En mal de pèlerins, Lourdes espère un nouveau tourisme
Le week-end de Pâques aurait dû donner le coup d’envoi d’une nouvelle saison à Lourdes. Mais comme partout, confinement oblige, un calme plat a régné dans la cité mariale. Plus que jamais, Lourdes veut développer une nouvelle stratégie touristique.
Si le cataclysme Covid n’a épargné aucune destination touristique, il a été peut-être plus violent encore ici qu’ailleurs. Car Lourdes n’est pas une destination comme les autres. Dans la deuxième ville de l’Hexagone après Paris en termes de capacité hôtelière, l’activité repose essentiellement sur les pèlerinages, pour la plupart en groupes, organisés par des TO spécialisés. « En 2019, nous avons comptabilisé près de deux millions de nuitées, indique Marie Etcheverry, la vice-présidente de l’Office de Tourisme de Lourdes. Cela représente 77% des nuitées de notre département, avec 63% de clientèle étrangère. »
Des Italiens, Espagnols et des Anglo-Saxons essentiellement, aux abonnés absents pour cause de restrictions de déplacement. « Sur 2020, nous avons eu 90% d’annulations, rapporte Marie Etcheverry. C’est une énorme pertes de chiffres d’affaires pour nos socio-professionnels, il y a eu un impact très fort sur nos saisonniers. Sur notre bassin d’emplois, plus de 2000 personnes se sont retrouvées au chômage brutalement. » Hôteliers, restaurateurs, autocaristes, vendeurs de souvenirs… tous ont été touchés de plein fouet.
Neuf ministres à Lourdes en quelques mois
De quoi inciter le gouvernement à se presser au chevet de Lourdes. En moins d’un an, la ville a vu défiler pas moins de 9 ministres, dont Jean-Baptiste Lemoyne, le secrétaire d’Etat au Tourisme, à plusieurs reprises. Des mesures d’accompagnement et de relance ont été prises, pour éviter l’effondrement de la destination, via un plan de relance spécifique s’appuyant sur une batterie de 46 mesures, dont un fonds de soutien territorial doté de 20 millions d’euros. Un guichet unique territorial pour accompagner les entreprises lourdaises en difficulté a été créé. Pour traverser ces mois difficiles et anticiper la reprise tant attendue, l’ensemble de l’écosystème de Lourdes s’est fédéré, plus que jamais.
L’été en ligne de mire
Emboîtant le pas à la tendance générale, Lourdes espère elle aussi profiter cette année encore d’un été tricolore et attirer de nouveaux profils de visiteurs en s’appuyant notamment sur une programmation estivale. Un site Internet sera d’ailleurs prochainement dédié aux Estivales de Lourdes. « Bien sûr, le sanctuaire reste notre socle, souligne Marie Etcheverry. Mais nous avons aussi un patrimoine naturel et environnemental très précieux, ainsi qu’un très beau patrimoine historique et culturel à valoriser. »
« Nous sommes obligés de nous adapter face à cette crise, même si cette réflexion existait déjà avant le Covid. Nous allons amplifier notre communication autour de la marque Lourdes, cœur de Pyrénées, et enrichir notre offre. » Pour le moment, l’OT ne déplore pas de fermeture d’établissements. Mais le choc a été très rude. « Nous ne pensions pas que tout pouvait s’arrêter si brutalement, confie Marie Etcheverry. Même si nous savions déjà que nous avions un modèle qu’il fallait faire évoluer. »
« Les gens veulent revenir »
De son côté, le sanctuaire a lui aussi dû innover, en digitalisant certaines célébrations. En juillet dernier, Lourdes United, le premier pèlerinage mondial digital, a ainsi rassemblé 80 millions de participants. Mais cela ne remplacera pas les pèlerinages dans la cité mariale, estime la vice-présidente de l’Office de Tourisme. « Nous savons que les gens veulent revenir, que les pèlerinages reviendront, assure Marie Etcheverry. Mais nous sommes comme partout dépendants de l’évolution de la situation sanitaire. »