5 Dijon
Piquante comme moutarde
Il est toujours hardi de dire si Dijon est une grosse bourgade ou une petite métropole. Capitale déchue d’un duché qui s’imposait des Flandres jusqu’à Madrid, elle a reclassé son vieux palais en musée des Beaux-Arts, et sa nécropole de la Chartreuse en asile psychiatrique. Vous y admirerez les tombeaux des ducs, et le Puits de Moïse, ensemble sculpté par le flamand Sluter. Le bon goût et la prestance, eux, se sont maintenus, un peu grâce aux espaces verts ajoutés au rythme de l’expansion urbaine : jardin de l’Arquebuse, lac de Kir… On ne sera pas étonné de rencontrer une cathédrale, avec sa façade grillagée par 34 colonnettes, ou de buter sur des églises, avec leurs orgues – et un jacquemart, piqué à Courtrai. Mais Dijon cache aussi l’arc de triomphe blond de la porte Guillaume, un théâtre en forme de boîte à chaussures, et ces demeures à colombages, à tuiles vernissées, à mascarons, à guirlandes, ou la très médiévale et vénérable maison Millière, d’où l’on s’attend à voir sortir un drapier en chapeau de soie. Ces surprises sont comme un brin de Bordeaux, de Colmar, de Caen, de Lille, de la France – à condition qu’elle soit pimpante. Rien ne vous empêche de manger une fondue coréenne ou d’aller danser la bachata, mais il serait dommage de glisser sur la culture locale, entre andouillette, jambon persillé et moutarde – tant qu’elle n’est pas encore fabriquée à l’étranger !
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