2009, annus horribilis pour le tourisme mondial

En présentant en janvier dernier son baromètre annuel 2009, l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) constatait « un retour à la croissance au cours du dernier trimestre » et « des résultats meilleurs que prévu au départ ». Une note positive et encourageante après des mois de déprime. Les arrivées de touristes internationaux (loisirs et affaires) au niveau mondial ont en effet baissé, respectivement, de 10 %, 7 % et 2 % au cours des trois premiers trimestres de l’exercice. Au global, sur l’année, le recul n’est toutefois « que » de 4,3 % grâce à la reprise de 2 % enregistrée pendant les trois derniers mois. L’OMT estime en 2009 à 880 millions le nombre de touristes dans le monde, quand ils avaient été 922 en 2008. « La crise économique mondiale, à laquelle s’est ajoutée l’incertitude liée à la pandémie de grippe A/H1N1, ont fait de 2009 l’une des années les plus difficiles pour le secteur du tourisme, a déclaré le secrétaire général de l’OMT, Taleb Rifai. Toutefois, les résultats obtenus pour les derniers mois donnent à penser que la reprise est en cours, et même qu’elle aurait lieu un peu plus tôt et serait plus rapide que prévu à l’origine. » Comme lors des crises antérieures, les consommateurs ont eu tendance, en 2009, à voyager plus près de chez eux. Pour plusieurs destinations, le tourisme interne a mieux supporté la crise, voire a connu un essor important, ce qui a pu contribuer à compenser partiellement le déclin du tourisme international. Toutefois, à l’exception de l’Afrique qui n’a pas suivi la tendance mondiale, toutes les régions du monde ont réalisé des résultats négatifs : l’Europe, qui représente plus de la moitié des arrivées, a terminé l’année avec une baisse de 6 %, après un premier semestre très difficile (- 10 %).

L’EUROPE EST TRÈS TOUCHÉE

Les destinations d’Europe centrale, orientale et du Nord ont été particulièrement touchées, l’Europe occidentale, méridionale et méditerranéenne enregistrant des résultats relativement meilleurs. Selon les chiffres de la Mediterranean Travel Association (MTA), portant sur la fréquentation touristique de trente pays méditerranéens, la fréquentation internationale a tout de même baissé de 4,6 % dans la zone par rapport à 2008, avec 285 millions d’arrivées internationales en 2009, contre 300 millions en 2008. « Cette baisse est la plus importante depuis 2000 », constate la MTA. C’est la zone Nord (composée de onze pays de l’Union européenne dont la France, l’Espagne, l’Italie et la Grèce) qui a subi le recul le plus fort (- 7 %). La force de l’euro et la crise économique expliquent en partie ces évolutions. L’Asie et le Pacifique (- 2 %) ont bien moins souffert. Si les arrivées ont baissé de 7 % entre janvier et juin, une croissance de 3 % a été constatée au cours du second semestre 2009. Pour la zone Amériques (- 5 %), la croissance a repris aux Caraïbes au cours des quatre derniers mois de 2009. Le Moyen-Orient (- 6 %), s’il est encore loin des niveaux de croissance des années précédentes, est revenu à une croissance positive au cours du second semestre. Seule note positive, l’Afrique (+ 5 %) a engrangé de bons résultats, en particulier les destinations subsahariennes.

L’ATTRAIT DE L’EXOTIQUE

Concernant le marché hexagonal et les déplacements de nos compatriotes, le nombre de voyages des résidents en France est globalement en recul de 3,2 % en 2009 par rapport à l’année précédente d’après le baromètre TNS Sofres pour Atout France. Dans notre classement des cent destinations préférées des Français (hors la France), 44 pays ont connu des fréquentations à la baisse contre 24 en 2008 et seulement 12 en 2007. Des chiffres qui montrent que les déplacements vers l’étranger de nos compatriotes ont été largement revus à l’économie. Une tendance qui se reflète dans le baromètre de l’Association de tour-opérateurs – Ceto pour les ventes de forfaits (voir pages 6 et 7). Parmi les pays les plus sinistrés, on trouve sans surprise Madagascar (- 54,4 %), plombé par la crise économique et politique. Le Mexique, principale victime de la grippe A/H1N1, subit de même un sacré revers, tout comme les Antilles françaises qui ont subi crise économique et sociale avec des grèves au printemps 2009 très pénalisantes. Du côté des gagnants, ce sont les grands malades des années précédentes (Kenya et Sri Lanka) qui caracolent en tête des progressions les plus fortes (à respectivement + 97,4 % et + 50 %). Si on peut parler de rattrapage et d’un retour à la normale comme pour le Liban, pour Oman, le Monténégro et, surtout, la Jordanie, les hausses enregistrées sont la confirmation d’une vraie inclination des touristes français pour ces destinations exotiques.

Les résultats des derniers mois laissent à penser que la reprise est en cours

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