliard de touristes internationaux en 2019. Pourquoi le Portugal plutôt qu’un autre pays ? D’abord, ce sont des rencontres avec des personnalités d’exception : Ana Mendes Godinho, alors qu’elle était secrétaire d’Etat au Tourisme du Portugal, puis Luis Araujo, président du tourisme Portugal, Rita Marques, l’actuelle secrétaire d’Etat et enfin Jean Pierre Pinheiro. Je leur ai proposé, d’accueillir le Forum. Ils ont accepté.

Le Portugal est d’autant plus légitime qu’il a montré sa capacité d’adaptation à travers le temps, son sens de l’innovation sur les produits dans les territoires notamment.

La destination avait saisi des opportunités quand le Printemps arabe a détourné les voyageurs de pays méditerranéens. Et malgré le retour en force de ces destinations historiques des Français, le Portugal a maintenu ses performances. L’équipe réunie autour de la secrétaire d’Etat au tourisme Rita Marques s’inscrit dans la même veine, comme en témoigne la création du label Clean & Safe. La destination est agile et innovante. Elle montre le chemin.

Quelle est l’ambition du Forum A World for Travel ?

Frédéric Vanhoutte : Initialement, nous avions pour ambition de créer un Davos du tourisme, très tourné vers l’économie, l’environnement, le surtourisme. Avec la crise du Covid-19, l’événement prend une nouvelle dimension. Pour moi, ce ne sera pas un Forum de l’économie du tourisme, mais un Forum de la transformation du tourisme. Nous ne devons ni faire du bashing, ni de l’auto-promotion défensive. Nous devons adapter le secteur aux défis sanitaires, aux nouveaux comportements des consommateurs, aux nouveaux modes de transport, à de nouvelles relations sociales. Pour cela, il faut créer des ponts entre les institutionnels, les marchands et les représentants des populations locales, en écoutant les experts.

Dans tous les pays d’Europe et d’ailleurs, nous invitons les institutionnels, les marchands, les populations, les sociologues, les ONG, les scientifiques, les start-up, les étudiants, à phosphorer tous ensemble à Evora. Nous avons déjà l’accord de plusieurs ministres du tourisme, président de région, maire de capitales, mais aussi de médias internationaux, d’associations internationales, et d’institutions. L’enjeu mérite leur implication et je les en remercie.

Ce sera le Forum de la transformation du tourisme.

Comment s’organisera l’événement ?

Frédéric Vanhoutte : Le Forum a lieu les 5 et 6 novembre 2020 dans la ville historique d’Evora, proche de Lisbonne. Une demi-journée en plénière sera dédiée aux constats honnêtes, voire aux effets négatifs ou indésirables du tourisme. Ce sera une auto-critique constructive, avec des chiffres et des indicateurs. La seconde demi-journée, le matin du 6 novembre, sera consacrée aux bienfaits et aux vertus du secteur. Parallèlement, se tiendront une vingtaine d’ateliers sur des sujets très complémentaires et structurants. La parole sera donnée aux hommes de métier. Enfin, nous retiendrons 5 engagements que nous suivrons au cours des 12 mois qui suivent.

Qu’attendez-vous, concrètement ?

Frédéric Vanhoutte : Nous voulons donner naissance à une grande collaboration entre les territoires et les marchands, entre les acteurs du public et du privé. Nous souhaitons les inciter à réfléchir ensemble sur les nouveaux produits à créer et ceux à proscrire, les garanties sanitaires et sécuritaires, les taxes écologiques directes et indirectes, la meilleure répartition des flux et des richesses nées tu tourisme. Nous devons trouver des solutions tous ensemble, en ayant toujours l’intérêt des populations en tête… Nous souhaitons aussi installer l’événement dans le temps.

Nous reviendrons chaque année, plus motivés que jamais, à Evora.

*maison mère de L’Echo touristique, TOM.travel et DéplacementsPros

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2 commentaires
  1. Béatrice G dit

    Bravo Frédéric
    il faut cesser avec le tourisme de masse destructeur, arrêter le quantitatif pour le qualitatif
    je cite Valérie Cabanes, juriste, « un droit pour la terre », « notre affaire à tous », c est notre pression sur l écosystème qui a pour conséquence le développement de virus.Elle suggère de reconnaître le crime d’écocide, et d’instaurer un droit et une gouvernance respectueuse de l’écosystème, comme une constitution écologique
    Construire alors un tourisme avec un cadre respectueux des limites planétaires! Idée pour votre forum!
    bonne journée
    Béatrice

  2. Figuier dit

    bonne chance mon ami… l’avenir est si lisible… En tout cas, il est à ceux qui parlent tôt… les médias en raffolent… ça sert de référence, de point A, à partir duquel n’importe qui a forcément un point B dans la tête, ne serait-ce que pour ne pas paraître idiot… Bien joué.

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