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Coup de froid sur l’emploi

L’actualité : 2009 sera une année de récession sans aucune visibilité sur le comportement des consommateurs, la date d’une possible reprise ou les effets de la relance.Le constat : des milliers d’emplois vont être supprimés en France. Les plans sociaux massifs n’ont pas atteint le tourisme, mais les offres se sont effondrées. L’enjeu : plongeon ou rebond ? Les décisions des dirigeants du secteur sont suspendues aux réservations du premier

Les offres d’emploi dans le tourisme fondent insidieusement sans que des plans sociaux massifs aient été annoncés. L’ANPE tourisme de Paris, qui a traité 2 500 offres en 2008 (principalement en vente), a observé une forte baisse des propositions en décembre par rapport aux années précédentes. « Les seules annonces qui restent concernent des agences luxe et long-courrier, des comptables spécialisés ou des techniciens billettistes », précise Benoît Terrier, animateur de cette unité. Même effondrement des offres parvenant à la FFTST (Fédération française des techniciens et scientifiques du tourisme). « Depuis deux mois nous n’en recevons plus aucune, hormis pour des stages longs », indique Annette Masson, sa présidente. L’intérim est également touché de plein fouet. Manpower Tourisme, par exemple, « subit les contrecoups du ralentissement depuis novembre avec une diminution des offres sur tous les types de postes », précise son directeur Benoît Fouillard.

« POSITION DE REPLI AVANT D’Y VOIR PLUS CLAIR… »

Cette contraction s’explique par un gel des recrutements : « La profession est en position de repli en attendant d’y voir plus clair et retient des décisions difficiles qui pourraient être mal perçues commercialement », résume Jean-Marc Rozé, secrétaire général du Snav. « Les grands TO européens, qui ont réduit leurs engagements charters, ne prendront de décisions sur l’emploi que dans quelques mois, au vu du bilan de la saison hiver et, surtout, en fonction des premières réservations pour l’été, » affirme Jürgen Bachman, secrétaire général du Ceto. Deux TO ont déjà officiellement pris des mesures : le Club Med, qui a annoncé un « plan de rigueur », et Donatello, qui a réduit les salaires. Mais de grands TO ont refusé de répondre à nos questions comme TUI/NF France, dont un plan social est en cours depuis l’été, Club Med ou Thomas Cook, repreneur de Jet tours. Vacances Transat dit avoir gelé, jusqu’en avril minimum, ses embauches pour ses créations de postes budgétées, et ne pas remplacer systématiquement les départs liés au turn over, ce qui contracte de 5 % ses effectifs. L’attentisme est le même côté distribution. « Il n’y a pas de plans de licenciement », indique Jean-Marc Guneau, DRH de Selectour, qui observe cependant moins d’offres, mais pas d’arrêt des embauches. « Comme toutes entreprises, dit-il, les agences contiennent leur masse salariale qui ne doit pas dépasser 50 % des charges. »

Jean-Pierre Mas, président d’Afat Voyages, confirme que « les agences font le dos rond en attendant des jours meilleurs. Elles versent moins de primes, n’augmentent pas les salaires, ne remplacent pas les départs ou les congés maternité, et demandent davantage d’efforts collectifs ». Il estime, toutefois, que dans les agences indépendantes, à la différence des groupes, les licenciements économiques sont difficiles. Afat Voyages compte trois employés en moyenne dans ses points de vente et « licencier un tiers de son personnel a des conséquences sur la gestion des horaires et des absences ». « Il n’y a aucun licenciement, mais un gel des embauches, même si le gros des recrutements se fait à partir d’avril et surtout à la rentrée », observe aussi Richard Vainopoulos, le président de TourCom. Ajoutant : « Je serais pessimiste si la saison hiver était catastrophique, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. » Même sérénité chez Manor, où Jean Korcia n’a relevé « aucun problème de personnel ». S’il en survenait, il chercherait à recaser les employés des agences qui vont mal dans celles qui vont mieux. Côté voyages d’affaires, American Express, qui avait annoncé en octobre des réductions mondiales d’effectifs de 10 %, reste imprécis pour la France : « Nous nous adaptons sur les plans structurel et conjoncturel. » Carlson Wagonlit Travel a, pour sa part, senti les effets de la crise dès juillet dans le loisir, dès octobre dans le voyage d’affaires, et a bloqué ses recrutements. La DRH rencontre le Comité central d’entreprise (CCE) tous les 15 jours pour ajuster sa réaction. L’intérim est arrêté, les CDD ne sont pas reconduits et un volontariat a été ouvert pour faciliter le temps partiel aux femmes qui le souhaitent.

« FAIRE DES CHOIX, REVOIR LES BUDGETS À LA BAISSE »

Même les agences en ligne sentent la crise et s’ajustent. « L’activité est tombée d’une croissance de 30 à 50 % par an, à 15 ou 20 %. La rentabilité devient plus difficile, il faut faire des choix en abandonnant certains pans d’activités ou des sous-traitances, revoir les budgets à la baisse, faire des économies partout », explique Frédéric Vanhoutte, président de Level.com qui regroupe les principaux acteurs du secteur. En périphérie de la production et de la vente de voyages, les perspectives d’emploi ne sont pas plus réjouissantes. Pour Jean Burtin, président de la Fédération nationale des offices du tourisme et syndicats d’initiative (Fnotsi) – plus de 12 000 salariés permanents hors saisonniers -, « la crise peut avoir un impact, car les élus qui subventionnent devront aussi faire des économies. Les OT devront trouver d’autres recettes ». Dans l’hôtellerie-restauration, les 15 000 à 20 000 embauches nettes en année normale risquent de fondre en 2009, selon Christian Recoing de l’UMIH (Union des métiers et des industries de l’hôtellerie). Mais dans le tourisme, comme partout, la grande crainte reste la fragilisation financière des entreprises. L’APS a vu les sinistres passer de 17 au 2e semestre 2007 à 45 au 2e semestre 2008, parmi lesquels Switch dont seulement une petite moitié des 250 employés a été reprise par Promovacances. Le sort d’autres agences reste sur le fil comme celui de Wasteels. « Les trésoreries vont continuer de souffrir parce que les banques, bien que soutenues par l’État, restent frileuses », s’insurge Bernard Didelot. Le sort de nombreux emplois est en jeu.

« Les agences font le dos rond en attendant des jours meilleurs. Elles versent moins de primes, n’augmentent pas les salaires, ne remplacent pas les départs… »

Même les agences en ligne sentent la crise et s’ajustent

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