1 Perspective Nevski

Il est 23h30. Et Saint-Pétersbourg plonge dans la pénombre. La période des Nuits Blanches a commencé. Pendant deux mois, proximité du pôle nord oblige, le soleil se couchera à peine. Les Pétersbourgeois, que l’hiver a privés de lumière, n’ont déjà plus le coeur à dormir. Il suffit pour s’en convaincre de musarder sur le Perspective Nevski. Les jeunes femmes se promènent en jupes et talons aiguilles après des mois en tenues d’ours polaires. Certains bars ont ouvert leurs terrasses, quitte à prêter des couvertures pour couvrir les épaules des clients.

La perspective Nevski, c’est 4,5 kilomètres de Champs-Elysées, en moins rupin. Bariolée d’enseignes et de fils électriques, l’artère grouille de monde. Les façades baroques se succèdent. Avec des stucs, des débauches de couleurs, des colonnes à l’antique. Nul doute que Fedor Dostoïevski aurait aimé, aujourd’hui, poser son regard à chaque coin de rue, pour inspirer sa plume. «Il a eu 21 appartements à Saint-Pétersbourg, mais tour à tour », s’amuse la guide Alla. L’écrivain changea de quartier au gré de ses humeurs et de ses finances, mises à mal par son goût pour le jeu. Le coeur historique de la ville est un magnifique ensemble, classé au Patrimoine mondial de l’Unesco. Mais parfois, le vernis craque. Le plâtre laisse alors apparaître des briques, tandis que la pollution tend à patiner les couleurs.