Désaisonnaliser, c’est aussi pérenniser des emplois dans le tourisme
Depuis quelques années, la région PACA intime ses visiteurs de venir en hiver, dans l’esprit des voyageurs du XVIIIe siècle. Une stratégie qui a vocation à limiter la surfréquentation mais aussi à rendre les emplois plus durables.
En Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA), le tourisme représente 10% des emplois et 13% du PIB. Un secteur développé de très longue date, qui a changé de visage depuis sa genèse. A la fin du XVIIIe siècle, de riches aristocrates séjournaient sur la Riviera pour profiter de la douceur hivernale et de la région, notamment à Nice.
Retour en hiver
« Le tourisme est né en hiver chez nous, mais il s’est concentré sur l’été des années 50 aux années 2010, a expliqué Loïc Chovelon, directeur général du Comité régional du tourisme (CRT) Provence-Alpes-Côte d’Azur, lors d’un colloque à l’IFTM.
La saison estivale, la région tente aujourd’hui de la… tempérer. Finies les publicités sur la saison d’été depuis six ans pour la région, assure Loïc Chovelon. Et pour la Côte d’Azur, même renoncement, mais depuis seulement deux ans. Au global, 90% du budget promotionnel est désormais fléché vers la saison d’hiver. C’est la stratégie baptisée « Winter is the new summer ».
« Avec la désaisonnalisation, il y a aussi la volonté de rendre les emplois moins précaires », ajoute le directeur général. Transformer une partie des contrats courts en contrats pérennes représente un coup de pouce pour trouver un logement ou obtenir un prêt bancaire, ajoute-t-il. Pour l’attractivité des métiers, c’est également un levier intéressant.
L’hiver progresse, mais reste la saison la moins contributrice
Sur les 10 dernières années, la fréquentation touristique a progressé de +7% selon le CRT. Un pourcentage qui cache une stagnation l’été (-2%) et une percée de l’hiver (+13%).
En termes de recettes touristiques (2023), l’été demeure sans surprise le poids lourd (34% en juillet-août), devant le printemps (avril à juin, 27%).
Suis l’automne (septembre à novembre, 22%). Puis l’hiver (décembre à mars, 17%).
Vous avez dit… surtourisme ?
La région PACA, c’est aussi celle qui a instauré des mesures contre le surtourisme, à la calanque de Sugiton comme dans les îles de Porquerolles. Mais comme nombre d’institutionnels, Loïc Chovelon boude le mot surtourisme, il préfère parler de « pics de fréquentation »…
Et le DG du CRT d’assurer que la région reste dans une situation équilibrée entre les intérêts des visiteurs et ceux de la population locale. « Dans notre région, seuls 15% des habitants considèrent que le tourisme a plus d’effets négatifs que positifs », complète-t-il. Un pourcentage extrait d’une récente enquête TCI 2024, auprès d’un échantillon de 2500 résidents.