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Amorgos : un nouveau port pour la croisière divise l’île grecque

Selon le maire d’Amorgos en Grèce, l’île mérite un plus grand port pour accueillir davantage de touristes. L’opinion publique est plutôt défavorable à cette idée.

Révélée auprès des touristes français en 1988 par le film le Grand Bleu de Luc Besson, Amorgos est désormais l’une des îles grecques les plus prisées des Français. Pourtant l’île, dont les trois principaux sites touristiques sont Katápola, Egiáli et Chóra, n’est accessible que par bateau. Et un nouveau projet d’ampleur vise à permettre l’arrivée de bateaux de croisières dans le petit port Katápola.

La municipalité souhaite en effet l’expansion du port de Katapola et la création d’une nouvelle rocade. Pourtant, une majeure partie de la population de l’île estime que ces projets sont démesurés et promeuvent un modèle toujours plus touristique de l’île. De son côté, la mairie soutient que le projet ne concerne pas les navires de croisière normaux. Et que la rocade est nécessaire pour que l’agglomération ne soit pas dégradée par la circulation des véhicules.

Amorgos veut de plus grands bateaux 

De son côté, la mairie défend son double projet, dans un journal local : « Les installations portuaires existantes du port de Katapola ont été conçues dans les années 80 et consistent en une jetée de 61 mètres de long, le long de laquelle un seul navire côtier peut s’amarrer. Il n’y a pas d’installations pour les passagers, et les véhicules à charger sont garés sur la route côtière, obligeant les passagers à ‘grimper’ entre les véhicules, au risque de leur intégrité physique. Lors de l’accostage des navires, il y a un grand embouteillage de véhicules sur la route côtière, empêchant l’entrée et la sortie de l’agglomération. »

En modernisant les installations portuaires, la mairie souhaite « amarrer » des navires plus grands, tels que le « Blue Star Delos » (plus de 2000 pax). « Nous créerons des installations pour servir la croisière à petite échelle, c’est-à-dire pour les navires de 50 à 200 passagers », explique-t-elle.

Les habitants plutôt contre

L’opinion publique est plutôt défavorable. Sur les plus de 300 commentaires soumis par les citoyens locaux, la plupart sont négatifs. Beaucoup pensent que les projets conduiront à l’arrivée du tourisme de masse à Amorgos.

Sur les réseaux sociaux, le PDG de Voyageurs du Monde Jean-François Rial s’est indigné de la nouvelle. « Ce projet est triplement mortifère, déclare-t-il. L’île d’Amorgos est petite, authentique et n’est pas adaptée au tourisme de masse. Ce projet va défigurer ce petit port. Tous les projets de disneylandisation nuisent au tourisme. Ce projet est une très mauvaise idée de ce qu’il ne faut justement pas faire pour un tourisme vertueux et non prédateur. »

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2 commentaires
  1. Anonyme dit

    Bravo, il faut savoir préserver un site authentique comme l’île d’Amorgos !

  2. Chabotw dit

    J’ai examiné avec attention les différents projets d’aménagement du port de Katapola (Amorgos, Grèce), ainsi que les commentaires qui ont été postés sur le site de la Municipalité. Beaucoup de choses ont déjà été exprimées. Mon commentaire portera sur 5 points:
    1) L’étude présentée montre l’absence d’une véritable réflexion stratégique. En effet, les projets proposés sont uniquement basés sur l’augmentation du nombre de touristes et l’augmentation du trafic routier. On ne trouve aucune trace d’une étude des atouts spécifiques d’Amorgos, de la qualité de vie qui constituent l’attrait principal d’Amorgos.
    De mon point de vue, le développement d’Amorgos devrait être basé sur la préservation et le renforcement des qualités propres à Amorgos (paysages, calme, vie locale, randonnées, accueil des habitants, etc.).
    Le développement d’Amorgos devrait être basé sur le tourisme d’avenir, qui est un tourisme « vert », respectueux de l’environnement, pour lequel de très nombreux européens sont prêts à payer le prix de la qualité.
    Le développement d’Amorgos ne peut pas être basé sur une forte augmentation du tourisme de masse. On voit bien les dégâts causés à Mykonos, à Santorini, à Venise, et partout où ces monstrueux bateaux de croisière peuvent accoster.
    Par ailleurs, les grands bateaux de croisière sont extrêmement polluants. Pour naviguer, les bateaux de croisière consomment massivement du fioul lourd, un pétrole bon marché et très polluant. Particules fines, dioxyde de carbone, oxyde d’azote, oxyde de soufre, dioxyde de soufre, le cocktail déversé par les bateaux de croisière est désastreux pour l’environnement.
    2) L’étude d’aménagement du port de Katapola ne dit rien des conséquences d’une forte augmentation du trafic touristique : quel impact sur la consommation d’électricité ? Quel impact sur la consommation d’eau ? Quel impact sur la production et le traitement des déchets ? Quelles conséquences pour les habitants de Katapola ? Il ne faut pas oublier que de tels projets auraient des impacts négatifs sur l’ensemble de l’île et de ses habitants.
    3) L’augmentation du nombre de touristes génère l’illusion d’un enrichissement des commerçants et habitants d’Amorgos. En effet, à part les intérêts financiers d’une minorité, les habitants d’Amorgos qui vivent du tourisme ne verront pas leur chiffre d’affaires beaucoup augmenter. Il ne faut pas oublier que le tourisme de croisière est un tourisme tout compris (hébergement, repas, visites et loisirs) et que les touristes débarqués pour quelques heures ne dépensent pas beaucoup d’argent dans l’île.
    4) L’étude prévoit la réalisation d’un emplacement réservé aux hydravions. Qui va venir en hydravion à Amorgos ? Une clientèle très riche, venue pour acheter des terrains, ou même des villages (ex : Stroumbos) et construire des hôtels et résidences de luxe, dont les bénéfices iront aux financeurs et les habitants d’Amorgos seront limités aux activités de service et de nettoyage de ces hôtels.
    Par ailleurs, à partir de Katapola, les hydravions pourraient proposer des visites de l’ile, et se poser dans la baie d’Aigiali, à Nikouria, à Mouros, à Sparti, à Agia Anna, devant le monastère, à Kalotaritissa, etc. Est-ce le souhait des habitants d’Amorgos ?
    5) L’étude prévoit la réalisation d’une autoroute passant au-dessus du port de Katapola et dans une partie du site archéologique de Minoa. À qui vont profiter ces travaux, très destructeurs du paysage et très couteux ? Il y a certainement d’autres solutions pour faciliter la circulation dans le port de Katapola.

    L’énorme pression des investisseurs et des grandes entreprises de tourisme sera toujours un grand danger pour les décisions publiques.

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